Voici un carnet à quatre mains qui reprend son voyage vers mon amie Michele, tout dédié à Dame Nature et à toutes les beautés qu'elle sait encore nous offrir, pour peu qu'on sache encore les voir.
Cette double pageest consacrée à la forêt et aux arbres qui la composent, tellement essentiels à notre vie quotidienne, dans la mesure où leur présence est indissociable du cycle de l'eau ainsi qu'au bon bon équilibre du vivant.
Comme ce carnet m'est destiné et qu'il terminera son voyage chez moi, c'est un thème que je tenais à développer, le sujet de l'eau prenant beaucoup trop d'importance aujourd'hui pour que je passe à coté.
Quelques incrustations d'inflorescences séchées et de morceaux d'écorce viennent renforcer le côté nature de ces images forestières, à différents moments de la journée et en différents lieux.
"Les arbres sont des statues vivantes dans nos forêts. C’est un des patrimoines de Dame Nature, ces éléments ne doivent surtout pas terminer en chefs-d’œuvre en péril". Jean Pierre Szymaniak
"Les forêts précèdent les hommes, les déserts les suivent". François-René de Chateaubriand
Citations : source Ouest France sur le site https://citations.ouest-france.fr/
Dans une ressourcerie, j'ai trouvé ce "ruban feuille", tout à fait "raccord" pour cet ouvrage
Chère Michele, j'espère que tu recevras ce carnet sans encombre, j'ai pris quelques risques en le faisant voyager à découvert. A toi de terminer comme tu l'entends ce bel ouvrage que nous aurons en commun.
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Quel est le rôle joué par les forêts dans le cycle de l’eau ?
L’eau douce propre est devenue un atout clé du 21e siècle, alors que l’augmentation continue de la demande et la sécheresse induite par le changement global entraînent des pénuries chroniques dans de nombreux pays. Les forêts jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement stable en eau douce propre et en services écosystémiques connexes, tels que l’eau potable, la protection contre les inondations, l’érosion et les glissements de terrain, ainsi que la régulation du climat.
Les arbres sont des ingénieurs des eaux polyvalents, agissant en tant que :Un parapluie géant Les arbres ont une surface foliaire supérieure à celle des autres végétaux, de sorte que leurs canopées sont plus efficaces pour tempérer les forces érosives de la pluie et créer un microclimat plus ombragé et humide.
Une pompe à eau Les arbres ont des racines plus profondes, de sorte qu’ils peuvent pomper de plus grands volumes d’eau du sol pour les transporter vers les feuilles, ce qui entraîne plus de production de biomasse, de transpiration et de précipitations. Un grand chêne transpire jusqu’à 1600 litres d’eau par jour. Les forêts européennes transpirent environ 400 mm par an, soit environ la moitié des précipitations sur le continent.
Un climatiseur L’évapotranspiration élevée des arbres et des forêts assure un fort effet de refroidissement sur leur environnement, en particulier dans les îlots de chaleur urbains.
Un réservoir d’eau Leur grande production de litière et leurs systèmes racinaires étendus conduisent à plus de carbone du sol et à une meilleure infiltration de l’eau du sol, ce qui améliore la rétention d’eau dans le sol et la recharge des eaux souterraines.
Le rôle exact des forêts dans le cycle de l’eau a fait l’objet de nombreux débats. Dans la littérature plus ancienne, les forêts étaient décrites comme des « éponges », mettant l’accent sur la capacité de leurs couverts, racines et sols de constituer un tampon d’eau, modérant les inondations et équilibrant les débits des rivières. Mais plus récemment, les multiples bénéfices générés par les services d’eau verte des forêts (production de biomasse, formation de microclimat, contrôle de l’érosion, refroidissement atmosphérique et recyclage des précipitations) ont été reconnus en plus des services d’eau bleue (recharge des nappes phréatiques, approvisionnement en eau pour les systèmes aquatiques et les besoins humains Figure). En conséquence, l’idée des arbres en tant que consommateur vorace d’eau a été remplacée par une approche intégrée reconnaissant les compromis entre les multiples avantages liés à l’eau verte des arbres et leur consommation d’eau.
