20 novembre 2025

CH33 - De nouvelles mines de fer en Guinée menacent les chimpanzés, pour Victoria et Samy

Voici pour Victoria et Samy un chimpanzé dressé debout sur les branches d'un arbre. Il a raison d'être vigilant vu ce qui se trame tout près dans le massif du Mont Nimba!

Un chimpanzé d’Afrique occidentale en Guinée. Image par FC Aboubacarkhoraa via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).

*** Guinée : Les chimpanzés menacés par la ruée vers le fer «vert» ***
extrait d'un article de Juliette Portala  du 7 mars 2024  sur le site ttps://fr.mongabay.com/2024/03/guinee-les-chimpanzes-menaces-par-la-ruee-vers-le-fer-vert/sur 

En décembre 2023, le géant minier anglo-australien Rio Tinto a annoncé qu’il avait prévu de dépenser 6,2 milliards de dollars pour exploiter une mine à haute teneur en fer dans le massif du Simandou, à l’est de la Guinée, le début de la production étant prévu en 2025. La somme colossale souligne l’importance du projet : après 25 ans d’arrêts et de démarrages, si elle répond à l’objectif de Rio Tinto d’exportation par voie maritime de 60 millions de tonnes par an, la mine du Simandou sera l’une des plus grandes mines de fer de la planète.

Rio Tinto Simfer, l’entreprise commune du géant minier avec l’entreprise chinoise de Chalco Iron Ore Holdings et la junte militaire au pouvoir en Guinée, sont en passe d’empocher une manne financière grâce au gisement qui est d’un degré de pureté rare de plus de 65 %. Le minerai sera donc adapté à la fabrication d’acier à partir d’hydrogène vert, ce qui garantit qu’il sera très demandé par les entreprises qui cherchent à abandonner les hauts fourneaux à charbon pour atteindre leurs objectifs de neutralité carbone.

Non loin de là, dans le massif du Nimba, un autre projet de mine de fer retardé depuis longtemps se met doucement en place. La Société des mines de fer de Guinée (SMFG), une filiale de l’entreprise américaine High Power Exploration (HPX), réalise des études de faisabilité. Si elles arrivent à produire à pleine capacité, les mines des massifs du Simandou et du Nimba feront de la Guinée l’un des principaux pays exportateurs de fer à haute teneur au monde.

Mais, les défenseurs de l’environnement disent qu’en plus des communautés vivant à proximité des mines, les chimpanzés d’Afrique occidentale (Pan troglodytes verus) en danger critique d’extinction en Guinée pourraient compter parmi les victimes de cette nouvelle ruée vers le fer. Au moins 136 chimpanzés vivent du côté guinéen du massif du Nimba, qui comprend une partie de la Réserve naturelle intégrale du mont Nimba, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Simandou abrite plus de 700 autres de ces grands singes, et en 2021, un consortium chinois basé à Singapour qui détient les droits d’exploitation des blocs miniers voisins de ceux de Rio Tinto a suscité un tollé après avoir percé un tunnel ferroviaire avec des explosifs sous leur habitat.

Environ deux tiers des derniers chimpanzés d’Afrique occidentale vivent en Guinée. Aujourd’hui, alors que le minerai de fer est sur le point de devenir le principal produit d’exportation du pays, et que les chimpanzés sont déjà confrontés à des pressions liées au développement d’autres projets miniers et d’infrastructures ailleurs, des difficultés se profilent pour un grand nombre d’entre eux. « Même si l’exploitation de la mine [du Nimba] est bénéfique pour la Guinée dans un sens, elle aura un impact considérable sur l’environnement naturel et social, d’autant plus qu’il y a des espèces en danger dans cette zone, notamment des chimpanzés et des crapauds , qui sont sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature », a dit à Mongabay Abdoulaye Gonkou Bah, directeur général du groupe environnemental Agir contre le réchauffement climatique (ACOREC).

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