Blog d'art-postal, essentiellement textile , créé pour satisfaire toutes mes envies de couture, broderie, embellissement, collages et autres fantaisies... en les appliquant aux univers riches et variés induits par les timbres postaux. Il peut m'arriver d'y noter mes coups de coeur pour des expositions ou des artistes, sources d'inspiration ou d'émotions.
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Qu'est devenue l'identité palestinienne? : cinq statuts différents pour un seul peuple, pour Eric
Je destine ce mail-art à Eric, car je le sais aussi révolté que moi par le destin funeste réservé au peuple palestinien.
Ce post est destiné à éclairer sur la manière dont le gouvernement d'Israël s'emploie à organiser la discrimination entre les Palestiniens et la partition sur les différents petits bouts de territoire qu'on leur a laissé encore mais pour combien de temps?
au recto de l'enveloppe, sur la copie d'un morceau d'une broderie Tatreez visualisée sur Instagram, quelques photos de presse montrant les incessants contrôles dont les Palestiniens sont victimes, dès qu'ils veulent se déplacer.
au verso de l'enveloppe, le texte d'un poème de Mahmoud Darwich : carte identité
Sur le territoire de la Palestine historique existent deux couleurs différentes pour les cartes d'identité, mais avec des différences de statut pour "trier" les habitants des territoires occupés, afin d'entraver la libre circulation d'un peuple sur son propre territoire (voir ci-dessous) et surtout de limiter leurs droits de citoyens et de résidents.Pourtant, quoi de plus important pour s'identifier et se reconnaitre comme un être humain légitime au sein de son peuple, que d'avoir une carte d'identité ainsi que des droits fondamentaux communs?
Rappelons-nous ce qu'à leur retour nous ont raconté les rescapés de l'Holocauste : le premier souci des nazis était de déshumaniser leurs prisonniers déportés dans les camps de concentration (essentiellement des juifs d'Europe faut-il le rappeler?) en les réduisant à un simple numéro de matricule avant de les exterminer, comme on le fait pour le bétail.
Maintenant, regardons bien ce qui est en train de se passer à Gaza... si toutes ces manoeuvres ne font pas encore penser à un processus de déshumanisation, cela y ressemble beaucoup, non ?
Extrait du livre "Ce que la Palestine apporte au monde" que je viens de me procurer.
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Le système d'identification par code couleur d'Israël pour les Palestiniens -
Vidéo de 2020 sur la chaine Youtube de l'Oeil du Moyen Orient
Depuis 1967, le gouvernement israélien est de facto le pouvoir souverain qui contrôle toute la Palestine historique. Les autorités israéliennes contrôlent le registre de la population et le système d'identification, limitant les lieux de résidence des Palestiniens, leur accès aux services et leur participation au système politique
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Pour en savoir davantage sur les cinq statuts accordés aux Palestiniens, je vous conseille l'écoute de cinq podcasts sur RFI rappelant l'histoire de ce peuple depuis 1948, publié sur la chaine Youtube de RFI.
Statut 1/5 – Carte d’identité : réfugié
En 1948, la création d’Israël s’accompagne d’un exode massif de Palestiniens. Plus de la moitié de la population arabe de ce territoire, jusque-là contrôlé par les Britanniques, fuit les combats ou est expulsée. Pour les Palestiniens, c’est la « Nakba », la catastrophe. Au terme de la guerre des Six Jours, une nouvelle vague d’exode ponctue la conquête israélienne de la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza. Beaucoup sont partis avec l’espoir de revenir quelques semaines plus tard. Mais l’exil se prolonge de décennie en décennie. Et le rêve du retour se transmet de génération en génération, façonnant l’identité palestinienne contemporaine.
Statut 2/5 / Carte d'identité - Cisjordanie
En Cisjordanie, l’occupation israélienne a commencé en 1967. Les civils palestiniens sont alors soumis au droit militaire israélien. Un « régime d’apartheid » pour les Palestiniens, dénoncé par la Cour internationale de justice (CIJ). Au terme d’un mouvement de protestation, la première Intifada (« soulèvement », en français), un processus de paix est engagé. Les accords d’Oslo suscitent l’espoir de faire naître un État palestinien. Après la poignée de main historique entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin sous les yeux de Bill Clinton, les négociations se figent peu à peu. La violence refait surface. L’impasse appelle à repenser la lutte nationale et le paradigme d’une solution à deux États.
