20 juillet 2022

Maria Prymachenko : une brodeuse ukrainienne devenue artiste peintre de l'art naïf

Pour qu’on ne puisse jamais affirmer que la culture et l’identité ukrainienne n’ont jamais existé et/ou que ce peuple n’a aucune légitimité, j’ai décidé ici de rendre hommage à des artistes ukrainiens souvent méconnus du grand public en Europe, et plutôt de privilégier les artistes femmes. Je mettrai également en avant les arts et traditions populaires de ce pays.

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Maria Primatchenko, artiste majeure du patrimoine ukrainien
Maria Primatchenko, A Dove Has Spread Her Wings and Asks for Peace, 1982.
Célèbre peintre ukrainienne et représentante de l’art naïf, Maria Primatchenko est considérée comme une figure centrale, voire majeure de son pays. Son travail est considéré comme un précieux héritage culturel et figure comme l’emblème du patrimoine ukrainien, malgré son parcours autodidacte.

Maria Primatchenko voit le jour en 1909 à Bolotnia, un petit village se situant à l’époque dans le gouvernement de Kiev. Faisant partie d’une famille de paysans, elle n’a que très peu fréquenté l’école et n’a jamais reçu d’enseignement artistique.

Durant sa jeunesse, elle est atteinte de poliomyélite, qui la contraint à rester alitée pendant de longues périodes, entraînant des conséquences importantes sur sa mobilité. N’ayant jamais pu participer aux tâches agricoles du fait de cette maladie, Maria se tourne alors vers la broderie et la peinture. Elle développe rapidement un talent indéniable pour les arts, et notamment pour cette dernière.

Pendant son adolescence, elle commence par décorer les murs de sa maison puis celles du voisinage, après avoir trouvé de l’argile bleue lors d’une promenade le long de la rivière. Elle choisit de représenter des motifs traditionnels de la Pyssanka : les œufs de Pâques décorés. Ces motifs folkloriques se retrouveront sur chacune de ses œuvres, mêlant ainsi tradition et présent.

En 1936, elle est invitée à l’atelier expérimental du Musée national d’art d’Ukraine où elle a eu l’occasion de parfaire son style. Elle y a notamment créé des broderies et des décorations de céramiques, fabriquées spécialement pour elle par Yakim Guérassimenko. Cette même année, elle participe également à une exposition d’art populaire et remporte un prix.

Contrainte à ne jamais s’éloigner de son village natal, elle acquiert d’abord une renommée locale, qui s’étend ensuite à l’internationale. Ne connaissant que les environs de son petit village, elle raconte que son inspiration lui vient de ses rêves.

Maria Primatchenko est considérée comme précurseure de l’art naïf ; ses œuvres se remarquent par leurs couleurs éclatantes ainsi que par leur esthétique graphique singulière, alliant folklore et légendes ukrainiennes à des éléments bucoliques issues d’un monde onirique. Ses réalisations sont principalement exécutées à la gouache ou à l’aquarelle, sur des feuilles de papier cartonnées.

Après la Seconde Guerre mondiale, la République socialiste soviétique d’Ukraine la qualifie comme “artiste populaire”. En effet, bien qu’elle soit officiellement reconnue, ses peintures ne rentrent pas dans le moule de l’art officiel promu par le régime soviétique. De ce fait, elle n’accède pas au statut de “vétitable artiste” à cette période. Malgré tout, son statut évoluera avec le temps.

En 1966, elle reçoit le prix Taras Chevtchenko, la plus haute distinction artistique du pays (à cette époque, une république de l’URSS) et en 1988, est nommée artiste d’honneur d’Ukraine.
Maria Primatchenko, Three Parrots on a Soldier’s Grave,1982
Décédée en 1997, Maria Primatchenko est considérée comme l’une des plus célèbres artistes ukrainiennes et représente l’héritage artistique et culturel du pays, qui se voit aujourd’hui fortement menacé depuis le début des hostilités menées par la Russie. Son travail prend d’ailleurs une place encore plus importante puisqu’il véhicule des messages de paix et d’anti-guerre, qui font de l’artiste un véritable symbole pour la population ukrainienne.
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« Maudite soit la guerre. Au lieu des fleurs y poussent les bombes ». Tel est le titre d’une des dernières toiles de Maria Primachenko (1909-1997). « Je m'incline devant le miracle artistique de cette brillante Ukrainienne », avait lâché Picasso, visitant une exposition à Paris de cette artiste hors nomes. 

