21 juin 2024

Le bruit des bottes résonne de plus en plus fort : écoutons Ferrat, toujours d'actualité

Depuis ce 9 juin 2024, avec le score inouï obtenu par les extrêmes-droites aux élections européennes (abstentionnisme frisant les 50%) suivi de la dissolution de l'Assemblée Nationale par notre Président, nous vivons en France dans une atmosphère exécrable, où la haine déferle sans limite sur nos chaines de TV et de radio, notamment dans les chaines d'opinion, ainsi que sur les réseaux sociaux où les commentaires racistes et xénophobes font flores. 

Moi, je vis cela très mal : alors je ré-écoute "Le bruit des bottes" cette chanson de Jean Ferrat écrite par Guy Thomas en 1975, pourtant toujours d'actualité tant ses paroles décrivent très exactement la situation que nous sommes en train de vivre. 

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore,  voici la chanson et ses paroles :

Le bruit des bottes : chanson de Jean Ferrat écrite par Guy Thomas -1975-  
publiée  sur la chaine Youtube par Vive la France!

Le Bruit des Bottes

C'est partout le bruit des bottes, c'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garotte, on vous étripe au Chili
On a beau me dire qu'en France, on peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance travaillent aussi du képi

Quand un Pinochet rapplique, c'est toujours en général
Pour sauver la République, pour sauver l'Ordre moral
On sait comment ils opèrent pour transformer les esprits
Les citoyens bien pépères en citoyens vert-de-gris

À coup d'interrogatoires, de carotte et de bâton
De plongeon dans la baignoire, de gégène et de tison
Il se peut qu'on vous disloque ou qu'on vous passe à tabac
Qu'on vous suicide en lousdoc au fond d'un commissariat

Il se peut qu'on me fusille pour avoir donné du feu
Pour avoir joué aux billes avec un petit hébreu
On va t'écraser punaise pour avoir donné du pain
Pour avoir donné du pèze au petit nord-africain

Il se pourrait qu'on m'accuse avec un petit gourdin
D'avoir étudié Marcuse, d'avoir été sartrien
Ils auront des électrodes, ils diront "tu veux du jus"
Pour connaître la période où j'étais au PSU

À moins qu'ils me ratatinent pour mon immoralité
Pour avoir baisé Delphine, pour avoir été pédé
À moins qu'ils ne me condamnent à mourir écartelé
Entre l'amour de Roxane et celui du beau Dédé

Il se peut qu'on me douillette pour que je veuille attester
Qu'en mil neuf cent soixante-sept, je lisais l'Humanité
Il se peut qu'on me tourmente et qu'on me fasse avouer
Que dans les années soixante, j'étais à la CGT

À moins qu'ils me guillotinent pour avoir osé chanter
Les marins du Potemkine et les camps de déportés
À moins qu'avec un hachoir, ils me coupent les dix doigts
Pour m'apprendre la guitare comme ils ont fait à Jara

C'est partout le bruit des bottes, c'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garotte, on vous étripe au Chili
Il ne faut plus dire qu'en France, on peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance travaillent aussi du képi
Travaillent aussi du képi.
***
Si nous ne réagissons pas massivement, avec notre actuelle  démocratie libérale où les libertés d'opinion et d'expression sont déjà bien mises à mal,  de quoi demain sera fait dans un monde bleu marine, pour nos enfants, petits enfants et nos anciens, pour nos services publics, pour l'éducation et pour la santé? Que restera-t-il de toutes les mesures sociales qui ont fait la grandeur et la singularité de la France?

Quelle que soit notre opinion, exprimons-nous dans les urnes les 30 juin et 7 juillet prochain, pour n'avoir aucun regret sur le futur que nous nous souhaitons. 

Aucun commentaire: