17 août 2022

Des bons points et des lignes, pour l'Association Lettres et Images

Comme chaque année, l'association Lettres et Images organise un appel à art postal qui sera suivi d'une exposition à Draguignan .Le thème retenu pour 2022 c'est "Point et Ligne" et la participation est ouverte jusqu'au 31 août. 

Les possibilités sont infinies sur ce thème mais je ne sais pas pourquoi j'ai aussitôt associé ces deux mots à l'univers de l'école communale de mon enfance : si la récompense était le bon point , la punition, un vrai pensum, consistait à faire recopier à l'élève pris en défaut 100 lignes sur l'objet du "délit", histoire de bien faire entrer dans la tête du "coupable" la bonne conduite à tenir.

Je me suis amusée à faire cela, mais j'ai d'autres ressources sur le sujet, à suivre.

La spirale de la Voie lactée, pour France

Une petite broderie pour France, pour changer un peu, et aussi pour aborder l'un de ses thèmes favoris depuis longtemps, celui des spirales.
Photo trouvée dans l'article du 01/03/2014 de Mathieu Grousson de Sciences et Avenir : la spirale de la Voie Lactée, mais combien a t elle de bras ?
J'ai trouvé amusante la Voie Lactée dont la spirale est ici représentée comme un plan de métro où chaque couleur symbolise un des bras la composant, comme par exemple, en rouge, le bras d'Orion dont notre système solaire fait parie.
https://arbesman.net/milkyway/MWTA.pdf -Copyright © 2009 by Samuel Arbesman
Je n'y connais rien en astronomie, mais c'est fascinant d'imaginer quelle infime poussière de rien du tout la Terre peut représenter dans cet univers où l'espace est infini. Appréhender cette dimension, c'est assez vertigineux : nous ne sommes vraiment pas grand chose dans cette immensité nous les terriens!

Je te souhaite bonne réception de ce mail-art sidéral, France, j'espère que sa sobriété te plaira.

Rosa Bonheur, pionnière dans l'art pour la défense du vivant , pour Nadine

Les deux plus récents thèmes de prédilection de Nadine sont réunis ici avec ce mail-art consacré à Rosa Bonheur, à la fois femme peintre du 19e siècle et femme pionnière dans son art. 

1/ Oeuvres de Rosa Bonheur utilisées : Etudes de lion et de lionne, Onze esquisses  (C) RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Jean-Pierre Lagiewski / Lion couché, huile sur toile / Etude de lionne / Sept études de têtes de lion, et croquis d'un lion couché - 2/Découpe de l'artiste depuis un Portrait de Rosa Bonheur dans son atelier au château de By © Château de Rosa Bonheur

Dans mes tiroirs à trésors, j'ai retrouvé ce morceau de tissu teint à la soupe de clous rouillés où la tache de rouille centrale me fait penser à une grosse patte de lion. De là, il m'a été facile d'enchaîner la création du mail-art où j'ai pu associé le timbre tête de lion édité par la Poste à l'occasion du centenaire de la naissance de cette femme peintre, avec les esquisses et les études que fit Rosa des lions et lionnes.

Je souhaite bonne réception de cette composition à Nadine,  j'espère qu'elle lui plaira.

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Photographie de Rosa Bonheur posant dans son atelier au Château de By / Rosa Bonheur photographiée par Eugène Disdéri en 1865.
 
Talentueuse, indépendante, et passionnée, Rosa Bonheur est une artiste incontournable du 19e siècle. Retour sur le parcours de cette avant-gardiste qui fut, sans l’ombre d’un doute, la première défenseuse du vivant dans l’art, avec Katherine Brault, propriétaire et gérante du Château de Rosa Bonheur.

Rosa Bonheur, une artiste à contre-courant : Si Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur, est souvent présentée comme un symbole d’anticonformisme, il convient de rappeler, selon Katherine Brault, directrice du Château de By, que ses choix de vie ne furent que le reflet de son éducation très progressiste, et non le fruit d’un certain militantisme.

Née à Bordeaux le 16 mars 1822, la jeune Rosa jouit d’une enfance dorée, jusqu’à ce que son père, Raymond Bonheur, peintre et professeur de dessin, n’abandonne femme et enfants pour partir étudier l’égalité homme-femme au sein d’un couvent Saint-Simonien. Bien qu’issue d’un milieu bourgeois, Sophie Bonheur se retrouve contrainte de travailler pour élever ses quatre enfants, mettant ses talents de musicienne de côté. Voyant sa mère s’épuiser à la tâche, Rosa se fait la promesse de réussir professionnellement et de devenir indépendante. À la mort de sa mère, elle met de côté de le métier de couturière auquel on la prédestinait, et commence alors à travailler dans l’atelier de son père en tant qu’artiste peintre, développant par la même occasion son intérêt pour l’art animalier. Une femme émancipée, qui s’impose dans l’art, et qui plus est en peignant des animaux dans des formats de peinture d’histoire, pour l’époque, ce n’est pas commun.

"Rosa Bonheur va prouver que la femme est bien l’égal de l’homme et que le génie n’a pas de sexe. Toutefois, son but n’est pas de le revendiquer. Car elle est née et a grandi dans un environnement où la femme a toujours été perçue comme l’avenir de la société. Pour elle, c’est une réalité. Alors elle va simplement le démontrer", souligne Katherine Brault.

D'autres anecdotes sont par la suite venues renforcer cet aspect "anticonformiste". Comme le fait qu'elle ait les cheveux courts, porte des pantalons, et ne sa marie à aucun homme. Mais là encore, Katherine Brault met de côté toute volonté de revendication.

"Lorsqu'elle était jeune, Rosa Bonheur avait de grandes boucles. Pour décharger sa mère, elle a donc décidé de les couper. Et le refera à nouveau à la mort de cette dernière, symboliquement. Elle ne se privait d'ailleurs pas de critiquer ses élèves, après avoir repris l'atelier de son père, lorsque celles-ci se coupaient les cheveux pour se revendiquer 'égal de l'homme"", assure la directrice du Château de By.

Il en va de même pour le port du pantalon, interdit aux femmes à cette époque. "Elle ne le faisait pas par provocation, mais parce que porter des pantalons lui permettait de se protéger lorsqu'elle arpentait les foires aux bestiaux. Au demeurant, elle ne recevait jamais en pantalon", poursuit la spécialiste. Pour ce qui est du mariage, Rosa a souvent entendu son père dire que s'il ne s'était pas marié, il aurait fait carrière. Puis a vu sa mère se sacrifier pour sa famille au détriment de sa passion. Ce qui, on le devine, ne s'est pas révélé très vendeur.

Rosa Bonheur, une icône LGBT+ ? : Ces anecdotes et son féminisme naturel, cumulés au fait que Rosa Bonheur ait partagé certains moments de sa vie avec des femmes - Nathalie Micas, son amie d'enfance, et Anna Klumpke, avec qui elle correspond pendant plusieurs années, et qui devient son héritière et légataire universelle - ont ainsi contribué à façonner la légende autour de son homosexualité supposée. Mais pour Katherine Brault, ce parallèle n'est pas tout à fait juste.

"Rosa Bonheur disait : 'toutes les religions ont leur vestale, alors pourquoi l'art n'en aurait-il pas un ?'. Elle se disait alors être une vestale de l'art". Elle ne niait pas apprécier l'idée d'être choyée par un homme, mais s'était donné une mission : celle d'élever la femme dans l'art, et la société en général", explique la spécialiste.

"La venue d'Anna Klumpke au Château de By, au sein duquel elle a vécu 9 mois, faisait suite à une demande de Rosa. La première souhaitait faire des portraits, l'autre que l'on écrive sa biographie, afin que l'on rende ses lettres de noblesse à sa mère et que l'on parle un peu moins de son père", poursuit-elle. Hélas, Rosa s'éteint avant la fin de l'écriture de ladite biographie.

La peinture comme plaidoyer contre la maltraitance animale :Si le travail de Rosa Bonheur a d'abord fait des émules, puis s'est ensuite retrouvé largement sous-côté, force est de constater que les causes qui lui tenaient à coeur, elles, sont aujourd'hui très actuelles : prouver que la femme est l'égal de l'homme, dénoncer la maltraitance animale, et préserver la nature. Mais à l'époque, ses toiles et les messages qu'elles véhiculent sont, hélas, incomprises.

"Rosa souhaite montrer que les animaux sont des êtres à part entière, qu'ils sont l'égal de l'Homme, et qu'ils ont une âme. Dans ses tableaux, leurs regards ont une importance considérable. Ils sont la clé de son oeuvre", assure Katherine Brault.

Le Marché aux Chevaux - oeuvre phare de Rosa Bonheur - en est le parfait exemple puisqu'il s'impose comme une véritable plaidoyer contre la maltraitance animale. "L'erreur a été de considérer Rosa comme une artiste qui aimait peindre la ruralité et le monde paysan. Alors que c'était l'animal dans le monde paysan qui l'intéressait", poursuit-elle.

Le Marché aux Chevaux, de Rosa Bonheur 

À cela s'ajoute ses prises de positions en faveur amérindiens et de leur façon de vivre. "Rosa était choquée que l'on fasse disparaître ces civilisations, et notamment leur relation à la nature et aux animaux, ajoute Katherine Brault. Son opinion était dissonante par rapport à ce que l'on avait l'habitude d'entendre à l'époque".

