En 2025, la France, deuxième plus grand territoire maritime au monde, célèbre l'Année de la Mer, une initiative nationale visant à éveiller les consciences face à l'urgence de protéger l'Océan.
C'est le thème que j'ai choisi de développer pour illustrer mes cartes de voeux.
On connaît enfin les techniques des orques pour chasser le requin-baleine
Des images inédites révèlent
comment les orques s’y prennent pour terrasser des requins-baleines, la plus
grande espèce de poissons vivante.
Pour la première fois, des
scientifiques ont obtenu des preuves vidéo que les orques coopèrent pour
chasser les requins-baleines, la plus grande espèce de poissons sur Terre. Ces
images crues prouvent que les requins sont une composante banale du régime
alimentaire des orques et révèlent enfin comment ces dernières parviennent à
tuer ces poissons gigantesques.
Le 26 mai, Kathryn
Ayres, écologue spécialiste des requins, était en train d’accompagner un
groupe de touristes lors d’un safari océanique près de La Paz, au Mexique,
quand elle a aperçu un banc d’orques en train de nager en cercles. « Je
savais qu’un pauvre animal était dans la tourmente, raconte-t-elle. Elles
aiment jouer avec leur nourriture. »
Avec la photographe Kelsey Williamson,
Kathryn Ayres a plongé dans l’eau avec son appareil photo juste à temps pour
pouvoir immortaliser cinq orques en train d’attaquer un jeune requin-baleine de
4,80 mètres de long. Leur vidéo, publiée le 29 novembre 2024 dans la revue Frontiers in
Marin Science montre ce comportement de manière plus détaillée que jamais
auparavant.
Jusqu’à présent, seul un autre rapport scientifique avait documenté un cas
d’orques se repaissant d’un requin-baleine, au Mexique toujours, mais plus au
sud, une scène que des pêcheurs sportifs avaient prise en vidéo sans toutefois
immortaliser cette séquence de prédation dans son entièreté. Grâce aux images
tournées par Kathryn Ayres au printemps, la nouvelle étude inclut des photos et
des vidéos documentant trois autres cas d’orques harcelant ces poissons
gigantesques dans le golfe de Californie, au Mexique. Le premier cas, qui date
de 2018, a été filmé par un groupe de touristes sur le point de plonger avec
des lions de mer sur une île rocheuse au nord de La Paz. (Ils sont restés sur
leur bateau lorsque l’attaque a commencé). Les deuxième et troisième cas ont
également été documentés par des touristes, en 2021 et en 2023.
Désormais, grâce à toutes ces
photos et vidéos probantes, les scientifiques sont en mesure de décrire de
manière exhaustive comment les orques mettent à mort ces proies énormes.
Comment les orques unissent leurs forces
D’abord, les orques percutent à
plusieurs reprises un requin-baleine nageant lentement pour l’assommer. Quand
le poisson perd l’équilibre, les orques unissent leurs forces pour le retourner
et exposer son ventre vulnérable. « On a entendu le craquement du coup
fatal [qui a neutralisé le requin] », se souvient Kathryn Ayres. Ensuite,
les orques arrachent les nageoires pelviennes du requin-baleine, ce qui provoque
une hémorragie mortelle. Puis elles dévorent les organes du poisson, y compris
son immense foie. C’est à la fois macabre et efficace. Même des oiseaux ont
profité de cette curée et ont plongé pour aller dérober des morceaux de viande.
« Il pleuvait du requin-baleine »,
Une orque répondant au nom de Moctezuma, aperçue pour la première fois en 1992, a participé à trois de ces quatre cas de prédation. Ce mâle est peut-être le fils de l’une des matriarches du banc et tient peut-être ses techniques de chasse d’elle. Souvent se joignent à lui quatre ou cinq femelles ou jeunes orques qui, dans un cas, ont initié une attaque sans lui.
Les orques de groupe, surnommé
« banc de Moctezuma », semblent se spécialiser dans la chasse aux
poissons cartilagineux. Elles s’en prennent également aux raies pastenagues,
aux raies du diable pygmées (Mobula munkiana) et aux requins-bouledogues (Carcharhinus
leucas) au large de la Basse-Californie du Sud. (Le nom Moctezuma vient de
celui d’un célèbre empereur aztèque. Les femelles du groupe ont également reçu
des noms aztèques, comme Quetzali, Niich ou Waay, prénom qui signifie
« sorcière » en maya et qui vient de sa nageoire dorsale en forme de
chapeau pointu).