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Figure. Les forêts équilibrent les flux d’eau bleue et verte dans le paysage. Eau verte : eau qui est interceptée ou absorbée par les plantes et renvoyée dans l’atmosphère par évapotranspiration. Eau bleue : eau qui ruisselle ou percole et aboutit dans les aquifères, les rivières et les lacs. Numéros 1 à 7 montrent les processus du cycle de l’eau qui sont améliorés par les arbres et les forêts. (modifié d’après Ellison et al. 2019 et Falkenmark & Rockström 2005).
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Plusieurs principes de gestion forestière respectueuse de l’eau sont bien établis pour gérer les synergies et les compromis dans l’ensemble des services écosystémiques liés à l’eau que les forêts peuvent fournir :Il est essentiel d’éviter la déforestation, en particulier dans les zones sujettes à l’érosion, de limiter la zone de coupes à blanc, en particulier sur les pentes abruptes et de réduire le ruissellement de surface et la perte de sédiments. La dégradation des terres et la perte du couvert forestier dans le monde contribuent à la perte du carbone de sol, de l’infiltration, de la rétention d’eau et de la recharge des nappes phréatiques, par conséquent les paysages asséchés deviennent plus vulnérables à la sécheresse et aux incendies de forêt.
La restauration des forêts le long des berges contribue à la qualité de l’eau et à la résistance aux inondations.
L’optimisation de l’emplacement des plantations forestières intensives avec des espèces d’arbres à croissance rapide peut tempérer l’évapotranspiration là où c’est nécessaire et donc conduire à une augmentation de la collecte d’eau.
Dans les zones de production d’eau potable, les forêts de feuillus sont préférées aux forêts de conifères, car leur surface foliaire moyenne dans le temps plus faible produit plus d’eau et réduit la contamination des aquifères.
Dans le contexte des changements climatiques et de la sécheresse estivale accrue, une intensité d’éclaircie plus élevée stimule la vitalité des forêts et la croissance des arbres. Le mélange d’espèces d’arbres conduit souvent à une exploration complémentaire du sol par les racines et peut contribuer à une meilleure tolérance à la sécheresse.
Couvrir les villes de verdure avec des arbres refroidit les îlots de chaleur urbains et atténue les débits de pointe.
Dépasser l’échelle des peuplements forestiers et des bassins versants pour passer à l’échelle régionale et continentale révèle l’étendue des interactions entre la forêt et l’eau. Les couverts forestiers produisent massivement des particules biologiques qui servent de noyaux de condensation pour la formation des pluies. L’évapotranspiration par les forêts recycle la pluie en nuages (écoulement de l’eau verte dans la Figure), impactant les vents et les conditions météorologiques et créant des « rivières volantes » au-dessus des continents qui assurent des précipitations dans la direction des vents profondément dans les terres intérieures. Cela aide à maintenir les précipitations dans bon nombre des principales régions productrices de cultures du monde. Par conséquent, la protection des forêts et leur gestion durable contribuent à la stabilité socioécologique mondiale.
Authors: Bart Muys (KU Leuven), David Ellison (Swedish University of Agricultural Sciences SLU), Sven Wunder (EFI)
Source : article paru sur le site de l'European Forest Institute
*** Francis Hallé : Réensauvager l'Europe ***
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© Association Francis Hallé pour la forêt primaire
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C’est un projet fou que propose Francis Hallé : recréer une forêt primaire en Europe de l’Ouest comme remède à l’effondrement du vivant. Laisser la nature faire son travail sur le long terme afin de transmettre aux générations futures un sanctuaire de biodiversité, source de vie, d’émerveillement et de connaissances.