Statut 3/5 : Carte d'identité : Hiérosolymitain
Jérusalem est une ville trois fois sainte : pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Cela en fait la ville la plus disputée, le cœur du conflit israélo-palestinien. Israël l'a déclarée « capitale unie et indivisible » et les Palestiniens aspirent à faire de Jérusalem-Est la capitale de leur État. Mais la présence palestinienne y est de plus en plus menacée, exacerbant les tensions dans cette ville symbolique et politiquement cruciale.
Statut 4/5 - carte d'identité : Gazaoui
Comment Gaza, port ouvert sur la Méditerranée et station balnéaire prise, est devenue une enclave isolée et associée aux images de guerre ? Au fil des années, Gaza a profondément changé. La ville et le territoire qui l'entourent ont accueilli de nombreux réfugiés. Politiquement, elle fut le fief du chef historique palestinien, Yasser Arafat, avant de tomber aux mains de ses rivaux du Hamas. Les Gazaouis ont traversé plusieurs guerres avec Israël. Mais celle qui a commencé le 7 octobre 2023 marque un tournant sans précédent dans l'histoire du conflit.
Statut 5/5 – Carte d’identité : Israélien
Cela peut sembler paradoxal, mais près de 20 % de la population israélienne est palestinienne. Ces Palestiniens sont les descendants des Arabes qui sont restés sur leur terre après la création de l'État d'Israël en 1948. Ils ont la nationalité israélienne, mais leur relation avec l'État israélien reste délicate. Droits civiques, marginalisation et identité palestinienne, cette minorité vit une situation complexe en Israël.
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CARTE IDENTITE : Écrit en 1964 en Palestine-occupée, ce poème de Mahmoud Darvich est aussi connu que celui d’Éluard, Liberté, écrit dans la France-occupée en 1942, diffusé sous le manteau.
Dans les mots du poète, on sent toutes les brimades et toutes les privations endurées mais aussi la détermination de ce peuple à rester là, quitte à endurer le pire, et si les dernières strophes sont violentes, c'est qu'à un moment donné, après des années et des années à encaisser, même le plus pacifiste des êtres humains finit par se révolter devant tant d'injustice et de désespérance dans lesquels l'occupant colonisateur le maintient.
Carte d’identité
Inscris
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte est cinquante mille
J’ai huit enfants
Et le neuvième viendra… après l’été
Te mettras-tu en colère ?
Inscris
Je suis Arabe
Je travaille avec mes camarades de peine
Dans une carrière
J’ai huit enfants
Pour eux j’arrache du roc
La galette de pain
Les habits et les cahiers
Et je ne viens pas mendier à ta porte
Je ne me rabaisse pas
Devant les dalles de ton seuil
Te mettras-tu en colère ?
Inscris
Je suis Arabe
Mon prénom est commun
Je suis patient dans un pays
Bouillonnant de colère
Mes racines…
Fixées avant la naissance du temps
Avant l’éclosion des siècles
Avant les cyprès et les oliviers
Avant la croissance végétale
Mon père…
De la famille de l’araire
Et non des seigneurs de Noujoub
Mon grand-père, un paysan
Sans arbre généalogique
Il m’a appris les mouvements du soleil
Avant la lecture
Ma maison
Une hutte de gardien
Faite de roseaux et branchages
Es-tu satisfait de ma condition ?
Mon nom est commun
Inscris
Je suis Arabe
Cheveux… noirs
Yeux… marron
Signes distinctifs
Sur la tête un keffieh tenu par une cordelette
Ma paume, rugueuse comme le roc
Écorche la main qu’elle empoigne
Mon adresse :
Je suis d’un village perdu, sans défense
Et tous ses hommes sont au champ et à la carrière…
Mahmoud Darwich est né en 1941 à Birwa près de Saint-Jean-d’Acre en Palestine.
En 1948, son village est détruit par les forces sionistes et sa famille se réfugie au Liban. Mais il revient clandestinement la même année en Palestine pour y faire ses études.
Il commence très jeune une carrière de journaliste tout en publiant ses premiers poèmes. Engagé dans le combat politique, il milite dans le parti communiste israélien, ce qui lui vaut d’être emprisonné à plusieurs reprises de 1960 à 1970 et d’être assigné en résidence à Haïfa. Mahmoud Darwich quitte Israël en 1971 et choisit de s'exiler d'abord au Caire, puis à Beyrouth, à Tunis et Paris. Membre du comité exécutif de l’OLP, il démissionne en 1993 et partage son temps entre Amman et Ramallah.
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