30 janvier 2025

D186 - Des feuilles-dentelles et du bleu pour la chambre peinte par Suzanne Valadon, de la part d'Ouiza

Deuxième courrier reçu ce jour de ma nouvelle correspondante iséroise, et c'est encore 'un must" : un grand merci à toi Ouiza pour cette magnifique enveloppe réalisée pour m'adresser tes voeux.

Pour célébrer l'entrée dans l'année 2025, tu t'es focalisée sur la Terre, bleue comme une orange a dit le poète. Avec cette feuille-dentelle teintée de bleu composée de plusieurs couches de feuilles mortes d'un même gabarit où les morsures du vent, de la pluie, des pas qui les ont foulés ont emporté certaines parties, laissant entrevoir une composition unique, tu portes le message de la beauté et de la poésie de cette nature qui nous entoure... prenons-en soin, sachons toujours la regarder et la respecter.

Pour compléter l'envoi, un rectangle végétal près du timbre, tout embelli de fil d'argent laisse comme une trainée de lune sur l'enveloppe et rappelle la broderie métallique placée à la base de la feuille dentelle.

Il y a beaucoup d'informations sur cette réalisation : j'en termine par le magnifique faux-timbre d'artiste faisant la part belle à cette peinture de Suzanne Valadon dite "la chambre bleue, oeuvre mise partout à l'honneur en ce moment,  parce qu'une exposition est dédiée à cette femme-peintre au Centre Pompidou depuis le 15 janvier et jusqu'au 25 mai 2025.

"La chambre bleue" 1923. Suzanne Valadon.
Comme tant d’autres, méconnue parce que femme, Suzanne Valadon (1865-1938), née Marie-Clémentine Valade, n'a eu comme hommage pour son 150 ème anniversaire, que celui de figurer sur un timbre-poste. Trop longtemps reléguée par la postérité à son statut de mère de Maurice Utrillo et de « Muse de Montmartre », Suzanne est pourtant l’une des peintres les plus avant-gardistes de la fin du XIXe siècle. Ses œuvres bouleversent la représentation du corps féminin et marquent une rupture avec l’hyper-sexualisation de la femme prolétaire, motif pictural prégnant du XIXe siècle, de l’impressionnisme au postimpressionnisme. Son origine de classe, souvent ignorée par l’indigente littérature qui lui est consacrée est essentielle dans la compréhension de son œuvre. Fille de prolétaires, elle est entrée dans le très patriarcal milieu artistique parisien en tant que modèle. Comme le souligne l’historienne d’art féministe Patricia Mattews : « Sa double expérience qui l’a amené à poser comme un corps sous un regard masculin, et comme artiste naissante, à scruter le processus qui transforme et positionne un corps en un objet du regard sur la toile a eu des conséquences significatives sur son attitude à l’égard de sa propre image des femmes et du corps féminin ».
Les œuvres de Suzanne Valadon sont émancipatrices en ce qu’elles permettent une véritable réappropriation picturale. Sur ce tableau la rupture avec le genre est frappante : le regard est ailleurs, le corps n’est pas offert mais incarné, loin des représentations fantasmées. Les femmes prolétaires, comme celle représentée sur cette toile, sont loin des clichés misérabilistes, qui véhiculent une autre forme de soumission à un regard voyeur et condescendant.
Berthe Morisot, la grande peintre impressionniste qui l’a précédée, n’est jamais allée aussi loin que Suzanne Valadon dans la rupture avec les conventions. Elle représente essentiellement des femmes de son milieu dans des occupations domestiques et convenues.
Femme révolutionnaire, Suzanne Valadon ne figure pas au Panthéon de la peinture, mais est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Source : Instagram Emma Duhem

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