Le penchant de ce banc pour les
requins-baleines est peut-être unique en son genre. « Je n’ai jamais
entendu parler de requins-baleines ciblés par des orques où que ce soit dans le
monde », s’étonne Simon Pierce, spécialiste de la conservation des
requins-baleines et directeur exécutif de la Fondation pour la mégafaune marine
qui n’a pas pris part à la présente étude. « Mais j’imagine mal un
requin-baleine avoir la moindre chance de s’en sortir si un groupe d’orques
décide de s’en prendre à lui. »
Les requins-baleines se rebiffent
Le golfe de Californie est connu pour être un repaire de requins-baleines et, en particulier, de spécimens juvéniles qui se rassemblent pour se nourrir dans la baie de La Paz chaque automne et jusqu’au printemps. Ces requins plus jeunes « peuvent faire preuve de naïveté par rapport à ce genre de prédateurs », explique Simon Pierce. Et c’est peut-être précisément pour cela que les orques les ciblent. Les quatre attaques documentées se sont toutes produites en avril ou en mai, à la période où les requins-baleines délaissent le cadre protégé de la baie pour migrer vers le sud.
Les requins-baleines sont de
gentils géants, ils se nourrissent exclusivement de plancton minuscule qu’ils
aspirent avec leur bouche de 90 centimètres de large. Mais cela ne
signifie pas pour autant qu’ils se laissent facilement tuer. Les adultes
peuvent atteindre une taille de 18 mètres, soit la longueur d’une piste de
bowling. Même les jeunes spécimens sont déjà plus grands que des prédateurs
tels que le grand requin blanc (Carcharodon carcharias) ou le requin-tigre (Galeocerdo
cuvier). Quand les requins-baleines dépassent les 4,50 mètres, « je pense
que seuls les orques peuvent les attaquer », déclare Francesca
Pancaldi, biologiste marine et co-autrice de la nouvelle étude.
Leur peau, en particulier celle
du dos, qui est trop dure pour être transpercée par les dents des prédateurs,
compte parmi les plus épaisses du règne animal. Quand il est menacé, un requin-baleine
tourne le dos au prédateur. Mais cette défense ne fonctionne qu’en présence
d’un seul assaillant, et non face à un banc entier.
Selon Simon Pierce, un requin-baleine peut également « plonger en piqué » pour échapper aux menaces et se laisser couler à des profondeurs pouvant dépasser 1 800 mètres. Pour contrer cette défense, les orques du groupe de Moctezuma percutent et frappent un requin-baleine à plusieurs reprises pour le faire remonter vers la surface durant leur attaque. Cela permet aux orques de respirer durant l’assaut et d’empêcher le requin-baleine de s’échapper dans les profondeurs.
Un haut-lieu de la chasse au requin-baleine
L’une des raisons pour lesquelles
les étonnantes parties de chasse sous-marines du groupe de Moctezuma ont pu
être documentées est le nombre de touristes qui affluent en Basse-Californie
pour nager avec les requins, les baleines et d’autres animaux marins
charismatiques. Au fil des années, pêcheurs de la région et guides touristiques
ont envoyé des vidéos et des photos à Erick Higuera, biologiste marin et photographe sous-marin,
lui aussi co-auteur de l’étude. Il étudie les orques qui se nourrissent de
requins et de raies en Basse-Californie depuis 2008.
Après avoir vu les images de la
première attaque, Erick Higuera et Francesca Pancaldi ont formulé l’hypothèse
que les orques ciblaient la zone pelvienne vulnérable des requins. Mais puisque
les premiers cas documentés ne montraient pas de séquences de chasse dans leur
entièreté, ils ne pouvaient pas affirmer avec certitude que les orques
ciblaient bien ce point faible… jusqu’à ce que Kathryn Ayres et Kelsey
Williamson soient assez chanceuses pour arriver à filmer une attaque et à
« enfin compléter le puzzle », ainsi que le formule Erick Higuera.
Maintenant que l’on sait où
regarder, on commence à observe davantage d’affrontements entre orques et
requins-baleines. Il y a quelques semaines à peine, des touristes et des guides
ont aperçu le banc de Moctezuma s’en prendre à un jeune requin-baleine deux
jours de suite.
Si presque tous les
requins-baleines évoluant près de La Paz sont de jeunes spécimens, selon
Francesca Pancaldi, « les orques sont assez intelligentes pour abattre un
grand requin-baleine aussi », comme les spécimens adultes de neuf mètres
qu’elle a vus plus au nord dans le golfe de Californie.
Personne n’a pour le moment vu
d’orque tuer un requin-baleine adulte. Tuer un adulte pleinement développé,
voilà qui donnerait lieu à « une bataille épique », selon Erick
Higuera. Et cela nécessiterait la collaboration de plusieurs orques. Mais
puisque les orques peuvent tuer une baleine bleue (Balænoptera musculus), on
peut raisonnablement penser que le prédateur ultime des océans peut s’en
prendre au plus grand poisson du monde également.
« Il nous faudra le
prouver », reconnaît Erick Higuera. Et donc attendre que soient tournées
de nouvelles vidéos par des personnes se trouvant au bon endroit au bon
moment.
Source : article de Brianna Randall publié le 1er décembre 2024, sur le site nationalgeographic.com https://www.nationalgeographic.fr/animaux/on-connait-enfin-les-techniques-des-orques-pour-chasser-le-requin-baleine-predatrices-sans-pitie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire