30 août 2025

Voluptueuse caresse d'un chat noir , de la part d'Aude

Première enveloppe d'une toute nouvelle correspondante morbihannaise : Aude a lu sur ce blog que j'aime les chats (noirs de surcroît). 

Quel dommage que cette première réalisation ait pris la pluie car réalisée d'une simple pochette cristal de la Poste, le dessin au feutre du chat s'enroulant autour des chevilles de la longue dame s'est malheureusement dilué ; à l'intérieur,  l'invitation à échanger d'Aude est plutôt minimaliste pour quelqu'un qui est demandeur. 
 
Merci pour cette enveloppe oblitérée avec le beau timbre sur Juliette Gréco, où la locution "Déshabillez-moi"" a été savamment exploitée par le dessin qui la prolonge. 

Le signe de l'autre, par Michel

Waouh, maintenant qu'il a commencé, on ne l'arrête plus : je reçois une nouvelle enveloppe de Michel, le calligraphe qui anime un atelier d'art postal au sein de l'Association Rochefort Accueil. C'est la cinquième et non des moindres. 

Cette fois-ci, comme Michel a bien compris que je me sens une citoyenne du monde, sans exclusion aucune, et qu'en ce moment je poste beaucoup sur la Palestine et le Moyen-Orient, il m'adresse l'alphabet arabe, qu'il a calligraphié et enluminé avec de l'or, comme un signe de l'autre ... (de l'autre être humain baignée dans une culture très riche qui ne demande qu'à être découverte).

Avec cet alphabet des tas de belles histoires ont sûrement été écrites, et beaucoup de poésie aussi. Cette écriture est si belle lorsqu'elle est calligraphiée. On dirait que les mots dansent, entre arabesques et points. 

Merci Michel pour cette très intéressante production mailartistique : j 'avoue ne plus arriver à suivre car j'ai beaucoup d'autres correspondants auxquels je dois des réponses, mais promis, j'ai deux ou trois projets pour toi,  pour plus tard. 

28 août 2025

D190 - Dentelle et autres déclinaisons en bleu, de la part de Ling

J'ai entendu parler de Ling lors de mon stage à La Distylerie de Fleurville (71) du mois de juillet dernier. L'une de ses amies m'avait communiqué ses coordonnées pour éventuellement échanger avec elle. 

Comme c'est fou les coïncidences : alors que je suis présentement en train de préparer quelque chose pour cette toute nouvelle correspondante suisse, je viens de recevoir ce jour son tout premier envoi. 

Pour un premier contact,  Ling à choisi de décliner la dentelle et la couleur bleue sous toutes ses formes, avec de la peinture, du dessin, du papier découpé et du collage sur son enveloppe d'art postal. Et l'effet rendu est plutôt sympathique! 

Merci beaucoup pour ce premier contact Ling : à mon tour d'espérer te faire plaisir avec ce que je suis en train de préparer pour toi. A très bientôt dans ta boite aux lettres. 

27 août 2025

MO008 - Définition et illustration de ce qu'est un ouvrier, en France comme aux USA, par l'Être anonyme

Pour son envoi du jour, l'Être anonyme a repris la définition officielle de ce qu'est un ouvrier car pour beaucoup de gens, ce type de métier est devenu tellement connoté négativement qu'on ne veut plus du tout pouvoir être identifié à ce type de travailleur.

C'est particulièrement vrai en France, d'où le besoin que j'avais de voir honorer toutes ces personnes,  tombées dans l'oubli, alors qu'elles ont largement contribuer à faire tourner l'industrie française, dès le début de l'ère industrielle et  tout au long du 20e siècle. 

Moi je suis issue de ce milieu-là, et j'en suis particulièrement fière quand je fais le constat des valeurs  de travail, de probité, d'honnêteté, de persévérance qui nous ont été inculquées. Je remercie mes parents qui ont très bien compris qu'il fallait absolument tout faire - et qui se sont serrés la ceinture pour cela- afin que nous puissions étudier et apprendre un vrai métier, eux qui ont connu la guerre et qui ont dû quitter l'école à 14 ans pour pouvoir ramener vite un (petit) salaire à leurs parents. 

 

Je n'ai pas d'écho sur ce qui se passe outre-Atlantique aujourd'hui. Mais j'imagine que sous l'ère de Trump-2, on continue d'élaborer des buildings et qu'on continue d'avoir besoin de main d'oeuvre pour ce faire. Comme chez nous, c'est très probablement de la main d'oeuvre étrangère, voire des sans-papiers, employés au noir, ceux dont la vie ne vaut rien! Dans le domaine du bâtiment, les accidents de travail sont nombreux et on le sait, là-bas, pas de couverture sociale à un prix abordable pour les petites gens.

Jolie composition en combinant le fond noir de l'enveloppe, la photo de l'ouvrier sur le site de construction de l'Empire State Building de 1930 et le magnifique timbre sur Juliette Greco en noir et blanc! Bravo l'artiste et merci beaucoup de te donner tant de mal pour nourrir ce thème.

Dame Nature tu es mon essentielle, vers Michele - Carnet 35/5-4

Voici un carnet à quatre mains qui reprend son voyage vers mon amie Michele, tout dédié à Dame Nature et à toutes les beautés qu'elle sait encore nous offrir, pour peu qu'on sache encore les voir. 

Cette double pageest consacrée à la forêt et aux arbres qui la composent, tellement essentiels à notre vie quotidienne, dans la mesure où leur présence est indissociable du cycle de l'eau ainsi qu'au bon bon équilibre du vivant.

Comme ce carnet m'est destiné et qu'il terminera son voyage chez moi, c'est un thème que je tenais à développer, le sujet de l'eau prenant beaucoup trop d'importance aujourd'hui pour que je passe à coté. 
Quelques incrustations d'inflorescences séchées et de morceaux d'écorce viennent renforcer le côté nature de ces images forestières, à différents moments de la journée et en différents lieux.