Une artiste évincée de l'Histoire de l'art : Et c'est notamment grâce au Marché aux Chevaux, que Rosa Bonheur rencontre un vif succès. Présentée en 1853, l'oeuvre reçoit un torrent d'éloges, ce qui confère à l'artiste une grande notoriété. Rosa devient officiellement indépendante financièrement parlant et ne tarde pas à s'offrir le Château de By, en haut de Thomery. Elle rencontre Ernest Gambart, qui devient son marchand, faisant voyager ses toiles dans toutes l'Europe, mais aussi aux Etats-Unis. "A partir de son grand succès aux États-Unis, elle ne va plus avoir de succès en France. Elle sera très critiquée. Si bien que toutes les éloges du passé seront balayées par les critiques négatives", déplore Katherine Brault.

"Les historiens de l'art qui étaient principalement des hommes sont passés outre cette partie de l'art, considérant son art comme un art mineur. Et ce, même si Rosa peignait comme personne n'avait peint auparavant. Après la guerre, on considérera que les femmes n'ont pas leur place dans le travail, et celles qui ont réussi seront effacées de l'Histoire. C'est ainsi que deux générations d'Histoire de l'art se sont ainsi construites sans l'histoire de Rosa Bonheur", poursuit-elle.

Aujourd'hui, le Château de By permet au public d'en apprendre plus sur la vie et le travail de cette artiste hors-normes. Notamment avec l'exposition* de photos de ses oeuvres sur plaques de verre, photographiées par Anna K. à la mort de Rosa Bonheur. Nombre de ces oeuvres n'ont d'ailleurs jamais été retrouvées.

Article de Lola TALIK Publié le 11/03/2022 à 19h49 - Mis à jour le 29/03/2022 dans Géo Histoire

Récolte du blé mûr à la faucille, pour Liberty

Liberty fait partie de mes correspondants assez rares qui s'adonnent au mail-art textile et j'apprécie particulièrement nos échanges. Pour répondre à son dernier envoi, j'ai choisi un thème de saison, celui des moissons.

La photo a été trouvé sur le Site Gallica de la BNF mais je n'ai pas retrouvé les références

Ces deux femmes faisant la pause pendant leur récolte des blés murs qu'elles moissonnent à la faucille, m'ont beaucoup émue.

Tout d'abord, je retrouve ma grand-mère paternelle dans ce geste de la faucille en action, elle s'en servait pour couper de l'herbe le long des chemins qu'elle ramassait pour varier l'alimentation des lapins que nous élevions à la campagne,   ainsi qu'une poule ou deux, comme dans de nombreuses familles à cette époque-là.

Au moment où une grave crise du blé secoue le monde et risque de provoquer des famines dans plusieurs pays très dépendants des céréales ukrainiennes et russes, suite au blocus des ports de la Mer Noire depuis des mois, je trouve ces deux femmes d'antan,  généreuses et courageuses, concluant par cette moisson une année de travail, avec la certitude désormais de pouvoir nourrir leur famille.

Pour le tissu du fond, j'ai bidouillé un essai ancien de broderie avec des jours, déniché dans l'une de mes nombreuses boites à trésors redécouvertes lors de l'aménagement de mon atelier : quelle belle occasion de recycler tout cela et d'en faire un joli mail-art textile!

J'espère que le thème de ce mail-art plaira à Liberty et je lui en souhaite une bonne réception.

Femmes et fillette de corvée d'eau, pour Sabine

Je sais combien Sabine est touchée par les femmes africaines, aussi, lorsque j'ai retrouvé cette impression que j'avais faite d'un célèbre tableau,  j'ai immédiatement pensé à lui en faire un mail-art.

Femmes kabyles revenant de la fontaine - de Jules Migonney (1876-1929)

Alors qu'en France nous subissons les affres d'une sécheresse historique avec la nécessité pour certains villages de recourir à de l'eau potable uniquement grâce à l'approvisionnement journalier par camion-citerne, nous pouvons tout à fait commencer à imaginer ce que c'est que le manque d'eau ainsi que son rationnement.

Penser aux corvées journalières des femmes et des fillettes dans nombre de pays d'Afrique dépourvus d'une desserte d'eau potable dans le village, c'est mettre l'accent sur la perte de temps engendrée par cette occupation exclusivement féminine au détriment d'heures passées à l'instruction pour les jeunes filles et les fillettes, ou à d'autres tâches plus valorisantes pour toutes les femmes. C'est aussi prendre conscience que ce défaut d'eau courante a des répercussions sur la santé de ces femmes, car nombre d'infections après des accouchements sont dues à des carences d'hygiène et engendrent une mortalité importante.

J'ai choisi pour le fond un tissu  par une soupe de clous rouillés ce qui donne cette atmosphère particulièrement chaude, pour aller de pair avec la chaleur ressentie par ces femmes lourdement chargées de jarres.

Je te souhaite bonne réception de ce mail-art chère Sabine, ainsi qu'une belle fin d'été, dans tes terres rouges.

10 août 2022

Musicien à cheval, pour Vincent

Comme Vincent était associé à la réalisation du joli mail-art que Nathalie m'a adressé tout récemment, je veux le remercier avec cette carte textile où j'ai fait figurer le cheval, animal qui m'intéresse, m'impressionne et m'attire.

Pourtant il m'a longtemps effrayée parce que je le connaissais mal. Dans ma jeunesse, j'ai fait une seule expérience de promenade à cheval, à l'étranger et dans de très mauvaises conditions, ce qui ne m'a vraiment pas laissé un très bon souvenir. Je le regrette car depuis j'ai appris que c'est un animal merveilleux avec les enfants et les personnes en situation de handicap, et qu'il peut les aider dans leur quotidien, on appelle cela de l'équithérapie.
Illustration rebrodée à la main trouvée sur le site https://www.artofit.org/image-gallery
A chaque fois qu'il est possible de le voir évoluer dans des concours hippiques à la TV, dans le dressage notamment, c'est un vrai régal de voir toute la légèreté, la puissance et l'intelligence du cheval, en même temps toute la connivence qui existe avec son cavalier et la remarquable maitrise de ce dernier dont on n'arrive pas à soupçonner les ordres. En fait c'est un centaure que l'on voit,  l'homme et l'animal ne font plus qu'un et c'est absolument magnifique. 

Malgré les vingt premières années de ma vie passées à la campagne , je suis passée à côté, le cheval de travail avait complètement disparu et celui de loisir n'existait pas encore. Lorsqu'il m'arrive d'y retourner aujourd'hui, il y a plusieurs clubs hippiques qui se sont ouverts. Les enfants et les ados ont plus facilement l'opportunité de monter sur les poneys et les chevaux  et d'entrer ainsi dans cet univers particulier.

Voilà Vincent, mon histoire ratée avec le cheval mais cela ne m'empêche pas de beaucoup l'aimer, je lui ai d'ailleurs consacré ma première série de mail-art en 2016 (cf. ci-contre, dans la rubrique série). 

Le fond de ce mail-art est réalisé à partir d'un morceau de tissu, largement teinté à la farine de moutarde, car il servait à ma maman qui nous enroulait dans ce linge pour nous soigner lors de rhumes ou de toux hivernales : on appelait cela "un pic", car il fallait le garder longtemps sur la poitrine et ne surtout pas bouger sinon cela piquait horriblement. Le tissu ayant servi pour l'impression de l'illustration provient d'un drap ancien de chez Emmaüs, mon fournisseur officiel désormais pour tout ce que j'achète en nouveau tissu et en fil de coton. 

Je te souhaite bonne réception de cet envoi et te remercie encore pour la belle enveloppe reçue avec un point d'interrogation et plein de petites fourmis. 

Couple d'Ukrainiens de l'Oblast de Lviv en tenue traditionnelle, pour Nicole

Je n'ai pas fait grand chose pour Nicole cet été et je ne lui ai encore rien envoyé sur l'Ukraine. 

Ce sera chose faite avec ce mail-art présentant deux femmes en costume traditionnel de l'Oblast de Lviv qui fut porté jusqu'au 19ème siècle. C'est ma façon de l'associer à ma démarche de faire connaitre les traditions et la culture de l'Ukraine que son envahisseur de voisin voudrait bien annihiler. 

Tenue traditionnelle de l'Oblast de Lviv - Photo publiée sur le blog http://folkcostume.blogspot.com/ 

Le fond de ma carte textile provient d'un tissu teint à la soupe de clous rouillés sur laquelle j'ai mis un liseré tissu rouge, très vintage, afin de répondre aux couleurs rouges dominantes des deux costumes.

Je suis toujours enthousiasmée par la richesse des broderies différentes d'une région à l'autre ; il y a une telle profusion de dessins  géométriques, brodés au point de croix, avec une combinaison de blanc, de rouge et de noir essentiellement, chaque motif indiquant la provenance de la personne qui porte le vêtement brodé. 

La broderie ukrainienne mérite que je lui consacre un post particulier, tout prochainement. En attendant, je te souhaite une bonne réception de ce MA, chère Nicole, et une bonne continuation. Bel été à toi.

Tournesol et papillon, pour l'anniversaire d'Annie

Mon amie Annie aime à coup sûr cette fleur magnifique qu'est le tournesol. Son attirance vers le soleil et ses riches et profondes couleurs ne la laissent pas indifférente, lorsqu'elle prend palette et pinceaux et s'installe devant une toile.
C'est aussi la fleur nationale, la fleur emblématique de l'Ukraine et je sais qu'Annie partage avec moi toute la peine et la révolte que nous inspirent les atrocités que  subissent les habitants de ce pays depuis quasiment 6 mois. 

Alors partager du beau, de la grâce avec ce papillon, et rester des êtres humains sensibles et empathiques, c'est cela l'amitié aussi. Je te souhaite un très heureux anniversaire, mon amie, et une bonne réception de ce mail-art.

L'Ukraine et ses champs de tournesols, pour l'Etre anonyme

De la laine bleue, de la laine jaune, une paire d'aiguilles, du point "de blé" (évidemment) et voilà le fond de mon mail-art pour l'Etre anonyme, afin d'y glorifier la fleur de tournesol, emblème national de l'Ukraine.
Après les problèmes du blé longtemps stocké dans les ports de la Mer Noire, plus que jamais les céréales de ce pays sont dans l'actualité : la pénurie d'huile de tournesol se fait ressentir en Europe, car  l'Ukraine est le plus gros exportateur au monde de ce liquide. Les champs de tournesol cette année sont sûrement moins nombreux et moins beaux avec les nombreux bombardements intervenus dans le Dombass et dans une moindre mesure dans les autres régions.

Espérons que les forces russes vont s'épuiser à force de piétinement,  pour cause de problèmes de logistique et de recrutement, eux qui ont tellement sous-estimé la force de résistance du peuple ukrainien.  Fasse que cette fleur du soleil, nourricière et symbolique leur apporte la paix, au plus vite!

Bonne réception à toi, l'Etre anonyme et belle continuation!

Motanka, poupée de tissu ukrainienne, pour Isabelle

Cela fait une éternité que j'ai eu des nouvelles d'Isabelle, ma voisine de l'Essonne. Je ne suis même pas certaine qu'elle s'adonne encore à l'art postal. Mais j'avais très envie de lui faire un petit coucou.

Poupée nouée traditionnelle appelée Motanka
Les poupées du monde comme les Kokeshi du Japon ou les Matriochkas de Russie, étaient son thème de prédilection ; alors maintenant que j'ai découvert la poupée ukrainienne, faite de tissu roulé et noué, totalement dépourvu de couture,  appelée Motanka,  je n'ai pas pu faire autrement que de lui en envoyer une (avec le mode d'emploi au verso, pour savoir comment en fabriquer).

J'ai utilisé pour le fond de mon mail-art un morceau de tissu teinté par mes soins à la soupe de clous rouillés, et j'ai rehaussé la carte par l'application d'un fin galon vintage, dont les tons de rouge s'allient bien avec les vêtements de la poupée.

Isabelle je te souhaite une bonne réception de cette poupée ukrainienne ainsi qu'un bel été. 

Fiancée d'antan aux roses rouges, pour Marc

Je ne connais pas encore très bien ce nouveau correspondant, mais je sais qu'il aime beaucoup les chats, et aussi qu'il est passionné de photographie et d'aquarelle, où il se défend formidablement bien . 

C'est pour cela que je suis partie d'une photographie ancienne que j'ai reproduite et sur laquelle j'ai essayé de broder à la main. Idée saugrenue ? Oui, mais j'avais  lu quelque part que cela se faisait, en broderie à la machine, j'ignorai alors dans quelle galère je m'embarquais en voulant tester ce processus.
J'adresse à Marc cette demoiselle avec son bouquet et sa couronne de roses rebrodées. Je lui demande toute son indulgence pour cet envoi d'art postal tout à fait expérimental, et je lui en souhaite une bonne réception.

Paysans ukrainiens de l'Oblast de Volhiny en tenue traditionnelle, pour Marie

Cela me fait plaisir de pouvoir envoyer à nouveau du courrier à Marie, pour la remercier de sa jolie carte postale de Bretagne.

J'ai choisi ici un groupe de paysans dont la tenue traditionnelle était encore portée au 19e siècle dans l'Oblast ukrainien de Volhiny, au nord-ouest de l'Ukraine. Les costumes sont d'une richesse extraordinaire sur le plan des broderies et des coiffures.
Tenue traditionnelle de l'Oblast de Volhiny - Photo publiée sur le blog http://folkcostume.blogspot.com/ 

Pour le fond de ma carte textile, j'ai ressorti du tissu que j'avais teinté à la soupe de clous (pour la rouille) car cela se marie vraiment bien avec le rouge, couleur majeure dans les vêtements portés, qu'il s'agisse de la broderie des tuniques ou du tissu des jupes ou ceinture. Le petit galon ancien fait aussi son effet, avec son côté suranné.

Je t'en souhaite bonne réception, Marie, ainsi qu'une belle fin d'été.

Jolie colombe de la paix, vole vite vers l'Ukraine, pour Dentellebleue

Pour garder une trace de mon travail, j'ai pris l'habitude au fil des années de m'adresser un exemplaire de ce que je produit en série.

Or,  depuis que j'ai entamé cette série "broder pour la paix" avec des colombes brodées à la main, sur un fond aux couleurs de l'Ukraine, je viens de réaliser que je ne m'étais rien fait pour moi. 

Broderie libre sur un modèle de dessin proposé au coloriage 
C'est vrai que c'est une série particulière, car tout ne peut pas partir en même temps : la réalisation d'une seule colombe est terriblement longue (quatre jours ici). Ce sera forcément aussi une série limitée à cause du peu de tissu aux bonnes couleurs que j'ai pu réunir. Je m'efforce de changer de modèles pour éviter la monotonie, il m'en reste encore quelques-unes à faire possiblement, mais pour le moment je fais une pause.

