30 septembre 2024

Agnès Varda et les fresques murales, pour Michèle

Comme elle est très passionnée et amatrice de street-art, c'est à ma correspondante Michèle que j'ai pensé pour ce nouveau mail-art, où j'ai voulu mettre en avant la manière dont Agnès Varda s'est enthousiasmée par les peintures murales qu'elle a découvertes à Los Angeles lors de son séjour états-unien au mitant des années 60. 

Fresques murales de Los Angeles et du DVD du film "Mur Murs" - crédit photo Ciné-Tamaris
Photo de la Fresque de JPC, auteur de la photo Lionel Gripon pour le site https://www.trompe-l-oeil.info/ 

Chère Michèle, je t'en souhaite une bonne réception ainsi qu'un beau début d'automne. 

*** Le film Mur Murs  ***

Dans son film "Mur murs" sorti en 1980, Agnès dresse "un portrait de Los Angeles par ses peintures murales, cela représente la vitalité des habitants qui ont quelque chose à dire, dans notre civilisation on a perdu ce sens spontané de l'art, ces peintures disent des choses, elles rouspètent, ce sont des peintures de revendication...". On y rencontre à la fois des habitants du quartier qui racontent comment ils vivent dans cet environnement, on y voit des oeuvres qui peuvent être hautes de plusieurs étages ainsi que les artistes qui les ont peint et leur motivation. C'est alors un lieu d'expression privilégié pour les minorités, principalement des latinos et chicanos,  dans cette grande ville multiculturelle.

Cette déambulation et cette curiosité pour les gens ordinaires et pour l'art qui s'écrit sur les murs (comme au temps de la préhistoire) résument encore une fois tout ce que j'apprécie chez Agnès, dans une exubérance et un foisonnement de couleurs, ici. Plutôt que de raconter la ville de Los Angeles, capitale du cinéma et son mythique quartier d'Hollywood, ce sont les petites gens encore une fois qui l'ont immédiatement séduite.

Voici le livret sur les fresques murales de Los Angelès du film Mur Murs d'Agnès Varda 
En parallèle, je montre une fresque qui a été réalisée l'année d'après sa disparition par l'artiste JBC dans une rue du 14e arrondissement de Paris, son quartier de prédilection : elle y est représentée ainsi que certaines figures de ses films (cf. ci-dessous).

*** la fresque hommage à Agnès Varda ***
Auteur de la fresque JBC, auteur de la photo Lionel Gripon pour le site https://www.trompe-l-oeil.info/ 

Jean Baptiste Colin alias JBC est un artiste français qui utilise des couleurs chaudes et des éléments végétaux dans ses fresques. Ce choix rappelle l'importance des tropiques dans l'imaginaire de l'artiste, fruit de ses nombreux voyages en Amérique latine.
Il nous propose une longue fresque rendant hommage à Agnès Varda, de gauche à droite on peut voir :
- Agnès Varda (1928 – 2019) : Photographe et réalisatrice de cinéma
- Cléo de 5 à 7 avec Corinne Marchand : Un film d’Agnès Varda sorti en 1962.
- Le lion pour « Le lion volatil », un court métrage d’Agnès Varda avec Julie Depardieu de 2003.
- Les personnages de la partie droite sont les commerçants de la rue Daguerre et le magicien Mystag présents dans le film Daguerréotypes (film d’Agnès Varda de 1975). Daguerréotypes est long métrage documentaire qui se situe entre les numéros 70 et 90 de la rue Daguerre (à 200 mètres de la fresque) (clichés du 22/08/2020).

Localisation : Rue Charles Divry & Rue Boulard, Paris 14ème (Dépt 75 – Paris)
Date de réalisation : Juillet 2020

*** La Grande Muraille de Los Angeles ***
extrait d'un article relevé sur le site de SPARC (Art- Création de Sites de mémoire publique depuis 1976)

La Grande Muraille de Los Angeles est l'un des véritables monuments culturels de Los Angeles et l'un des monuments les plus respectés et les plus grands du pays en matière d'harmonie interraciale. Premier projet d'art public de SPARC et véritable pièce maîtresse de son projet, la Grande Muraille est une représentation picturale historique de l'histoire des peuples ethniques de Californie de la préhistoire aux années 1950, conçue par la directrice artistique et fondatrice de SPARC, Judith F. Baca. Commencée en 1974 et achevée sur cinq étés, la Grande Muraille a employé plus de 400 jeunes et leurs familles issus de milieux sociaux et économiques divers, travaillant avec des artistes, des historiens oraux, des ethnologues, des universitaires et des centaines de membres de la communauté.