"Les arbres sont des statues vivantes dans nos forêts. C’est un des patrimoines de Dame Nature, ces éléments ne doivent surtout pas terminer en chefs-d’œuvre en péril". Jean Pierre Szymaniak

"Les forêts précèdent les hommes, les déserts les suivent". François-René de Chateaubriand
Citations : source Ouest France sur le site  https://citations.ouest-france.fr/
Dans une ressourcerie, j'ai trouvé ce "ruban feuille", tout à fait "raccord" pour cet ouvrage

Chère Michele, j'espère que tu  recevras ce carnet sans encombre, j'ai pris quelques risques en le faisant voyager à découvert. A toi de terminer comme tu l'entends ce bel ouvrage que nous aurons en commun. 

***
Quel est le rôle joué par les forêts dans le cycle de l’eau ?

L’eau douce propre est devenue un atout clé du 21e siècle, alors que l’augmentation continue de la demande et la sécheresse induite par le changement global entraînent des pénuries chroniques dans de nombreux pays. Les forêts jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement stable en eau douce propre et en services écosystémiques connexes, tels que l’eau potable, la protection contre les inondations, l’érosion et les glissements de terrain, ainsi que la régulation du climat.

Les arbres sont des ingénieurs des eaux polyvalents, agissant en tant que :Un parapluie géant Les arbres ont une surface foliaire supérieure à celle des autres végétaux, de sorte que leurs canopées sont plus efficaces pour tempérer les forces érosives de la pluie et créer un microclimat plus ombragé et humide.
Une pompe à eau Les arbres ont des racines plus profondes, de sorte qu’ils peuvent pomper de plus grands volumes d’eau du sol pour les transporter vers les feuilles, ce qui entraîne plus de production de biomasse, de transpiration et de précipitations. Un grand chêne transpire jusqu’à 1600 litres d’eau par jour. Les forêts européennes transpirent environ 400 mm par an, soit environ la moitié des précipitations sur le continent.
Un climatiseur L’évapotranspiration élevée des arbres et des forêts assure un fort effet de refroidissement sur leur environnement, en particulier dans les îlots de chaleur urbains.
Un réservoir d’eau Leur grande production de litière et leurs systèmes racinaires étendus conduisent à plus de carbone du sol et à une meilleure infiltration de l’eau du sol, ce qui améliore la rétention d’eau dans le sol et la recharge des eaux souterraines.

Le rôle exact des forêts dans le cycle de l’eau a fait l’objet de nombreux débats. Dans la littérature plus ancienne, les forêts étaient décrites comme des « éponges », mettant l’accent sur la capacité de leurs couverts, racines et sols de constituer un tampon d’eau, modérant les inondations et équilibrant les débits des rivières. Mais plus récemment, les multiples bénéfices générés par les services d’eau verte des forêts (production de biomasse, formation de microclimat, contrôle de l’érosion, refroidissement atmosphérique et recyclage des précipitations) ont été reconnus en plus des services d’eau bleue (recharge des nappes phréatiques, approvisionnement en eau pour les systèmes aquatiques et les besoins humains Figure). En conséquence, l’idée des arbres en tant que consommateur vorace d’eau a été remplacée par une approche intégrée reconnaissant les compromis entre les multiples avantages liés à l’eau verte des arbres et leur consommation d’eau.
Figure. Les forêts équilibrent les flux d’eau bleue et verte dans le paysage.
Eau verte : eau qui est interceptée ou absorbée par les plantes et renvoyée dans l’atmosphère par évapotranspiration.
Eau bleue : eau qui ruisselle ou percole et aboutit dans les aquifères, les rivières et les lacs.
Numéros 1 à 7 montrent les processus du cycle de l’eau qui sont améliorés par les arbres et les forêts.
(modifié d’après Ellison et al. 2019 et Falkenmark & Rockström 2005).

Plusieurs principes de gestion forestière respectueuse de l’eau sont bien établis pour gérer les synergies et les compromis dans l’ensemble des services écosystémiques liés à l’eau que les forêts peuvent fournir :Il est essentiel d’éviter la déforestation, en particulier dans les zones sujettes à l’érosion, de limiter la zone de coupes à blanc, en particulier sur les pentes abruptes et de réduire le ruissellement de surface et la perte de sédiments. La dégradation des terres et la perte du couvert forestier dans le monde contribuent à la perte du carbone de sol, de l’infiltration, de la rétention d’eau et de la recharge des nappes phréatiques, par conséquent les paysages asséchés deviennent plus vulnérables à la sécheresse et aux incendies de forêt.
La restauration des forêts le long des berges contribue à la qualité de l’eau et à la résistance aux inondations.
L’optimisation de l’emplacement des plantations forestières intensives avec des espèces d’arbres à croissance rapide peut tempérer l’évapotranspiration là où c’est nécessaire et donc conduire à une augmentation de la collecte d’eau.
Dans les zones de production d’eau potable, les forêts de feuillus sont préférées aux forêts de conifères, car leur surface foliaire moyenne dans le temps plus faible produit plus d’eau et réduit la contamination des aquifères.
Dans le contexte des changements climatiques et de la sécheresse estivale accrue, une intensité d’éclaircie plus élevée stimule la vitalité des forêts et la croissance des arbres. Le mélange d’espèces d’arbres conduit souvent à une exploration complémentaire du sol par les racines et peut contribuer à une meilleure tolérance à la sécheresse.
Couvrir les villes de verdure avec des arbres refroidit les îlots de chaleur urbains et atténue les débits de pointe.

Dépasser l’échelle des peuplements forestiers et des bassins versants pour passer à l’échelle régionale et continentale révèle l’étendue des interactions entre la forêt et l’eau. Les couverts forestiers produisent massivement des particules biologiques qui servent de noyaux de condensation pour la formation des pluies. L’évapotranspiration par les forêts recycle la pluie en nuages (écoulement de l’eau verte dans la Figure), impactant les vents et les conditions météorologiques et créant des « rivières volantes » au-dessus des continents qui assurent des précipitations dans la direction des vents profondément dans les terres intérieures. Cela aide à maintenir les précipitations dans bon nombre des principales régions productrices de cultures du monde. Par conséquent, la protection des forêts et leur gestion durable contribuent à la stabilité socioécologique mondiale.
Authors: Bart Muys (KU Leuven), David Ellison (Swedish University of Agricultural Sciences SLU), Sven Wunder (EFI)
Source : article paru sur le site de l'European Forest Institute

***  Francis Hallé : Réensauvager l'Europe ***

© Association Francis Hallé pour la forêt primaire
C’est un projet fou que propose Francis Hallé : recréer une forêt primaire en Europe de l’Ouest comme remède à l’effondrement du vivant. Laisser la nature faire son travail sur le long terme afin de transmettre aux générations futures un sanctuaire de biodiversité, source de vie, d’émerveillement et de connaissances.

L’homme qui murmurait à l’oreille des arbres
Le célèbre botaniste de 85 ans a passé sa vie entière au sommet des grands arbres des forêts primaires tropicales. Fervent défenseur du règne végétal, Francis Hallé nous rappelle que la forêt est essentielle et primordiale au bon équilibre du vivant. Que les arbres, en rejetant de l’oxygène, nous permettent tout simplement de respirer.

Bielowieza © Benkamorvan Flickr CC
C’est en Afrique de l’Ouest qu’il découvre sa première forêt primaire tropicale, en Côte d’Ivoire, en 1960. La forêt dite "primaire", appelée aussi "naturelle", c’est-à-dire à l’état originel, sans trace ni modification liée à l’intervention humaine. Comment la reconnaît-on ? "À sa beauté, et à sa richesse en vie végétale et animale" dit le botaniste.

Dans les années 1980, il devient le co-inventeur du fameux Radeau des cimes, une nacelle qui permet d’étudier la canopée des forêts. La plate-forme permet aux scientifiques du monde entier de s’y poser et d’y travailler pour observer l’ensemble de la biodiversité. Durant plus de quinze années d’expéditions scientifiques, près de 300 chercheurs internationaux explorent les canopées forestières tropicales, au Gabon, au Cameroun, en Guyane ou à Madagascar.

Première forêt primaire d’Europe de l’Ouest
Une nouvelle idée germe dans l’esprit de l’ardent défenseur de la nature. Un projet à contre-pied complet de l'air du temps, qui devrait aboutir dans… six ou sept siècles!. "C'est le temps qu'il faut pour reconstituer une forêt primaire en Europe de l'Ouest sur la base d'une forêt secondaire existante". - Francis Hallé

En Europe, les forêts primaires ont pratiquement toutes disparu. Il n’en existe plus qu’une seule, la forêt de Bialowieza, en Pologne, à la frontière avec la Biélorussie. Elle héberge toute une faune de grands herbivores, notamment des bisons, mais subit des menaces et un déclin alarmant.

Fort de ses années d’observation, Francis Hallé voit en la forêt primaire le moyen de lutter contre les problématiques actuelles de bouleversements climatiques et d’appauvrissement de la biodiversité. Ce n’est pas une utopie mais un projet bien réel. Depuis juin 2019, l’association Francis Hallé pour la forêt primaire s’engage pour la création d’une forêt primaire européenne sans aucune intervention humaine. La nouvelle forêt prendrait place sur 70 000 hectares, l’équivalent de la surface de l’île de Minorque, dans les Ardennes franco-belges ou les Vosges franco-allemandes.

Une réflexion et un hymne au vivant
Ce projet d’envergure entre dans les objectifs du Pacte vert européen qui entend instaurer la protection de 30% des terres d’ici 2030. Comme le précise Francis Hallé, le projet coûte peu, car il s’agit avant tout de trouver un espace et de laisser la nature évoluer librement sur une période de plusieurs siècles.

Ce sanctuaire servira également de lieu pour mener des actions de pédagogie et de sensibilisation à l’environnement. Les visiteurs pourront emprunter des passerelles surélevées ou bien l’explorer depuis des radeaux des cimes ! Toutefois, les défis sont nombreux : délimiter le territoire, s’entendre sur le cadre juridique, assurer le dédommagement des forestiers… Le projet demande également à tous de se projeter sur un temps très long, de minimum 700 ans, correspondant au délai estimé par les scientifiques pour obtenir une forêt primaire à partir d’une forêt déjà existante.

Participer à un projet aussi ambitieux, sans le voir terminé de son vivant, voilà une proposition qui ne manque pas d’audace. Une démarche salutaire qui remet l’humain à sa place : un fragment du vivant qui n’est pas au sommet de l’évolution comme il le croit trop souvent. Rêver pour changer les choses, voilà le plus beau des projets de Francis Hallé.

Pour en savoir plus :
Association Francis Hallé pour la forêt primaire : https://www.foretprimaire-francishalle.org
Un naturaliste sur le toit de la forêt - Francis Hallé raconté par Alexis Jenni, Ed. Paulsen, 
Avril 2024

Source https://voyage.tv5monde.com/fr/francis-halle-reensauvager-leurope
10 Décembre 2024 - Biodiversité / Nature / Préservation/Francis Hallé : réensauvager l’Europe

Forêt des Landes, pays des résiniers, pour Christophe

Voici pour Christophe sur une enveloppe en papier recyclé telle qu'il m'a appris à en faire, un témoignage sur une tradition ancienne associée à la Forêt des Landes : celle du gemmage et du travail des résiniers sur les pins.

Ami Christophe, je t'en souhaite une très belle réception.
photo de la cime des pins, relevée sur Hossegor, sports et nature - pas de nom d'auteur / Gemmeurs : ancienne carte postale / Pot à résine vu surle site Landes Terre des Possibles https://www.tourismelandes.com/gemmage-quesako/
Longtemps ce territoire a été le domaine des bergers à échasses sur ces terres trop humides justes bonnes à l'élevage des moutons. Mais installée dans un but de protection contre les dunes de sables puis pour assainir la lande marécageuse,  la Forêt des Landes est vite devenue un enjeu économique. Du règne de Napoléon III au début du XXe siècle, le gemmage est l'activité principale. Il consistait à récolter la résine en saignant les pins. Celle-ci était alors indispensable pour calfater les navires en bois et entretenir les cordages. Les chandelles à base de résine remplacèrent les torches fumeuses. La térébenthine, qui en est extraite, servait de matière première à la fabrication de plusieurs produits chimiques (peinture, vernis, etc.). Le vingtième siècle voit un tournant dans la Forêt des Landes de Gascogne, avec l'abandon de la ressource gemme pour la ressource bois, et actuellement en France, il ne reste pratiquement plus de cet usage que les Pins bouteilles (Forêt Usagère de La Teste, Gironde). En 1922, l'utilisation du Pin comme poteaux de soutènement dans les mines de charbon française et anglaise atteint son apogée. Dans les années vingt, les premières cheminées se dressent entre les arbres : les Papeteries de Gascogne sont créées à Mimizan (1923), suivies de près par la Cellulose du Pin à Facture (1924). Après 1950, la chute de l'activité minière entraîne le déclin irréversible de l’utilisation en poteau et ce débouché ne correspond plus aujourd'hui qu'à 0,5% de la production de bois de Pin maritime. En 2011, le bois de trituration (papier, carton) correspond environ à 52 % du volume de bois produit. Cette activité permet d'utiliser les jeunes arbres coupés en éclaircie, ainsi que les déchets issus des scieries. Les plus beaux arbres sont destinés à des usages nobles (bois d'œuvre). Ils deviendront emballages ou palettes de stockage, parquets, lambris et moulures, charpentes et quelquefois meubles. Ils sont aussi les garants des meilleurs crus de Bordeaux : piquets, ils soutiennent les ceps de vigne, coffrets, ils protègent les si fragiles bouteilles !

Source : extrait d'un article sur le site https://www.jardinsdefrance.org/la-foret-des-landes-de-gascogne-royaume-du-pin-maritime/

FORÊT DES LANDES - PAYS DES RÉSINIERS 

Un peu d’histoire

La région correspondant à l’ancienne province de Gascogne est habitée dès le Paléolithique. De nombreuses traces de cette occupation ont été découvertes dans des grottes situées en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, notamment dans les Landes.
C’est d’ailleurs sur le site de Brassempouy que les archéologues ont découvert une petite statuette en ivoire d’une incroyable finesse. Datée de 23.000 ans avant notre ère, la « Dame de Brassempouy » est considérée comme la plus ancienne représentation d’un visage humain retrouvé actuellement.

Durant le Néolithique, les hommes sortent des cavernes pour construire des villages. Ils ont en effet abandonné le nomadisme après avoir découvert l’agriculture et l’élevage.
Au cours du 1er millénaire avant JC, les peuples Celtes appartenant aux civilisations de Hallstatt et de La Tène migrent du centre de l’Europe et s’installent dans la plus grande partie de la France actuelle.
La région comprise entre les Pyrénées et la Garonne est alors occupée par une vingtaine de tribus appelées « aquitaines ». Parmi celles-ci, les Boïates se sont installés dans les Landes de Gascogne.
A cette époque, la région est une immense zone humide parsemée de quelques massifs de pins maritimes.

Durant la Guerre des Gaules mené par Jules César entre 58 et 51 avant JC, l’Aquitaine est rapidement soumise. Elle profite de la période appelée « Pax Romana » et est intégrée à la province romaine Gaule Aquitaine sous l’empereur Auguste.

La récolte de la résine des pins
A cette époque, la résine des pins est déjà récoltée et utilisée pour le calfatage des navires. Il est difficile de déterminer si cette technique a été introduite dans la région par les Romains ou si elle était déjà connue des Celtes.
Le calfatage est en effet utilisé depuis le Néolithique. Il consiste à rendre une embarcation étanche en introduisant des fibres végétales (papyrus, algues, roseaux, …) dans les interstices et à recouvrir celles-ci d’un mélange imperméabilisant qui varie selon les régions .
En Aquitaine, il se compose de goudron, de brai extrait d’écorce de bouleau et de résine.
L’utilisation de la résine de pin se diversifie peu à peu et on la retrouve dans la composition des bougies et des torches ou dans des onguents utilisés pour soigner les affections respiratoires.

Un système économique spécifique
La récolte de la résine de pins dans les Landes de Gascogne ne représente cependant pas une activité importante avant le milieu du 19ème siècle.
En effet, jusqu’à cette date, la région profite d’une économie spécifique basée principalement sur le « système agro-pastoral ».
Le sol sableux et les zones marécageuses des Landes ne permettent pas de donner des récoltes suffisantes pour nourrir une population qui vit loin des grandes villes et des voies commerciales et doit subvenir à ses besoins.
Afin de compenser la pauvreté naturelle de leurs terres, les Landais ont alors l’idée de les fertiliser en y faisant paître des moutons.
Les troupeaux étaient surveillés par des bergers montés sur des échasses, les célèbres « bergers landais » qui évitaient ainsi d’avoir les pieds mouillés ou les vêtements déchirés par les buissons.
L’engrais naturel produit par les ovins permet de cultiver des céréales ainsi que des plantes textiles comme le chanvre.
Ce système fait ses preuves et fournit du pain ainsi que des vêtements à la population.

Le début du gemmage intensif
Cependant, au 19ème siècle, la vie est profondément bouleversée dans les Landes. Les autorités décident d’agrandir la forêt existante afin de fixer les dunes qui en se déplaçant mettaient en péril les villages établis près du littoral. Plusieurs d’entre eux sont même déplacés et reconstruits à quelques kilomètres, vers l’intérieur des terres.
C’est ainsi que la Basilique Notre-Dame de Soulac (Gironde) est victime de l’avancée des dunes et ensevelie sous le sable en 1748. Le village avait été abandonné par ses habitants quelques années auparavant.
Les seigneurs du Pays de Buch avaient déjà tenté d’enrayer le phénomène au 18ème siècle en semant des pins en 1713 et en 1727. Cette initiative a cependant fortement déplu aux bergers qui voulaient préserver les terres agricoles. Ne pouvant compter sur la collaboration des habitants de la région qui n’hésitaient pas à détruire les nouvelles pinèdes, ce projet onéreux est abandonné.

