Voici pour Fabienne une maman chimpanzé et son jeune en pleine découverte du chant vocalise pour communiquer.
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Une mère chimpanzé vocalise en s’occupant de son enfant, qui apprend ainsi à communiquer. © Ronan Donovan |
Lorsque nous discutons, une part importante de la communication est non verbale, que ce soit par le biais de mouvements du corps ou par les expressions faciales. Chez les grands singes, comme le chimpanzé, elle passe également par un ensemble de vocalisations et de comportements non verbaux. Les scientifiques s’accordent sur le fait que, chez l’humain, la communication est essentiellement acquise, notamment par imitation. Qu’en est-il chez les grands singes ? Joseph Mine, de l’université de Rennes, et ses collègues ont étudié le comportement de chimpanzés pour répondre à cette question. Leur travail, publié dans Plos Biology, montre que cette capacité est également acquise et plus précisément grâce à la mère.
Les chercheurs ont examiné le comportement d’une soixantaine d’individus de la communauté de chimpanzés Kanyawara, qui vivent dans un territoire de 15 kilomètres carrés dans le parc de Kibale, en Ouganda, mettant ainsi de côté le facteur environnemental dans leur étude. Ils ont analysé des vidéos recueillies entre juin 2014 et mars 2015, et y ont identifié 13 types de signaux de communication sonore. Leurs analyses se sont concentrées sur les 7 les plus représentés, comme les grognements, des petits sons « hoo » ou des cris. Joseph Mine et son équipe ont ensuite compté le nombre de fois où ces signaux sonores étaient associés à des comportements non verbaux, parmi les 31 identifiés, lors de chaque « prise de parole ».
Il en ressort que plus des chimpanzés sont proches généalogiquement par leur mère, plus ils ont une utilisation similaire des gestes dans leur communication. La proximité généalogique par la branche paternelle, quant à elle, n’est que très peu liée à la manière qu’ont les singes de communiquer.
Plusieurs explications sont possibles. Une première serait que la façon de communiquer soit portée par le chromosome X. Mais dans ce cas, les similitudes avec la mère devraient être plus importantes chez les mâles, ce qui n’est pas le cas. Une autre possibilité serait que ces comportements soient portés par l’ADN mitochondrial, qui se transmet par la mère. Mais l’implication de ce dernier au-delà de la physiologie cellulaire n’a jamais été mise en évidence, de sorte que Jospeh Mine et ses collègues jugent cette hypothèse peu probable.
Au final, les biologistes en concluent alors que les comportements de communication doivent être acquis. Leurs similitudes avec ceux de la mère s’expliqueraient par le fait que, chez les chimpanzés, elle élève seule sa progéniture. C’est donc principalement son comportement qui est imité et intégré lors de l’apprentissage.
Jospeh Mine et ses collègues soulèvent cependant une limite de leur étude. Seule la proportion d’utilisation simultanée de signaux de communication verbaux et non verbaux a été mesurée. Pour pouvoir préciser l’importance de l’apprentissage, il faudrait, selon eux, disposer d’une description plus détaillée de cette communication, retraçant les différentes catégories de vocalisations et de gestes effectués par les singes.

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