28 novembre 2022

Paniers d'automne et chanson du vannier, pour Daniella

Comme j'ai appris que Daniella travaille l'osier, j'ai eu envie de lui faire un petit clin d'oeil sur son activité de vannerie que je trouve très chouette.

J'aime beaucoup les paniers de toute sorte, mais pour trouver un beau panier original de forme, bien fait et bien solide, il faut aller l'acheter chez un artisan vannier, fabricant sa production : on est alors très loin de tous ces paniers, véritables "chinoiseries" bon marché qu'on trouve absolument partout dans des magasins discount... ils ne présentent aucun intérêt, sont absolument sans âme et très peu fiables.
Photo publiée sur internet par différents sites,
impossible de remonter jusqu'à la source et au véritable auteur 

Sous l'auvent de cette maison à la campagne, il n'y a jamais assez de paniers pour stocker les légumes et fruits d'automne pour une conservation optimale en vue de la mauvaise saison. 

Sur la photo que j'ai exploitée à fond, je me suis fait plaisir en habillant la fenêtre avec des petits rideaux en dentelle...et j'aime assez le rendu.

J'espère que cela plaira aussi à ma correspondante, qui m'a beaucoup gâtée cette année -  je suis assez en retard pour lui répondre. Pour me faire pardonner, voici une poésie sur le métier du vannier, un peu triste mais si bien écrite. Bonne réception du tout, chère Daniella.

***

La chanson du vannier

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Brins d'osier, vous serez le lit frêle où la mère
Berce un petit enfant aux sons d'un vieux couplet :
L'enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,
S'endort en souriant dans sa couche légère.

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Vous serez le panier plein de fraises vermeilles
Que les filles s'en vont cueillir dans les taillis.
Elles rentrent le soir, rieuses, au logis,
Et l'odeur des fruits mûrs s'exhale des corbeilles.

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Vous serez le grand van où la fermière alerte
Fait bondir le froment qu'ont battu les fléaux,
Tandis qu'à ses côtés des bandes de moineaux
Se disputent les grains dont la terre est couverte.

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Lorsque s'empourpreront les vignes à l'automne,
Lorsque les vendangeurs descendront des coteaux,
Brins d'osier, vous lierez les cercles des tonneaux
Où le vin doux rougit les douves et bouillonne.

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Brins d'osier, vous serez la cage où l'oiseau chante,
Et la nasse perfide au milieu des roseaux,
Où la truite qui monte et file entre deux eaux,
S'enfonce, et tout à coup se débat frémissante.

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Et vous serez aussi, brins d'osier, l'humble claie
Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l'étend
Tout prêt pour le cercueil. - Son convoi se répand,
Le soir, dans les sentiers où verdit l'oseraie.

Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

André THEURIET 1833 - 1907

Aucun commentaire: