On ne se connaît pas encore beaucoup avec Vincent mais il sait combien j'aime l'art en général. Dans cet hommage que je tenais à rendre à Claude Nougaro, je lui ai dédié une chanson parlant d'une époque importante dans la mémoire collective des Français, celle d'un printemps particulièrement chaud, celle de mai 68.
Evidemment, les mots choisis et la poésie de Claude rendent plus belle cette révolte étudiantine puis ouvrière : c'est l'un des rares chanteurs qui a évoqué ce bouleversement dans notre société.
Je t'en souhaite une très bonne réception, Vincent : passes de belles fêtes de Noël et de fin d'année.
ORTF | 12/01/1969 Claude Nougaro interprète "Paris mai (Flomela)" avec ses musiciens. Images d'archives INA Institut National de l'Audiovisuel - vidéo publiée sur le Youtube de l'INA
Mai, mai, mai ParisMai, mai, mai, Paris mai
Mai, mai, mai Paris
Mai, mai, mai, Paris mai
Mai, mai, mai Paris
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau-forçat, enchaîné à sa plume
Et piochant l'évasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le Sacre du Printemps
Mai, mai, mai, Paris mai
Mai, mai, mai Paris
Ces temps-ci, je l'avoue, j'ai la gorge un peu âcre
Le Sacre du Printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellira mon cri
Il se peut que je couve un Igor Stravinsky
Mai, mai, mai Paris
Mai, mai, mai, Paris mai
Mai, mai, mai Paris
Et je te prends Paris dans mes bras pleins de zèle
Sur ma poitrine je presse tes pierreries
Je dépose l'aurore sur tes Tuileries
Comme roses sur le lit d'une demoiselle
Je survole à midi tes six millions de types
Ta vie à ras le bol me file au ras des tripes
J'avale tes quartiers aux couleurs de pigeon
Intelligence blanche et grise religion
Mai, mai, mai Paris
Et l'odeur d'eau-de-vie de la vieille bombonne
Aux lisières du soir, mi-manne, mi-mendiant
Je plonge vers un pont où penche un étudiant
Mai, mai, mai Paris
Mai
Paris
Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise
"Camarade, ma peau est-elle encore de mise"
"Et dedans mon cœur seul ne fait-il pas vieux jeu"
"Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble"
"Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble"
"Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa"
"Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas"
"Si je dois endosser cette guérite étroite"
"Avec sa manche gauche, avec sa manche droite"
"Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis"
"Sa passion du futur, sa chronique amnésie"
Mai, mai, mai Paris
Mai
Paris
Entre le fleuve ancien et le fleuve nouveau
Où les hommes noyés nagent dans leurs autos
C'est ainsi, sans un mot, que parlait ce jeune homme
Et moi l'oiseau-forçat, casseur d'amère croûte
Vers mon ciel du dedans j'ai replongé ma route
Le long tunnel grondant sur le dos de ses murs
Aspiré tout au bout par un goulot d'azur
Là-bas brillent la paix, la rencontre des pôles
Et l'épée du printemps qui sacre notre épaule
Gazouillez les pinsons à soulever le jour
Et nous autres grinçons, pont-levis de l'amour
Mai, mai, mai Paris
Mai, mai, mai, Paris mai
Mai, mai, mai Paris
Mai, mai, mai, Paris mai
Mai, mai, mai Paris
Paroliers : Claude Nougaro / Eddy Louiss
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