Illustration avec le tableau de la Marche nuptiale, certainement le plus célèbre de Theodore Robinson de la bande des peintres de Giverny, dans l'entourage de la fille de Monet |
***
Avis sur La Marche nuptiale du 21 octobre 2019 par Harfeldwin sur le site Sens Critique
Après une première écoute, on pourrait légitimement trouver cette musique un peu longue, ennuyeuse voire fastidieuse. En effet, pourquoi Brassens utilise t-il un rythme aussi macabre pour parler du mariage de ses parents ? La réponse est simple, Georges Brassens dresse parallèlement dans cette musique le mariage et l'enterrement de l'histoire d'amour de ses parents.
Là où Georges est génial, c'est qu'au premier plan, il nous offre tous les éléments d'un mariage "ordinaire" avec par exemple: La mariée, la cérémonie devant "Monsieur le Maire" ou même les garçons d'honneur. Mais il parsème aussi de nombreux détails qui nous disent clairement que : "Ce mariage n'est pas si ordinaire, à un tel point qu'on se demande si c'est réellement un mariage".
Tout d'abord le rythme que j'ai déjà décrit comme étant terriblement lent n'est pas vraiment approprié à une noce qui se voudrait être joyeuse; aussi Brassens garde une voix assez monotone tout au long de la musique rendant le texte de plus en plus accablant. On peut aussi s'apercevoir qu'à de nombreuses reprises les éléments du mariages sont associés à des termes peu communs dans ce genre d'évènement : "pauvre noce", "vieux amoureux", "mariée en pleure"...
À mon sens, il y a un vers clé de ce texte qui dévoile l'identité de la chanson : " Qui n'avait jamais vu de noces de ce style". Ce passage montre assez clairement le fait que ce "mariage" n'est pas celui attendu par "le monde futile". La fin du poème nous donne une nouvelle fois l'impression d'être face aux obsèques d'un homme que pleure la mariée, tandis que Brassens tente de la consoler en jouant les "grandes orgues", un instrument une nouvelle fois mal choisit pour une noce.
Ainsi ça ne doit pas être un hasard si "La Marche nuptiale" et "L'enterrement de Verlaine" sont tous les deux chanté sur la même mélodie, ces poèmes doivent sans doute évoquer le même sujet ...
Mais alors, pourquoi cette marche nuptiale se transforme t-elle soudainement en une terrible marche funèbre ? Brassens avait un rapport très spécial au mariage, lui ne voulait point se marier ( cf "La non-demande en mariage") car il trouvait que l'amour devait être simple, devait être pur. Dans une interview, ce dernier disait " la petite fleur bleue de treize ou quatorze ans c'est la plus belle histoire d'amour qu'on puisse raconter, [...] enfin quand le prince charmant emmène la princesse, il l’amène presque toujours à l'esclavage".
C'est pour cette raison que la noce ressemble étrangement à un enterrement, car en réalité on ne fête pas la naissance d'un amour, mais bel et bien son trépas. La Marche nuptiale" est selon moi l’œuvre la plus accomplie de Georges . Le texte est tout simplement fabuleux, on assiste à une musique remplie d'émotion car elle est imprégnée de l'âme de l'artiste, elle rassemble tout ce qu'est Brassens : l'Amour, le monde/la société, la nostalgie et le tout surplombé par la mort. S'il fallait résumer ce merveilleux artiste qu'est Georges Brassens en une seule chanson, "La Marche nuptiale" en serait la plus digne.
***
L'intérieur du mail-art contient le texte de la chanson avec une photo de l'artiste en filigrane ; ci-dessous vous pouvez écouter la chanson interprétée "en live" par l'artiste.
12 juin 1957 Sur les images du début d'un film où l'on vit les parents de Georges BRASSENS, le chanteur chante "La marche nuptiale". Pour la suite de la chanson, qu'il interprète en jouant de la guitare, et dans un décor de salle de ferme reconstituée, il est entouré de nombreux amis, devant une table garnie. Émissions TV française- Images d'archive INA - publié sur Youtube
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire