14 août 2025

Tatreez, la broderie traditionnelle palestinienne devenue un symbole politique

L'art de la broderie traditionnelle est très répandu en Palestine. Initialement confectionnée et portée dans les zones rurales, cette pratique est aujourd'hui courante dans toute la Palestine et parmi les membres de la diaspora. 

Le costume villageois des femmes se compose généralement d'une longue robe, d'un pantalon, d'une veste, d'une coiffe et d'un voile. Chacun de ces vêtements est brodé de divers symboles, notamment d'oiseaux, d'arbres et de fleurs. Le choix des couleurs et des motifs indique l'identité régionale, le statut marital et économique de la femme. Sur le vêtement principal, la robe ample appelée thob, la poitrine, les manches et les poignets sont brodés. Des panneaux verticaux brodés descendent de la taille. La broderie est cousue au fil de soie sur de la laine, du lin ou du coton. 

© Zahara Hamad, Palestine, 2019 à gauche - © Wafaa Abu Gulmee, Palestine, 2020 à droite
co.org/fr/RL/l-art-de-la-broderie-en-palestine-pratiques-competences-connaissances-et-rituels-01722
Une Palestinienne brode une robe traditionnelle palestinienne (AFP/Hazem Bader)
La broderie est une pratique sociale et intergénérationnelle : les femmes se réunissent chez elles pour s'exercer à la broderie et à la couture, souvent avec leurs filles. Nombre d'entre elles brodent pour leur loisir, et certaines produisent et vendent des pièces brodées pour compléter les revenus de leur famille, seules ou en collaboration avec d'autres femmes. 
Le tatreez est un art qui se transmet de mère en fille et symbolise les liens familiaux © photo de Nizar Halloun/TSM
Ces groupes se réunissent chez les uns et les autres ou dans des centres communautaires, où ils peuvent également promouvoir leur travail. La pratique se transmet de mère en fille et par le biais de formations formelles.
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A la fin juin, juste avant les congés, j'ai réussi à faire l'acquision d'un livre d'occasion sur la broderie traditionnelle palestinienne ("tatreez" en langue arabe) référençant les couleurs et les modèles de points de croix utilisés et j'espérai avoir le temps de réaliser quelques jolies broderies à envoyer à mes correspondants.

Broderie palestinienne, de Shelag Weir et Serene Chadid - en anglais

Mais c'est ce que j'ai lu dans le courrier d'art postal que j'ai reçu hier de Ouiza qui m'a décidé à publier cet article maintenant car, à l'heure où Israël fait tout son possible pour éliminer le peuple palestinien à Gaza par la guerre intense et la famine mais également sous d'autres forme en Cisjordanie, il me semble essentiel de parler haut et fort de toutes les caractéristiques culturelles les plus ancrées dans la civilisation palestinienne, notamment cette broderie pratiquée depuis plus de 3000 ans

Page 36 du livre :  Plastron d’une robe de Ramallah au nord de Jérusalem, début des années 1930 ou plus tôt

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La broderie traditionnelle, marque de l'identité palestinienne 

Documentation que m'a transmis Ouiza Abidi



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La tatreez, broderie pratiquée par les Palestiniennes, ou l'art de résister : 
"C'est  une forme d'expression politique!"
(extrait d'un article du 5 janvier 2025 de l'envoyé spécial Dimitri Krier pour le Nouvel Obs)

La « tatreez », la broderie pratiquée par les Palestiniennes depuis trois mille ans, redevient un acte de résistance à chaque drame de l’histoire. Ultrapopulaire depuis le 7-Octobre, elle se transmet entre réfugiées et se vend des centaines de dollars dans le monde entier.

Un jour, peut-être, comme ses ancêtres avant elle, Selma racontera à l’aide de fils et d’aiguilles son histoire. Celle de sa grand-mère, Sabha, contrainte de quitter son village de Beer-Sheva pour Gaza en 1948, puis de fuir vers la Jordanie en 1967. Celle de sa mère, Aïcha, qui, après un exil au Soudan, l’a portée dans son ventre jusqu’en Jordanie. Celle de son père, resté au Soudan, qu’elle n’a jamais vu qu’à travers un écran de téléphone, mort cette année. Et celle de son oncle, tombé « en martyr » à Bethléem en 2002 lors de la Seconde Intifada /.../

Maisoun Musalam entourée de sa fille Raghad (à gauche) de sa nièce Sarah et sa fille Shourouq.
Elles habitent dans le camp de Hittin, où vivent près de 40000 Palestiniens, au Nord d'Amman en Jordanie.
© Nadia Bseiso pour "le Nouvel Obs"

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