Le nom de Maria Primachenko avait été connu dans le monde entier avec la série de travaux qu’elle avait consacrés en 1986 à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, tout près du village où elle habitait. Cette série était notamment l’une des pièces majeures de l’exposition « Il était une fois Tchernobyl » au Centre de culture contemporaine de Barcelone (CCCB) en 2006 . En Ukraine, Maria Primachenko était aussi connue comme illustratrice de livres pour enfants dont La cigogne et La cigogne qui prend une douche de Mikhaïlo Stelmakh.

Née le 30 décembre 1908 dans le village Bolotnia près de Kiev, et morte le 18 août 1997, Maria Avksentievna Primachenko (en ukrainien : Марія Оксентіївна Примаченко), est une artiste peintre représentante de l'art naïf. Baignée de folklore ukrainien (pyssanka, broderie, peinture), elle a commencé par décorer à la peinture sa maison et les maisons de ses voisins. Invitée à l'atelier expérimental du Musée national d'art d'Ukraine à partir de 1936, elle a pu y perfectionner son style : broderies, décorations de céramiques fabriquées spécialement pour elle par le céramiste Yakim Guérassimenko, etc.

Sa manière de peindre à la gouache, surtout, ou à l'aquarelle sur Papier Wathman avec des pinceaux fabriqués industriellement est toute imprégnée de tradition populaire. Ses créations, qui évoquent les légendes de son pays, relient les anciennes traditions folkloriques ukrainiennes et le présent. Son don pictural pour donner vie aux idées, aux sentiments et aux impressions s’est progressivement mué en une véritable maîtrise de son art. Elle a travaillé sur format horizontal pour illustrer une suite d'évènements tandis que sur format vertical elle illustrait des « compositions représentatives ». Très originale elle pouvait représenter les arbres en « vision double », montrer simultanément l'intérieur et l'extérieur d'une maison, humaniser ses animaux fantasmagoriques avec de grands yeux bordés de longs cils, exprimer la dualité de la tristesse et de la joie avec ses tombes ornées de fleurs et de rouchniks qui sont des serviettes brodées éclatantes de couleurs.
source : Portfolio offert par les Humanités.
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Au nord de Kiev, le musée d'Ivankiv et sa collection d'art naïf incendiés par les Russes
Source Le Figaro Culture   - Article d'Alexandre Plumet du 1er mars 2022

Le musée d'histoire locale d'Ivankiv, à 80 kilomètres au nord ouest de la capitale, a été réduit en cendres. Les autorités sont pessimistes sur le sort des 25 tableaux de la peintre ukrainienne Maria Primachenko qu'il abritait.

Au sixième jour de l'invasion par les troupes russes en Ukraine, l'émotion a gagné les conservateurs et les amateurs d'art à la vue des images parvenues d'Ivankiv, sur la route entre la frontière et Kiev. Situé à 80 kilomètres au nord ouest de Kiev, le musée local, fondé en 1981 et récemment rénové, a été incendié par les troupes russes. L'information a été confirmée par le Musée d'histoire naturelle de Virginie, grâce aux images satellites de son laboratoire chargé de «surveiller les sites du patrimoine culturel en danger», précise The New York Times .
ce qu'il reste du musée, juin 2022
«Parmi les nombreuses atrocités commises en Ukraine au cours de ces derniers jours, les forces russes ont commencé à détruire le patrimoine culturel ukrainien», s'est exprimé James Cuno au Los Angeles Times, le directeur du musée J. Paul Getty Trust, situé à Los Angeles. Une véritable «catastrophe culturelle en cours», selon des universitaires américains, rapporte le journal. «En Ukraine, des millions d'œuvres d'art et de monuments sont en danger, y compris des monuments représentant des siècles d'histoire, de la période byzantine à la période baroque, ainsi que des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO», poursuit James Cuno, avant de conclure: «L'héritage culturel matériel du monde est notre patrimoine commun, l'identité et l'inspiration de toute l'humanité. Le patrimoine culturel a le pouvoir de nous unir et est essentiel pour parvenir à la paix. Il est aussi trop souvent la cible de la guerre, une autre façon de détruire et de dépasser une société en effaçant sa mémoire».