29 août 2024

Le lynx boréal, un animal à protéger, pour Sasha

Comme de nombreux écoliers, Sasha va rentrer lundi prochain le chemin de l'école maternelle. De la classe initiale des Grenouilles, elle va passer dans la classe des Lynx, en moyenne section.

Bien avant d'avoir connaissance d'une telle information,  nous avions eu l'occasion ensemble de découvrir  la vie et les caractéristiques physiques de ce félin si rare -Sasha sait qu'il fait partie des animaux en voie de disparition, qu'il faut ardemment protéger-.

Le lynx a été observé à Joudes, Salornay-sur-Guy, Sully ou encore à Saint-Ythaire. Photo d’illustration FNC

Je ne pouvais donc absolument pas m'abstenir de créer un mail-art sur ce bel animal pour te souhaiter une belle rentrée dans la classe des Lynx, Sasha! Bonne réception!

*** Point sur la situation actuelle du Lynx boréal en France ***

Le couple de lynx. Photo Julien Lhomme/ Julien L’homme

Alors que l’ours et le loup occupent régulièrement le devant de la scène nationale, le lynx se fait oublier. Malgré un impact limité sur les activités humaines, des signes de mécontentement sont parfois observés au niveau local. Son arrivée dans le Jura à la fin des années 1980 n’a pas été très sereine.

Le lynx en France : de sa disparition à son retour: sur la Liste rouge des espèces menacées en France de l’IUCN (2017) , le lynx boréal est classé "en danger".

Au XVème siècle, le lynx boréal était partout en France, en plaine comme en montagne. Puis le déboisement, la diminution des populations de ses proies et la chasse l’ont cantonné dans les massifs montagneux. Au milieu du XVIIème siècle, le lynx disparaît des Vosges. A la fin du XIXème siècle, il s’éteint du Jura et du massif Central. Le félin résiste un peu plus longtemps dans les Alpes (un lynx tué en 1928 dans le Queyras). Dans les Pyrénées, la dernière capture authentifiée date de 1917 (Pyrénées-Orientales).

Le retour du lynx : au début des années 1970, depuis la Suisse toute proche où une vingtaine de lynx a été relâchée, l’espèce fait son retour sur le versant français du Jura. Dès lors, elle va progressivement coloniser l’ensemble des secteurs forestiers favorables du massif du Jura.

La réintroduction du lynx dans les Vosges débute en 1983. En 10 ans, 21 lynx, provenant en grande partie des Carpates slovaques, ont été relâchés dans les Vosges du Sud. Sur ces 21 lynx réintroduits, seule une dizaine de lynx ont pu participer réellement à la constitution d’une population ; les autres sont morts rapidement ou ont disparu de façon suspecte.

Dans les Alpes Occidentales, près d’une quinzaine de lynx ont été lâchés en Suisse de 1970 à 1976. En France, une première donnée est collectée en Isère en 1976. Par la suite, les premiers indices sérieux de sa présence datent du début des années 1980. Maintenant encore, on ne peut pas affirmer avec certitude si ces lynx sont venus du sud du Jura ou des Alpes suisses. D’abord uniquement présente dans les Alpes du Nord, l’espèce a colonisé progressivement des territoires vers le sud, jusqu’en Haute-Provence sans pour autant former une population viable actuellement.

La population actuelle : la population française de lynx est constituée de 3 noyaux.
Le noyau historique vosgien est au bord de l’extinction. Grâce au programme de réintroduction dans le Palatinat allemand, on compte en 2022 quelques individus, notamment issus de ces lâchers. Une intervention rapide de l’Etat par un renforcement de population est indispensable pour sauver ce noyau.

La population la plus importante et la plus active sur le plan démographique se trouve dans le Jura . Elle compterait actuellement une centaine d’individus (ONCFS, 2013). Dans le sud du massif, tous les habitats forestiers favorables sont occupés par le lynx, de la haute chaîne frontalière (à l’est) jusqu’à la plaine de la Bresse (à l’ouest). Plus au nord, le lynx continue de coloniser de nouveaux territoires, essentiellement dans le département du Doubs.

On ne peut pas vraiment parler de noyau en ce qui concerne la présence du lynx dans les Alpes. Aucune aire de présence vaste et continue n’est occupée, mais plusieurs « îlots » essentiellement répartis dans les principaux massifs forestiers des Alpes du Nord (Bornes, Bauges, Chartreuse), en connexion avec la population du Jura. Dans les Alpes du Sud, aucun noyau de population n’est installé, seuls quelques individus sont observés de temps à autre. L’effectif, très difficile à estimer, serait compris entre 14 et 22 individus (ONCFS, 2013).

Et dans les Pyrénées?
Dans les Pyrénées, la situation a toujours été très confuse, d’une part concernant l’espèce (lynx boréal ou lynx pardelle) et d’autre part sur sa survie. Certains naturalistes affirment qu’il n’a jamais disparu mais aucun indice de présence concret, aucune attaque suspecte sur les troupeaux et aucun cadavre de lynx n’ont été relevées, malgré la présence sur le terrain de nombreux naturalistes assurant le suivi de l’Ours et du Loup.

Un animal protégé mais menacé : le lynx est une espèce protégée au niveau national et au niveau européen (Directive Habitats). Sur la Liste rouge de l’UICN, il est classé «en danger».

Les menaces
La population de lynx en France est très vulnérable compte tenu de son faible effectif et de sa fragmentation. Généralement, en plus de la mortalité naturelle, une mortalité d’origine humaine peut devenir préjudiciable à la survie d’une population.

Actuellement, les collisions routières, autoroutières et ferroviaires représentent la cause de mortalité la plus connue. Les juvéniles payent un plus lourd tribut que les lynx adultes. En France, le braconnage est une cause de mortalité importante. Trop régulièrement, des lynx sont ainsi tués par ignorance ou vengeance, principalement dans le Jura et les Vosges. Un problème plus général et plus vaste concerne l’ensemble des populations de lynx boréal d’Europe occidentale. Il s’agit de la fragmentation des habitats forestiers par des zones urbanisées et leurs infrastructures (routes, voies ferrées, canaux…). Les possibilités de dispersion, donc d’échanges d’individus entre noyaux de population se trouvent réduites voire impossibles. A terme, ces isolements peuvent entraîner un affaiblissement génétique de la population, d’autant que les noyaux de nos régions sont issus d’opérations de réintroduction, donc d’un faible nombre d’individus fondateurs.

Perspectives
Le lynx boréal est implanté sur toute la façade Est de la France. Mais à l’échelle européenne, les populations de lynx sont très fragmentées et donc très vulnérables. 

Il est nécessaire de favoriser des échanges d’individus entre chacun de ces noyaux (Vosges/Palatinat, Jura, Alpes occidentales, Alpes orientales, Balkans…) afin d’optimiser la variabilité génétique de la population et sa survie à long terme. Pour cela, il est nécessaire de créer des passages à faune efficaces au-dessus des voies de communication les plus problématiques (autoroutes, voies rapides). En France, cela devient crucial au niveau de l’autoroute A4, au col de Saverne (Bas-Rhin), qui relie les Vosges du Nord et les Vosges Moyennes.

Nous devons veiller au maintien de la protection de l’espèce que certains cherchent à affaiblir. Une régulation n’est et ne sera jamais à l’ordre du jour, compte tenu de la biologie de l’espèce et de l’état de ses populations.

Enfin, il faut continuer le travail d’information sur le lynx boréal pour mieux faire connaître cette espèce et ses impacts réels sur les activités humaines. Ceci permettra sans doute aussi de faire accepter ce beau félin, si mal connu et si passionnant.

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