A la fin du 19ème siècle, l’État français étudie différentes solutions et des premiers tests de fixation sont réalisés par l’ingénieur Nicolas Brémontier. Le bilan est positif et, en 1801, un arrêté ordonne la plantation des dunes sur les côtes de la Gironde et des Landes.
En 1857, un nouveau pas est franchi puisque l’ensemble des communes incluses dans les Landes de Gascogne sont dans l’obligation d’assainir et de boiser leur territoire.
Le développement des forêts de pins dans les Landes est à l’origine de l’expansion de l’activité du gemmage qui devient la principale ressource de la région. La production dépasse rapidement les 100 millions de litres de résine par an.
La forêt landaise devient le second plus gros producteur de gemme du monde, après les États-Unis.
La distillation de la résine permet d’obtenir de l’essence de térébenthine et de la colophane. Les dérivés de l’essence de térébenthine sont utilisés notamment dans les vernis, dans certains parfums et dans des produits d’entretien mais également par l’industrie pharmaceutique.
On retrouve la colophane dans la composition des colles, des encres d’imprimerie, dans les adhésifs et même dans le chewing-gum.

Le déclin
Dans les années 1940, la forêt landaise subit d’importantes dégradations, conséquence indirecte de la Seconde Guerre mondiale. En effet, la forêt mal entretenue est victime d’incendies et de parasites qui détruisent plus de 50% de sa superficie. Cette situation prive les ouvriers résiniers d’une grande partie de leurs revenus. De plus, le système social basé sur le métayage (bail accordé à un métayer en échange du revenu d’une partie de la récolte mais également de journées de travail) est jugé « féodal » et de plus en plus contesté.
De nombreuses manifestations sont organisées au lendemain de la guerre par des syndicats de paysans landais. La tension est vive et certains propriétaires n’hésitent pas à reprendre leurs terres et à expulser les métayers qui réclament la révision de leur bail afin de le transformer en fermage.
En 1953, les gemmeurs entament une importante grève afin d’obtenir un meilleur partage des revenus tirés de leur activité. Ils obtiennent finalement une révision de ce partage mais le statut de salarié leur est refusé.
Alors que l’activité peine à se relever dans ce contexte conflictuel, l’hiver particulièrement rigoureux et tardif de 1956 détruit une grande partie des pins qui ont déjà été écorcés. Le rendement de cette année est catastrophique.
Les grands propriétaires adoptent également un nouveau procédé inventé au États-Unis et permettant de diminuer de moitié le temps de travail. Cette technique appelée « gemmage activé » consiste à pulvériser de l’acide sulfurique sur les « blessures » de l’arbre afin de déclencher un gemmage plus rapide et plus abondant.
Cette innovation a un impact direct sur le métier de gemmeur déjà mis à mal par la diminution des surfaces boisées exploitables.
De nombreux résiniers perdent leur travail ce qui entraîne un exode rural des ouvriers mais également des métayers. De plus, le métier dévalorisé et mal rétribué n’attire plus.
Enfin, si la quantité de résine obtenue est plus importante, elle perd en qualité et la réputation de la gemme des pins de la forêt de Gascogne s’en ressent.Les propriétaires délaissent le gemmage au profit de l’exploitation du bois destiné à l’industrie papetière plus rentable.
Le nombre de résiniers travaillant dans la forêt landaise ne cesse de diminuer.
En effet, dans les années 1950, plus de 16.000 résiniers sont recensés dans la région et 35.000 personnes vivent directement ou indirectement de cette activité.
Vingt ans plus tard, on ne compte plus que 1.100 gemmeurs et ce nombre passe à moins de 100 vers la fin des années 1980. Le dernier gemmeur a cessé son activité en 1990.
Si la pénibilité du travail et la trop forte concurrence étrangère sont les principaux facteurs expliquant la fin du gemmage, certains observateurs déplorent le manque de réactivité de l’État et n’hésitent pas à parler de « mort programmée » du métier.

Le métier de résinier
Le travail du résinier se déroulait selon un calendrier bien précis.A la fin du mois de janvier , le gemmeur prépare les pins en enlevant l’écorce. Les arbres ainsi blessés produisent de la résine afin de cicatriser. Des pots en terre cuite sont alors accrochés pour recueillir cette résine qui coule le long de la « carre ».
De la mi-mars à la fin octobre, le gemmeur effectue des « piques » à l’aide d’un « hapchòt » tous les 4 à 8 jours. Il rafraîchit ainsi la carre et permet à la résine de s’écouler à nouveau.
L’opération d’ « amasse », c’est à dire la récolte de la résine déjà recueillie dans les pots, est effectuée simultanément à la pique, généralement par les femmes ou les mères des résiniers. Elles récoltent également le « galip », le morceau d’écorce enlevé par le résinier lors de la pique. Le galip est utilisé pour allumer le feu.
La résine déposée dans des barriques est ensuite envoyée dans les usines de distillation.
Après la dernière récolte, le gemmeur effectue le « barrasquage ». Il racle soigneusement toute la résine résiduelle qui s’est accumulée et durcie le long des carres durant la saison.
La fin de la campagne ne marque cependant pas la fin du travail du résinier. Celui-ci doit en effet entretenir les parcelles, notamment en abattant des arbres trop vieux, en en semant de nouveaux et en éclaircissant les semis des années précédentes. En moyenne, un arbre doit avoir une trentaine d’années avant d’être gemmé. Bien entretenu, il peut-être productif pendant cent ans.
Le travail était principalement effectué en « couple ». La femme était chargée de la récolte mais également du ramassage des bruyères et herbes qui servaient de litière au bétail. Pour faire vivre sa famille, le résinier devait s’occuper de minimum 6000 pins.
La principale difficulté de la vie du résinier était le manque de rentrées durant une partie de l’année puisqu’il n’était payé qu’après les premières récoltes. Il devait donc garder une partie de l’argent pour survivre durant l’hiver. De plus, le tarif variait selon le cours de la gemme et il n’y avait donc aucune sécurité financière. En revanche, les grands propriétaires qui concédaient leurs terres à des métayers se sont rapidement et facilement enrichis. Cette situation a provoqué les nombreux conflits sociaux qui ont secoué la région aux 19ème et 20ème siècles.

Découvrir le gemmage
Si vous passez ou séjournez dans les Landes, n’hésitez pas à partir sur les traces des résiniers et à découvrir un métier qui fait partie du patrimoine de la région.
Plusieurs musées retracent l’histoire du gemmage dans la forêt des Landes de Gascogne :
- Le Musée des Traditions de Biscarosse
- Le Musée Landes d’antan de Lit-et-Mixe
- Le Musée des produits résineux de Luxey

Source : extraits du site https://www.tourismelandes.com/gemmage-quesako/

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 Le pin des Landes 


On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes
D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L'homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !
 
Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
 
Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !

Théophile GAUTIER 1811 - 1872

Qu'est devenue l'identité palestinienne? : cinq statuts différents pour un seul peuple, pour Eric

Je destine ce mail-art à Eric, car je le sais aussi révolté que moi par le destin funeste réservé au peuple palestinien.  

Ce post est destiné à éclairer sur la manière dont le gouvernement d'Israël s'emploie à organiser la discrimination entre les Palestiniens et la partition sur les différents petits bouts de territoire qu'on leur a laissé encore mais pour combien de temps? 
au recto de l'enveloppe, sur la copie d'un morceau d'une broderie Tatreez visualisée sur Instagram, quelques photos de presse montrant les incessants contrôles dont les Palestiniens sont victimes, dès qu'ils veulent se déplacer. 
au verso de l'enveloppe, le texte d'un poème de Mahmoud Darwich : carte identité

Sur le territoire de la Palestine historique existent deux couleurs différentes pour les cartes d'identité, mais avec des différences de statut pour "trier" les habitants des territoires occupés, afin d'entraver la libre circulation d'un peuple sur son propre territoire (voir ci-dessous) et surtout de limiter leurs droits de citoyens et de résidents.Pourtant, quoi de plus important pour s'identifier et se reconnaitre comme un être humain légitime au sein de son peuple, que d'avoir une carte d'identité ainsi que des droits fondamentaux communs? 

Rappelons-nous ce qu'à leur retour nous ont raconté les rescapés de l'Holocauste : le premier souci des nazis était de déshumaniser leurs prisonniers déportés dans les camps de concentration (essentiellement des juifs d'Europe faut-il le rappeler?) en les réduisant à un simple numéro de matricule avant de les exterminer, comme on le fait pour le bétail.  

Maintenant, regardons bien ce qui est en train de se passer à Gaza... si toutes ces manoeuvres ne font pas encore penser à un processus de déshumanisation, cela y ressemble beaucoup, non ?
Extrait du livre "Ce que la Palestine apporte au monde" que je viens de me procurer.
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Le système d'identification par code couleur d'Israël pour les Palestiniens - 
Vidéo de 2020 sur la chaine Youtube de l'Oeil du Moyen Orient

Depuis 1967, le gouvernement israélien est de facto le pouvoir souverain qui contrôle toute la Palestine historique. Les autorités israéliennes contrôlent le registre de la population et le système d'identification, limitant les lieux de résidence des Palestiniens, leur accès aux services et leur participation au système politique
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Pour en savoir davantage sur les cinq statuts accordés aux Palestiniens, je vous conseille l'écoute de cinq podcasts sur RFI rappelant l'histoire de ce peuple depuis 1948, publié sur la chaine Youtube de RFI.

Statut 1/5 – Carte d’identité : réfugié
En 1948, la création d’Israël s’accompagne d’un exode massif de Palestiniens. Plus de la moitié de la population arabe de ce territoire, jusque-là contrôlé par les Britanniques, fuit les combats ou est expulsée. Pour les Palestiniens, c’est la « Nakba », la catastrophe. Au terme de la guerre des Six Jours, une nouvelle vague d’exode ponctue la conquête israélienne de la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza. Beaucoup sont partis avec l’espoir de revenir quelques semaines plus tard. Mais l’exil se prolonge de décennie en décennie. Et le rêve du retour se transmet de génération en génération, façonnant l’identité palestinienne contemporaine.

Statut 2/5 / Carte d'identité - Cisjordanie

En Cisjordanie, l’occupation israélienne a commencé en 1967. Les civils palestiniens sont alors soumis au droit militaire israélien. Un « régime d’apartheid » pour les Palestiniens, dénoncé par la Cour internationale de justice (CIJ). Au terme d’un mouvement de protestation, la première Intifada (« soulèvement », en français), un processus de paix est engagé. Les accords d’Oslo suscitent l’espoir de faire naître un État palestinien. Après la poignée de main historique entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin sous les yeux de Bill Clinton, les négociations se figent peu à peu. La violence refait surface. L’impasse appelle à repenser la lutte nationale et le paradigme d’une solution à deux États.

Statut 3/5 : Carte d'identité : Hiérosolymitain
Jérusalem est une ville trois fois sainte : pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Cela en fait la ville la plus disputée, le cœur du conflit israélo-palestinien. Israël l'a déclarée « capitale unie et indivisible » et les Palestiniens aspirent à faire de Jérusalem-Est la capitale de leur État. Mais la présence palestinienne y est de plus en plus menacée, exacerbant les tensions dans cette ville symbolique et politiquement cruciale.

Statut 4/5 - carte d'identité : Gazaoui
Comment Gaza, port ouvert sur la Méditerranée et station balnéaire prise, est devenue une enclave isolée et associée aux images de guerre ? Au fil des années, Gaza a profondément changé. La ville et le territoire qui l'entourent ont accueilli de nombreux réfugiés. Politiquement, elle fut le fief du chef historique palestinien, Yasser Arafat, avant de tomber aux mains de ses rivaux du Hamas. Les Gazaouis ont traversé plusieurs guerres avec Israël. Mais celle qui a commencé le 7 octobre 2023 marque un tournant sans précédent dans l'histoire du conflit.

Statut  5/5 – Carte d’identité : Israélien 
Cela peut sembler paradoxal, mais près de 20 % de la population israélienne est palestinienne. Ces Palestiniens sont les descendants des Arabes qui sont restés sur leur terre après la création de l'État d'Israël en 1948. Ils ont la nationalité israélienne, mais leur relation avec l'État israélien reste délicate. Droits civiques, marginalisation et identité palestinienne, cette minorité vit une situation complexe en Israël.
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CARTE IDENTITE : Écrit en 1964 en Palestine-occupée, ce poème de Mahmoud Darvich est aussi connu que celui d’Éluard, Liberté, écrit dans la France-occupée en 1942, diffusé sous le manteau.

Dans les mots du poète, on sent toutes les brimades et toutes les privations endurées mais aussi la détermination de ce peuple à rester là, quitte à endurer le pire, et si les dernières strophes sont violentes, c'est qu'à un moment donné, après des années et des années à encaisser, même le plus pacifiste des êtres humains finit par se révolter devant tant d'injustice et de désespérance dans lesquels l'occupant colonisateur le maintient.

   

Carte d’identité

Inscris
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte est cinquante mille
J’ai huit enfants
Et le neuvième viendra… après l’été
Te mettras-tu en colère ?

Inscris
Je suis Arabe
Je travaille avec mes camarades de peine
Dans une carrière
J’ai huit enfants
Pour eux j’arrache du roc
La galette de pain
Les habits et les cahiers
Et je ne viens pas mendier à ta porte
Je ne me rabaisse pas
Devant les dalles de ton seuil
Te mettras-tu en colère ?

Inscris
Je suis Arabe
Mon prénom est commun
Je suis patient dans un pays
Bouillonnant de colère
Mes racines…
Fixées avant la naissance du temps
Avant l’éclosion des siècles
Avant les cyprès et les oliviers
Avant la croissance végétale
Mon père…
De la famille de l’araire
Et non des seigneurs de Noujoub
Mon grand-père, un paysan
Sans arbre généalogique
Il m’a appris les mouvements du soleil
Avant la lecture
Ma maison
Une hutte de gardien
Faite de roseaux et branchages
Es-tu satisfait de ma condition ?
Mon nom est commun

Inscris
Je suis Arabe
Cheveux… noirs
Yeux… marron
Signes distinctifs
Sur la tête un keffieh tenu par une cordelette
Ma paume, rugueuse comme le roc
Écorche la main qu’elle empoigne
Mon adresse :
Je suis d’un village perdu, sans défense
Et tous ses hommes sont au champ et à la carrière…
Te mettras-tu en colère ?

Inscris
Je suis Arabe
Tu m’as spolié des vignes de mes ancêtres
Et de la terre que je cultivais
Avec tous mes enfants
Et tu ne nous as laissé
Ainsi qu’à notre descendance
Que ces cailloux
Votre gouvernement les prendra-t-il aussi
Comme on le dit ?

Alors
Inscris
En tête de la première page
Moi je ne hais pas mes semblables
Et je n’agresse personne
Mais… si jamais on m’affame
Je mange la chair de mon spoliateur
Prends garde… prends garde
À ma faim
Et à ma colère !

Poème de Mahmoud Darwich

Mahmoud Darwich 1941-2008 Photo : D. R
https://elwatan-dz.com/litterature-arabe-mahmoud-darwich-le-defricheur-dombres

Mahmoud Darwich est né en 1941 à Birwa près de Saint-Jean-d’Acre en Palestine.
En 1948, son village est détruit par les forces sionistes et sa famille se réfugie au Liban. Mais il revient clandestinement la même année en Palestine pour y faire ses études.
Il commence très jeune une carrière de journaliste tout en publiant ses premiers poèmes. Engagé dans le combat politique, il milite dans le parti communiste israélien, ce qui lui vaut d’être emprisonné à plusieurs reprises de 1960 à 1970 et d’être assigné en résidence à Haïfa. Mahmoud Darwich quitte Israël en 1971 et choisit de s'exiler d'abord au Caire, puis à Beyrouth, à Tunis et Paris. Membre du comité exécutif de l’OLP, il démissionne en 1993 et partage son temps entre Amman et Ramallah.
Il s'est éteint le 9 août 2008 à Houston, Texas

25 août 2025

L'amour de l'amour chez Augustin, de Michel

Moi qui ne recevait plus de calligraphie, quasiment, me voici comblée car je viens de recevoir ce jour de la part de  Michel une nouvelle enveloppe revetue d'un  tout nouveau poème où calligraphie et enluminure se marient à merveille avec les couleurs du timbre de la Poste sur la ville de Collioure. 
Ce type d'art postal me plait toujours autant, car la calligraphie est une discipline qui requiert  beaucoup de rigueur, mais aussi de la sobriété et de la précision pour obtenir un bel équilibre entre ce qui est rempli et ce qui est resté libre.  

Alors merci encore Michel, pour ce nouveau cadeau. Le prochain envoi sera de moi, mais hors- concours* car j'ai déjà fait mes trois envois réglementaires.

(*) pour mémoire, je vous rappelle que Michel organise le tout premier concours d'art postal au sein de l'association Rochefort Accueil, où il anime deux groupes d'art postal. Le thème est libre cette première fois, alors profitez-en, lachez votre imagination : vous avez jusqu'au 1er décembre 2025 date limite d'envoi pour y participer. 

Baguettes de tradition pour les privilégiés que nous sommes, pour Christian

En préparant une réponse à un appel à mail sur le pain dans le monde, j'ai eu envie de mettre le doigt sur le fait qu'en France nous avons la chance d'avoir à notre disposition tant et tant de variétés de pains, pour la grande majorité d'entre nous, mais dans d'autres pays du monde certains n'ont pas cette chance, surtout dans les zones surpeuplées ou dans des zones de conflits où les ONG ont du mal à venir en aide.

Tout comme moi, je sais que Christian est depuis longtemps préoccupé par tout ce qui se passe à Gaza, avec cette famine organisée à grande échelle, dans une action génocidaire programmée de longue date mais désormais officiellement annoncée par Israël.

Photo trouvée sur le site d'un boulanger itinérant desservant la Roya
https://cotedazurfrance.fr/offres/artisan-boulanger-itinerant-charbonnett-breil-sur-roya-fr-5656662/
Ce qui est annoncé aussi officiellement par l'ONU c'est l'état de famine dans lesquels tentent de survivre les Palestiniens, bombardés, mutilés, hachés, estropiés, torturés, déplacés, internés dans des camps, ou emprisonnés... 

Dessin de Gérald Herrmann pour La Tribune de Genève placé au verso de mon mail-art
Le pain, aliment de base,leur manque là-bas depuis longtemps, certains sont réduits à manger du carton bouilli... quand ils ne sont pas pris pour cible par des snipers qui les attirent sur les lieux de "ravitaillement" pour les abattre froidement.

Par opposition je trouve que nous, nous ne sommes même plus étonnés d'avoir à notre portée autant de nourritures... certes pas toujours de bonne qualité (c'est même de moins en moins souvent le cas, tant les addidifs de tout ordre sont venus les compléter) mais c'est quand même une grande chance que de toujours pouvoir manger à sa faim! 

D'ailleurs, cela nous paraît tellement naturel qu'on se permet d'acheter trop et mal, de gaspiller, et/ou de jeter des produits aux dates de péremption trompeuses, faites pour nous pousser à consommer.

Moi j'aime le bon pain, celui "poussé"au levain, avec une belle croute dorée et une belle mie bien alvéolée. Hélas. je n'en trouve pas toujours et donc je n'en mange pas tous les jours. Pour en trouver du bon, il me faut aller dans deux villes de banlieue pas si près de Massy pour en trouver, si bien que je ne veux pas me mettre à dépenser du carburant uniquement pour aller acheter du pain.

Il me faut vous dire que lorsque le pain est bon, je le déguste avec davantage de plaisir que si je mangeais une patisserie. Et quoi de meilleur qu'une belle et bonne tranche de pain de campagne taillée dans une belle miche, accompagnée d'un bon fromage laitier. Ces jours là, c'est la fête!

Bonne réception de ce mail-art que je dédie au peuple palestinien et à son immense courage :  je te souhaite également une belle fin d'été, avec des températures plus supportables. 

Pains du monde : Miche de pain au levain, cuite en France au feu de bois, pour AE-ALL EVENT de Brisighella

Aujourd'hui il est largement temps que je réponde à l'appel à mail-art international lancé par AE-ALL-EVENT, de Brisighella en Italie sur le thème du monde des pains car la date limite d'envoi est fixée à vendredi prochain 31 août.

Je tenais à participer à cet appel car le pain a toujours eu pour moi une valeur symbolique : pour les ouvriers qui travaillaient dur, gagner son pain était important et le pain devait être vraiment respecté. Aussi, dans le milieu fort modeste où je suis née, il n'était pas question de jeter du pain, il était toujours utilisé même rassis, pour tremper dans la soupe ou encore finissait en dessert en pain perdu. Pas question non plus de le gaspiller à table : il fallait terminer la tartine ou le quignon que nous avions demandé, et il ne fallait pas non plus disposer le pain à l'envers sur la table... 

Le sujet est terriblement vaste car dans chaque pays il y a des variétés différentes de pains selon les régions, les modes de cuisson possibles, la (ou les) céréale(s)  dont ils sont composés. 

Rien qu'en France réputée souvent comme étant le" Pays du Pain", un récent recensement publié dans le Grand Larousse Gastronomique fait apparaitre plus de 80 variétés de pains. Pourtant elle ne détient pas le record, classée loin  derrière la Suisse qui en décompterait environ 200 différentes sortes. 

Photo extraite du site "Champs du destin" miche bio de pain de seigle au levain de seigle

Pour réaliser ce mail-art avec le plus d'authenticité possible,  j'ai utilisé comme fond un tissu ancien de linge de table pour présenter cette belle miche de pain au levain, je l'ai ensuite parsemé de farine que j'ai fixée avec de la laque à cheveux, et j'ai rajouté une fève en forme d'épi de blé. Ensuite j'ai fait une incrustation avec l'image d'un boulanger défournant ses miches de pain depuis son four à bois, pour parfaire cette histoire de pain à l'ancienne, 

Au verso du mail-art, j'ai utilisé une affiche de la maison "Poilane" représentant une bonne partie des principaux pains différents fabriqués en France, selon la région. 

Je n'ai généralement pas vraiment de chance avec mes réponses aux appels internationaux, car souvent les mail-art me sont retournés non distribués. Croisons les doigts cette fois pour que celui-ci arrive à bon port. 

"Tous les oiseaux font de leur mieux" dit le poète , pour Chocolatine & Stooby - Carnet 36-5/5

Voici venu le temps de conclure ce carnet à quatre mains qui est en route depuis pas mal de temps déjà avec Chocolatine et Stooby : j'essaie en ce morne et surtout très chaud mois d'août d'avoir de l'énergie pour me mettre à jour de tous mes "encours" datant un peu.

Avec de vraies plumes et quelques timbres d'oeufs d'oiseaux, voici la toute dernière double page de notre carnet, parti pour son dernier voyage et comportant quelques jolis oiseaux de nos jardins embellis de quelques points de broderie que je n'arrive plus aussi bien qu'avant à pratiquer.


Dans les pages intérieures, sur feuillets libres, j'ai inséré un poème de Prévert ainsi que la reproduction d'un poster détaillant le mode d'emploi pour  participer à l'inventaire des oiseaux du jardin, certaine que cette initiative est de nature à plaire à Chocolatine. 

Fiches de recensement à trouver sur le site https://www.oiseauxdesjardins.fr/index.php?m_id=1127&item=18
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Au hasard des oiseaux

J’ai appris très tard à aimer les oiseaux
je le regrette un peu
mais maintenant tout est arrangé
on s’est compris
ils ne s’occupent pas de moi
je ne m’occupe pas d’eux
je les regarde
je les laisse faire
tous les oiseaux font de leur mieux
ils donnent l’exemple

pas l’exemple comme par exemple Monsieur Glacis 
qui s’est remarquablement courageusement conduit pendant la guerre 
ou l’exemple du petit Paul qui était si pauvre et tellement honnête avec ça 
et qui est devenu plus tard le grand Paul si riche et si vieux si honorable 
et si affreux et si avare et si charitable et si pieux
ou par exemple cette vieille servante qui eut une vie 
et une mort exemplaires jamais de discussions 
pas ça l’ongle claquant sur la dent 
pas ça de discussion avec monsieur ou avec madame 
au sujet de cette affreuse question des salaires
non

les oiseaux donnent l’exemple
l’exemple comme il faut
exemple des oiseaux
exemple des oiseaux
exemple les plumes les ailes le vol des oiseaux
exemple le nid les voyages et les chants des oiseaux
exemple la beauté des oiseaux
exemple le cœur des oiseaux
la lumière des oiseaux.


Jacques Prévert,