Si quelques belles colombes sont déjà parties en messagères de la paix, c'est ici la 11ème qui va jouer les filles de l'air, pour mon plus grand plaisir.

8 août 2022

Tournesol, fleur nationale de l'Ukraine, pour Nathalie

Outre le blé, le maïs, et le colza, principales céréales exportées en masse depuis les ports d'Ukraine, une autre plante est très présente dans les champs ukrainiens, car ce pays exporte massivement l'huile de tournesol (ça c'était avant la guerre!).

La fleur du tournesol est devenue la fleur nationale de l'Ukraine : j'espère qu'elle plaira à Nathalie, même si des fourmis (un peu grosses) ont envahi cette belle plante que je lui adresse. 

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Les tournesols ukrainiens, riches en symboles
La fleur nationale de l’Ukraine apparaît toujours plus comme un emblème de résistance face à l’offensive russe. En 1996, elle était associée à l’abandon de l’arsenal nucléaire ukrainien. Et a servi à dépolluer les sols après la catastrophe de Tchernobyl

«Prends ces graines. Au moins, comme ça, quand tu seras mort sur notre sol, des tournesols pourront pousser autour de toi!» Une petite dame, bonnet de laine sur la tête, apostrophe, énervée, un soldat russe à Genichesk, dans la région de Kherson, au sud de l’Ukraine. Elle le presse de glisser les semences dans sa poche, puis tourne les talons. Sur les réseaux sociaux, la scène est devenue virale. L’audace de cette femme désarmée sidère, mais son geste rappelle aussi l’importance de cette fleur pour les Ukrainiens.

La First Lady aussi : depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, le tournesol s’impose partout, comme symbole de résistance et de solidarité. Dans les cheveux des filles qui manifestent pour la paix, de New York à Paris. Sur les tracts, les habits, les pancartes ou les graffitis. Et même sur la manche droite de la robe bleue de la First Lady américaine, Jill Biden, lors du discours sur l’état de l’Union de son mari devant le Congrès. La veille, elle le portait, brodé, sur son masque anti-covid.

Le tournesol est la fleur nationale du pays, arrivée vers 1700 d’Amérique du Nord. L’Ukraine fournit, avec la Russie, jusqu’à 75-80% des exportations mondiales d’huile de tournesol, et rien qu’en 2020-2021 le pays en a cultivé 6,5 millions d’hectares, selon le Département ukrainien du développement agricole. L’Eglise orthodoxe a contribué à populariser la fleur: pendant le carême, l’huile de tournesol est vite devenue un substitut du beurre et de la graisse animale. Et les Ukrainiens sont très friands des graines.

«Voir le soleil briller à nouveau» : mais il y a surtout la scène de 1996. En juin de cette année, des responsables de la base de missiles de Pervomaysk, dans le sud de l’Ukraine, ont planté des dizaines de tournesols pour célébrer l’abandon par l’Ukraine du troisième plus grand arsenal nucléaire du monde, hérité lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. En présence des ministres de la Défense américain, russe et ukrainien.

«Il est tout à fait approprié de planter des tournesols ici à Pervomaysk pour symboliser l’espoir que nous ressentons tous de voir le soleil briller à nouveau», avait alors déclaré le ministre américain William Perry, debout sur une petite plateforme de béton dans l’ancien champ de missiles.

Des missiles nucléaires SS-19, prêts à viser les Etats-Unis, étaient enfouis sous terre à cet endroit précis, jusqu’à ce que l’Ukraine, à travers le Mémorandum de Budapest de 1994, renonce officiellement à son arsenal de plus de 1900 ogives, en l’échange d’une promesse qui résonne bizarrement aujourd’hui. Les pays signataires s’étaient engagés à «respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine». Et à «s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de l’Ukraine». Ils ont aussi promis qu’aucune de leurs armes «ne sera jamais utilisée contre l’Ukraine, sauf en cas de légitime défense ou autrement, conformément à la Charte des Nations unies».

Multiples vertus : Fallait-il voir dans ces ministres usant de leurs pelles pour planter des tournesols avant tout une formidable opération de communication version «flower power»? Pas seulement. Car des scientifiques s’accordent aussi à dire que ces végétaux ont quelques vertus.

C’est ce que rappelle notamment, sur un blog, Richard Niesenbaum, professeur de biologie à l’université privée de Muhlenberg (Pennsylvanie). Si la plante «heureuse», dont il existe 67 espèces, a des graines aux valeurs très nutritives, des pétales comestibles, des tiges qui peuvent être utilisées pour fabriquer du papier ou des vêtements, et des feuilles qui peuvent être bues en infusion et soulageraient notamment «les fièvres, la diarrhée et les affections pulmonaires», ses racines ne sont pas en reste: elles auraient des propriétés pour éliminer les radiations des sols.

«Cette technique a été utilisée pour nettoyer la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine en 1986. Les racines de tournesol sont également employées en phytothérapie pour traiter les morsures de serpent et d’araignée», écrit Richard Niesenbaum. Des tournesols ont par exemple aussi été plantés en 2011 dans le village japonais d’Iitate, après l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima, pour dépolluer les sols contaminés.

Amour inconditionnel : Le tournesol est désormais avant tout associé à la guerre en Ukraine déclenchée le 24 février par le président russe Vladimir Poutine. «La principale raison pour laquelle ce type de symboles peut devenir le signe d’une résistance populaire est qu’il n’est lié à aucun parti politique ou idéologie. D’autres symboles ont été utilisés plus tôt dans l’histoire par un camp et sont donc entachés, commente Orla Vigsö, professeur en communication à l’Université de Göteborg (Suède). Le tournesol est traditionnellement considéré comme un symbole de foi inébranlable et d’amour inconditionnel, qui sont des sentiments positifs, au-dessus du spectre politique. Une vaste résistance populaire peut donc se l’approprier. Si le symbole a un lien naturel avec le pays, cela renforce la possibilité qu’il soit accepté par une large base.»

Le tournesol s’invite notamment dans Les Fleurs de soleil du survivant de l’Holocauste et chasseur de nazis Simon Wiesenthal. En 1942, alors qu’il était interné dans un camp de travaux forcés polonais à Lemberg, il passait chaque jour devant un cimetière militaire. Sur chaque tombe de soldat nazi, il y avait un tournesol. Simon Wiesenthal était alors hanté par sa propre mort. Mais il se doutait que, le moment venu, il n’aurait pas droit à un tournesol. L’Ukrainienne qui a interpellé un soldat à Genichesk avait-elle ce livre en tête lorsqu’elle a suggéré au Russe qui se dressait devant elle de glisser des graines de tournesol dans sa poche?

Extrait d'un article de Valérie de Graffenried du 17 mars 2022 publié dans le journal Le Temps (Suisse)

La Tortue et les deux Canards, pour Michèle

Le nouveau thème de Michèle porte sur Jean de La Fontaine dont on a fêté le 400e anniversaire il y a un an, et plus particulièrement sur les animaux qu'il  mis en scène dans ses fables.

J'ai choisi d'illustrer celle de La tortue et les deux canards dont je n'avais jamais entendu parler. En faisant mes recherches je suis tombée sur des informations inattendues. Si je savais que La Fontaine s'était en partie inspiré d'Esope l'écrivain grec ancien, j'ignorai qu'il existait plusieurs versions de cette fable, notamment dans la culture orientale. Plusieurs œuvres d’art en sont le témoignage :
La Tortue et les deux Canards - Nâlandâ (ville d’Inde du Nord), bas-relief d’un temple du VIIe siècle
Les jātakas (écrits bouddhistes) ont été un sujet de prédilection pour la sculpture. L’histoire de la tortue et des oiseaux a été représentée par des bas-relief sur divers édifices religieux en Inde et à Java. Les épisodes figurés montrent les oiseaux transportant la tortue, sa chute ou encore son sort après son retour.
On trouve une représentation de ce conte dans l’un des plus célèbres temples bouddhistes d’Indonésie, sur l’île de Java, le temple Candi Mendut, qui date du IXe siècle. Les murs de l’escalier menant à la salle où trône le Bouddha sont ornés de bas-reliefs, dont l’un concerne cette histoire. Dans l’illustration ci-dessus, les oiseaux et la tortue apparaissent en haut à droite, tandis qu’au sol les chasseurs les visent avec des arcs.
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Les sources orientales de La Fontaine  
inspirées du recueil de fables animalières de l'inde traduites en arabe

A partir du septième livre de ses Fables, La Fontaine se tourne vers de nouvelles sources. Il trouve matière à inspiration dans Kalîla wa Dimna, un recueil de fables animalières né en Inde et dont la traduction arabe au VIIIe siècle sert de base à de nombreuses versions en Orient et en Occident.
Les deux chacals Kalila et Dimna BnF, Manuscrits, Arabe 3465, f.109
Dans l’avertissement qui ouvre son second recueil en 1678, La Fontaine confesse la dette qu’il doit au sage indien Pilpay qu’il prétend aussi ancien qu’Esope et assimile à Loqman, un auteur arabe mythique dont plusieurs éditions circulent alors en Europe. Les sujets inspirés de la tradition orientale ne sont néanmoins à l’origine que d’une vingtaine de fables. Parmi les plus connues figurent entre autres « la Tortue et les deux canards », La laitière et le pot au lait », « Les Poissons et le cormoran » « le Chat et le rat » ou encore « La Souris métamorphosée en fille ». Une grande partie provient de Kalîla wa Dimna, un recueil de fables animalières à la destinée étonnante.

Le livre puise sa source en Inde dans le Pañcatantra (les Cinq traités) un recueil écrit en sanscrit autour de IIIe siècle par un brahmane légendaire désigné en Occident sous le nom de Bidpaï ou Pilpay et dont il existe une version abrégée, l’Hitopadesha.

