30 septembre 2024

Agnès Varda, une magnifique Dame Patate, pour L'Etre anonyme

Vous le savez déjà, l'artiste Agnès Varda est quelqu'un d'important pour moi, d'ailleurs je n'arrive toujours pas à parler d'elle au passé. Si je connais beaucoup moins son oeuvre de photographe dans la première partie de sa vie d'artiste,  j'aime infiniment son oeuvre cinématographique et ce qu'elle fit ensuite en tant qu'artiste visuelle. 

Aujourd'hui c'est sous sa facette de glaneuse que j'aime à vous la présenter : elle a toujours eu l'oeil pour aller chercher avec une très grande empathie des trésors dans la vie des petites gens, ceux qui sont à la marge ; elle a eu du génie pour en faire ressortir tout ce qui ne brille pas, n'est pas instagramable, mais qui est terriblement proche de tout ce qui fait notre humanité,  ce qui la rend si attachante.

Le cinéma était souvent pour elle un moment de découverte, de communion parfois, avec les gens. Elle l’avait prouvé en 2000 avec son film Les Glaneurs et la Glaneuse. Une plongée dans la vie de personnes démunies, récupérant dans les champs et sur les marchés les légumes abîmés ou invendus. « Dans ce monde de surconsommation, je voulais rencontrer ceux qui mangent ce que nous jetons. » Elle en avait gardé une sorte de passion artistique pour les vieilles pommes de terre. « Surtout celles en forme de cœur. Cela m’a voulu le surnom de Madame patate », s’amusait-elle.

C’est en 2000 que l’attachement d’Agnès Varda pour la patate, et tous les symboles qu’elle charrie avec elle, est dévoilé au public. Dans son documentaire Les Glaneurs et la Glaneuse, elle s’épanchait longuement sur les propriétés, les particularités et les pouvoirs de la pomme de terre, en retraçant le quotidien de ceux qui récupèrent, collectent, recyclent et redonnent vie aux objets et aliments dont on ne veut plus.
Sur un fond de récoltes de pomme de terres en plein champ,  une photo d'Agnès déguisée en patate lors de l'exposition
 « Y’a pas que la mer » au musée Paul Valéry de Sète le 24 novembre 2011ainsi qu'une autre photo où le visage d'Agnès  est intégralement cerné de pommes de terre : affiche de l'exposition Patatutopia à Bruxelles - crédits photos : Ciné-Tamaris

Ce mail-art est destiné à l'Etre anonyme car je pense qu'elle n'est pas passée à côté de cette femme engagée, généreuse et tellement proche des petites gens, Elle était écolo avant qu'on parle de récupération et de recyclage, habituée toute sa vie à bricoler avec des moyens limités pour ses créations. Bonne réception.

Vidéo publiée sur Youtube par Le Blob
À l'occasion de son installation artistique présentée dans l'espace Science Actualités à la Cité des sciences et de l'industrie, dans le cadre d'une enquête sur la pomme de terre (jusqu'en avril 2017), la cinéaste Agnès Varda raconte la genèse de son travail autour de ce tubercule entamé lors du tournage de son documentaire « Les glaneurs et la glaneuse ».

"Patatutopia" 

Ainsi est née sa passion, sinon son obsession, pour le tubercule, qui l’a amenée à stocker dans sa cave des tonnes de patates, trouvées, achetées ou envoyées par des agriculteurs de la France entière et vouées à être filmées et photographiées. Nombre d’entre elles se présentaient sous forme de cœur. Non pas par hasard, mais bien en référence à son documentaire, unanimement salué par la critique et le public.

Deux ans plus tard, c’était habillée d’un costume de patate en résine qu’elle se présentera à la cinquantième Biennale de Venise pour y présenter son exposition désormais culte "Patatutopia" : un parterre de 700 kg de pommes de terre récoltés au cours de l’année précédente accompagné d’images et de vidéos à l’honneur du tubercule. C’était sa toute première exposition, mais loin d’être la dernière.
"Patatutopia" célèbre leur résistance. C’est utopie de penser que, parmi les légumes et les fruits, elles sont modestes et pourtant les plus belles et les plus vivantes du monde”, disait-elle.

On se souviendra d’Agnès Varda sur les routes et plages de France, d’Agnès Varda au Festival de Cannes, d’Agnès Varda à Los Angeles. Mais il ne faudra jamais oublier l’Agnès Varda des patates-cœurs, jamais lassée de regarder germer, vieillir et renaître (“vivre”) ses précieux tubercules.

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