Sa longueur d'un demi-mile (830 m) dans le canal de contrôle des crues de Tujunga dans la vallée de San Fernando, avec son parc et sa piste cyclable, accueille des milliers de visiteurs chaque année, offrant un hommage vibrant et durable aux travailleurs de Californie qui ont véritablement façonné son histoire. En 2000 et 2001, SPARC a reçu la reconnaissance et le soutien de la prestigieuse initiative Animating Democracy: The Role of Civic Dialogue in the Arts de la Fondation Ford et de l'initiative Partenariats Affirming Community Transformation de la Fondation Rockefeller. En 2013, elle a également reçu une subvention de 90 000 $ du National Endowment for the Arts pour poursuivre les travaux sur la Grande Muraille, organiser des séances de dialogue civique et, finalement, concevoir les quatre décennies restantes du siècle (des années 1960 aux années 1990).

La restauration de la fresque, un besoin crucial, et la poursuite de la réalisation de futurs panneaux réalisés par la prochaine génération d'enfants de la Grande Muraille demeurent un programme vital et permanent de SPARC. Nous lançons actuellement une importante campagne de collecte de fonds pour restaurer, agrandir et créer un parc à usage complet sur la Grande Muraille, établissant ainsi le site comme une destination éducative et culturelle internationale.

Un message personnel de Judy Baca :« En 1975, alors que la Grande Muraille n’était encore qu’un rêve, je n’aurais jamais imaginé qu’elle me ferait vivre, ainsi qu’aux plus de 400 jeunes « Mural Makers » et aux 35 autres artistes de mon équipe, une série d’expériences aussi émouvantes. Je n’aurais pas non plus pu imaginer que 27 ans après la première application de la peinture sur le mur, ce serait encore un travail en cours.
Lorsque j’ai vu le mur pour la première fois, j’ai imaginé un long récit d’une autre histoire de la Californie, une histoire qui inclurait des ethnies, des femmes et des minorités qui étaient si invisibles dans les récits classiques des manuels scolaires. La découverte de l’histoire des peuples multiculturels de Californie a été une révélation pour moi comme pour les membres de mes équipes. Nous avons appris chaque nouvelle décennie d’histoire par épisodes d’été : les années 20 en 1978, les années 30 en 1980, les années 40 en 1981 et les années 50 en 1983. Chaque année, nos visions se sont élargies au fur et à mesure que les images parcouraient le mur. Tandis que notre perception de la place de nos familles individuelles dans l’histoire prenait forme, nous sommes devenus une famille les uns pour les autres. Travailler à la réalisation d’un objectif commun difficile a modifié notre compréhension mutuelle et, surtout, de nous-mêmes.
J'ai conçu ce projet en tant qu'artiste qui s'intéresse non seulement aux considérations esthétiques physiques d'un espace, mais aussi aux problèmes sociaux, environnementaux et culturels qui affectent le site. Je ne suis pas une assistante sociale, même si les gens me qualifient à tort de telle, et je ne suis pas une enseignante, même si j'ai des compétences pédagogiques. Je m'appuie sur des compétences que les artistes n'utilisent pas normalement. J'ai autant appris que j'ai enseigné des jeunes que j'ai eu la chance de connaître en travaillant à leurs côtés. Ils m'ont appris, entre autres, à rire de moi-même, à mettre du plaisir dans le travail acharné et à ne pas avoir peur de croire en quelque chose. Je leur en suis extrêmement reconnaissante.
Ce qui m’a le plus marqué dans l’expérience de la Grande Muraille, c’est peut-être le courage des individus qui ont enduré, qui ont parlé et qui ont surmonté des obstacles apparemment insurmontables. C’est vrai pour les gens que nous avons représentés et pour nous-mêmes, les créateurs de fresques murales" – Judith F. Baca

Vidéo de SPARC: Great Wall of LA: Bill Moyers-Creativity in America- 
Segment historique sur la Grande Muraille de Los Angeles de l'exposition de Bill Moyer « Creativity in America ». 1976-présent : La Grande Muraille de Los Angeles, un projet de fresque/d'éducation de 800 m de long, est l'un des véritables monuments culturels de Los Angeles et l'un des monuments les plus respectés et les plus grands du pays en faveur de l'harmonie interraciale. Premier projet d'art public de SPARC et sa véritable pièce de signature, la Grande Muraille est une représentation picturale historique de l'histoire des peuples ethniques de Californie de la préhistoire aux années 1950, conçue par la directrice artistique et fondatrice de SPARC, Judith F. Baca. Commencée en 1974 et achevée en six étés, la Grande Muraille a employé plus de 400 jeunes et leurs familles d'horizons sociaux et économiques divers travaillant avec des artistes, des historiens oraux, des ethnologues, des universitaires et des centaines de membres de la communauté.

Vidéo de PBS NewsHour : reportage sur la Gande Muraille et son instigatrice 
Comment les peintures murales de Judy Baca aident à reconstruire l'histoire grâce à la mémoire publique.

En visualisant ce reportage, je me dis que décidément cette artiste muraliste aurait bien plu à Agnès Varda si elles avaient pu se croiser.

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