Destiné à l’éducation morale des princes, l’ouvrage met en scène des animaux qui s’expriment comme des hommes. Au VIIIe siècle, il est traduit en arabe à partir du pehlevi par Ibn al-Muqaffa’, l’un des plus grands prosateurs de son temps. Le recueil tire son nom de celui de deux chacals, Kalîla et Dimna, narrateurs et protagonistes de l’histoire. Leur parole sert de subterfuge pour enseigner les principes d’une bonne gouvernance et dispense sous une forme divertissante préceptes et morales. Les histoires, enchâssées les unes dans les autres et unifiées dans un récit-cadre à l’image des Mille et une nuits mettent en scène hommes et animaux aux propos parfois subversifs. Elles rappellent à tous les règles de la civilité et du bien vivre ensemble. La fulgurante popularité qu’ont connue ces fables laisse à penser qu’elles furent illustrées dès l’origine.

La version arabe marque le point de départ de l’exceptionnelle diffusion du texte en Orient comme en Occident : textes versifiés en arabe, traductions en hébreu, en grec, en vieil espagnol…. Deux adaptations persanes contribuent au succès du livre. Ces différentes traductions permettent au récit de voyager et de se métamorphoser au fil des siècles et des cultures. Ainsi, au début du XXe siècle, on en recensait près de deux cents versions dans une cinquantaine de langues.
Plus de soixante manuscrits en arabe, persan et turc figurent dans les collections de la BnF, s’échelonnant entre le XIIIe et le XIXe siècle. Réalisée vers 1222 en Syrie ou en Egypte, la plus ancienne copie arabe illustrée a servi de modèle à des volumes plus récents. Une autre aux couleurs plus vives date de l’époque mamelouke.

Des exemplaires en langue persane sont aussi ornementés. Les plus anciens suivent la traduction faite au XIIe siècle par Nasr Allâh Monshi, comme ces deux manuscrits du XIVe faits l’un à Bagdad, l’autre à Chiraz.
Fable: le chat et le rat - BnF, Manuscrits,Persan 377, fol. 109v,
Des volumes plus récents adoptent la version rimée de Vai’z Kashefi augmentée de nouvelles fables et intitulée Les lumières de Canope.
Fable: le cormoran et l'écrevisse - BnF, Manuscrits, Supplément persan 921, f.54
Parmi ces volumes, certains avaient déjà rejoint la bibliothèque du Roi ou la Colbertine à l’époque de La Fontaine. C’est aussi le cas de plusieurs adaptations occidentales de Kalîla manuscrites ou imprimées. Copié en 1313 pour Jeanne de Navarre, femme de Philippe IV le Bel, un manuscrit richement enluminé donne la traduction latine faite par Raymond de Béziers à partir du castillan, lui-même traduit de l’arabe. La reine meurt avant l’achèvement du volume et c’est à son mari qu’il est offert lors de l’adoubement de ses trois fils. De nombreuses éditions incunables témoignent aussi de l’immense diffusion du livre à travers l’Europe. Entre 1486 et 1489, une autre traduction latine, due à Jean de Capoue, est régulièrement réimprimée et certains exemplaires sont enrichis de couleurs ajoutées à la main. Cette version donne elle-même naissance à une traduction en allemand Das Buch der Beispiele der alten Weisen d’Anton Von Pforr.

Mais ce ne sont pas ces différents ouvrages qu’a consultés Jean de La Fontaine. Il semble que sa connaissance des fables de Kalîla wa Dimna soit passée par deux titres qui montrent à merveille le cheminement de l’œuvre à travers les langues. Le premier, Le livre des lumières ou la conduite des rois composé par le sage Pilpay indien traduit en français par David Sahib d’Ispahan est publié en 1644. Sous ce pseudonyme se cache Gilbert Gaulmin, un orientaliste réputé qui traduit du persan Les Lumières de Canope. Paru en 1666, le second, Specimen sapientiæ Indorum veterum, est la traduction faite en latin par le Père Poussines depuis la version grecque, elle-même traduite de l’arabe au XIe siècle par Symeon Seth. La Fontaine semble avoir également consulté Deux livres de philosophie fabuleuse édité à Lyon en 1579. Larivey l’avait adapté en français à partir de la version italienne de Doni faite à partir du latin. Et c’est ainsi que nourri d’un livre parti d’Inde depuis plusieurs siècles, la Fontaine renouvelle l’art de la fable jusque là cantonnée à la tradition ésopique.

Source : 350 ANS DES FABLES DE LA FONTAINE publié le 9 mars 2018 sur Gallica/BNF en mars 2018

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Un certain nombre d'objets dérivés ont été produits à propos de cette fable : par exemple, on retrouve la fameuse tortue et les deux canards sur la tapisserie ornant un fauteuil, en décor d'une assiette et sur un verre.

Source : le site une sorcière m'a dit