8 mars 2023

Un journée par an pour le droit des femmes : quelle ignominie!

Dans la longue liste des journées et semaines internationales décrétées par résolution par l'O.N.U. figure toujours et encore cette journée internationale du droit des femmes. 

Et cela me révolte chaque année un peu plus, surtout quand cela devient un prétexte pour faire de la récupération et pour s'en servir comme poudre aux yeux pour nous éviter de regarder ailleurs (et surtout pas sur la réforme des retraites si injuste vis-à-vis des femmes qu'elle va léser encore un peu plus).

Cela va être le cas en France aujourd'hui, avec l'hommage national à cette très grande dame qu'était Gisèle Halimi, décrété par notre président en quelques jours,  contre l'avis de sa famille et des membres du mouvement qu'elle a créé pour venir en aide aux femmes. Cette grande avocate, qui fit tant pour la justice, l'égalité et les droits élémentaires des femmes, nous a quitté depuis 20 mois et cet hommage aurait été plus que le bienvenu juste après sa disparition, mais pas aujourd'hui, pas dans ces conditions.

Pourquoi avoir eu l'outrecuidance de décréter une seule et unique journée dans l'année pour parler des femmes du monde alors qu'elles représentent la moitié de l'humanité sur la terre? 

Qu'est ce qui justifie cette distinction par rapport aux hommes : sommes-nous devenues une espèce à protéger en voie de disparition?  

S'il est vrai que : 
- dans nombre de pays les femmes sont rabaissées au rang de mineures, n'existant pas pour elles-mêmes sans un père, un frère ou un mari pour les représenter, 
- le droit à l'éducation, au divorce, à l'avortement, le droit à l'autonomie pour pouvoir travailler, pour pouvoir conduire, pour entreprendre est très souvent bafoué ou en net recul, 
- la naissance de filles est encore une "tare" dans certaines communautés,
- on ne compte plus les violences physiques et morales qu'elles peuvent endurer, des meurtres, des féminicides, des viols, des enfermements, des lapidations, des répudiations, des défigurations à l'acide, des excisions encore et encore... 
- etc... etc... etc... la liste est longue des misères endurées

il reste indispensable de se battre pour faire en sorte que ces pratiques et ces tortures soient rapidement éradiquées et que les civilisations conservatrices archaïques qui perpétuent de telles pratiques évoluent dans leur approche sur les femmes, mais c'est un combat de chaque jour.

Une femme n'est pas seulement un utérus et une machine à faire des enfants, destinée uniquement à satisfaire le bon plaisir des hommes! Dans l'économie de chaque pays, elles font plus que largement leur part et comptent pour beaucoup alors que la plupart ne sont toujours pas rémunérées pour leur travail (servitude) quotidien. 

Et en Occident, nous les donneurs de leçons aux pays les plus pauvres, pourquoi avons-nous toujours un tel retard dans les rémunérations à qualification et travail égal entre les hommes et les femmes? 

Et en France, parlons-en, pourquoi un tel record de féminicides sans qu'une vraie politique pour protéger les femmes qui subissent des violences conjugales soit véritablement entreprise avec des moyens autre que de belles paroles et un numéro vert? On a dénombré 146 féminicides en 2022 et déjà 23 au 4 mars 2023, et toujours aucune politique volontariste pour arrêter ce massacre.

Et quelles mesures sont prises et quels jugements vis-à-vis des violeurs et des harceleurs qui passent régulièrement à travers les mailles très très larges du filet? Beaucoup trop peu, et les peines sont bien légères, quand on ne se contente pas d'incriminer les victimes, car c'est bien connu, ce sont elles les "allumeuses"...

Alors ce n'est pas un hommage organisé à la va-vite aujourd'hui pour une grande dame que j'ai tant admirée et dont le souvenir est ainsi outragé qui va changer mon regard sur cette foutue journée!

Non décidément, aujourd'hui comme hier,  ce n'est toujours pas la fête pour les femmes de ce monde : toutes mes pensées pour mes soeurs afghanes, iraniennes, ouighour, rohingha, ukrainiennes, russes, syriennes, libanaises, turques, coréennes.... et pour toutes les opprimées, les cabossées, les outragées, les violentées sur lesquelles l'actualité ne braque pas ses projecteurs. 
Histoire(s) de femmes, 150 ans de lutte pour leur liberté et leurs droits, de Marta Breen et Jenny Jordahl - publié chez Larousse

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