L’homme qui murmurait à l’oreille des arbres
Le célèbre botaniste de 85 ans a passé sa vie entière au sommet des grands arbres des forêts primaires tropicales. Fervent défenseur du règne végétal, Francis Hallé nous rappelle que la forêt est essentielle et primordiale au bon équilibre du vivant. Que les arbres, en rejetant de l’oxygène, nous permettent tout simplement de respirer. |
Bielowieza © Benkamorvan Flickr CC |
C’est en Afrique de l’Ouest qu’il découvre sa première forêt primaire tropicale, en Côte d’Ivoire, en 1960. La forêt dite "primaire", appelée aussi "naturelle", c’est-à-dire à l’état originel, sans trace ni modification liée à l’intervention humaine. Comment la reconnaît-on ? "À sa beauté, et à sa richesse en vie végétale et animale" dit le botaniste.Dans les années 1980, il devient le co-inventeur du fameux Radeau des cimes, une nacelle qui permet d’étudier la canopée des forêts. La plate-forme permet aux scientifiques du monde entier de s’y poser et d’y travailler pour observer l’ensemble de la biodiversité. Durant plus de quinze années d’expéditions scientifiques, près de 300 chercheurs internationaux explorent les canopées forestières tropicales, au Gabon, au Cameroun, en Guyane ou à Madagascar.
Première forêt primaire d’Europe de l’Ouest
Une nouvelle idée germe dans l’esprit de l’ardent défenseur de la nature. Un projet à contre-pied complet de l'air du temps, qui devrait aboutir dans… six ou sept siècles!. "C'est le temps qu'il faut pour reconstituer une forêt primaire en Europe de l'Ouest sur la base d'une forêt secondaire existante". - Francis Hallé
En Europe, les forêts primaires ont pratiquement toutes disparu. Il n’en existe plus qu’une seule, la forêt de Bialowieza, en Pologne, à la frontière avec la Biélorussie. Elle héberge toute une faune de grands herbivores, notamment des bisons, mais subit des menaces et un déclin alarmant.
Fort de ses années d’observation, Francis Hallé voit en la forêt primaire le moyen de lutter contre les problématiques actuelles de bouleversements climatiques et d’appauvrissement de la biodiversité. Ce n’est pas une utopie mais un projet bien réel. Depuis juin 2019, l’association Francis Hallé pour la forêt primaire s’engage pour la création d’une forêt primaire européenne sans aucune intervention humaine. La nouvelle forêt prendrait place sur 70 000 hectares, l’équivalent de la surface de l’île de Minorque, dans les Ardennes franco-belges ou les Vosges franco-allemandes.
Une réflexion et un hymne au vivant
Ce projet d’envergure entre dans les objectifs du Pacte vert européen qui entend instaurer la protection de 30% des terres d’ici 2030. Comme le précise Francis Hallé, le projet coûte peu, car il s’agit avant tout de trouver un espace et de laisser la nature évoluer librement sur une période de plusieurs siècles.
Ce sanctuaire servira également de lieu pour mener des actions de pédagogie et de sensibilisation à l’environnement. Les visiteurs pourront emprunter des passerelles surélevées ou bien l’explorer depuis des radeaux des cimes ! Toutefois, les défis sont nombreux : délimiter le territoire, s’entendre sur le cadre juridique, assurer le dédommagement des forestiers… Le projet demande également à tous de se projeter sur un temps très long, de minimum 700 ans, correspondant au délai estimé par les scientifiques pour obtenir une forêt primaire à partir d’une forêt déjà existante.
Participer à un projet aussi ambitieux, sans le voir terminé de son vivant, voilà une proposition qui ne manque pas d’audace. Une démarche salutaire qui remet l’humain à sa place : un fragment du vivant qui n’est pas au sommet de l’évolution comme il le croit trop souvent. Rêver pour changer les choses, voilà le plus beau des projets de Francis Hallé.
Pour en savoir plus :
Association Francis Hallé pour la forêt primaire : https://www.foretprimaire-francishalle.org
Un naturaliste sur le toit de la forêt - Francis Hallé raconté par Alexis Jenni, Ed. Paulsen, Avril 2024
Source https://voyage.tv5monde.com/fr/francis-halle-reensauvager-leurope
10 Décembre 2024 - Biodiversité / Nature / Préservation/Francis Hallé : réensauvager l’Europe
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