Corinne m'envoie du Jura un mail-art textile de toute beauté fait d'une carte postale ancienne qu'elle a magnifiquement embellie : on y trouve presque tout ce qui composait la boite à couture de nos grands-mères d'autrefois, le temps où la mode et la fast-fashion ne nous avait pas encore envahies.
Dentellebleue s'éclate avec le mail-art
Blog d'art-postal, essentiellement textile , créé pour satisfaire toutes mes envies de couture, broderie, embellissement, collages et autres fantaisies... en les appliquant aux univers riches et variés induits par les timbres postaux. Il peut m'arriver d'y noter mes coups de coeur pour des expositions ou des artistes, sources d'inspiration ou d'émotions. BIENVENUE!
20 octobre 2025
Mariage réussi entre carterie vintage et mercerie surannée, de Corinne
Si tous les gars du monde voulaient se donner la main, pour Sylvie
Si je vous dis "macramé', dans la mémoire collective cela évoque surtout les suspensions en cordelette nouée supportant des plantes dans les intérieurs des années baba-cool. Pourtant c'est bien plus que cela.
Le macramé, l'art moderne de décorer des nœuds, serait né chez les tisserands arabes du XIIIe siècle qui ont commencé à faire des nœuds décoratifs pour fixer les extrémités libres des textiles tissés, comme les serviettes et les châles. La signification originale du Migramah arabe, duquel le mot « macramé » est dérivé, peut être rendue par «serviette rayée», «frange ornementale» ou «voile brodé».
Aujourd'hui, cette technique est revenue au goût du jour et des artistes l'ont incroyablement modernisé comme par exemple Adriana Lazzari dont la chaine Youtube regorge de tutoriels sur le micro-macramé.
Mon amie Sylvie pratique régulièrement cette technique et élabore de magnifiques compositions très fines et raffinées dont vous avez eu quelques aperçus dans les mail-arts qu'elle m'a précédemment adressé. Alors j'ai décidé de créer pour elle de l'art postal en mélant une superbe création d'Adriana que j'ai inséré dans une composition textile et brodée et les paroles d'une chanson humaniste.

![]() |
Oeuvre originale d'Adriana Lazzari vue sur Pinterest |
C'est en visualisant cette oeuvre extraordinaire que m'est revenue en tête une chanson de ma jeunesse : une utopie à laquelle on aimerait pouvoir croire, surtout en ce moment où jamais la haine entre les peuples n'a jamais été aussi exacerbée et la xénophobie aussi présente. Mais peut être pour ces raisons-là qu'il peut être sain de la réécouter.
Anastasie et sa paire de ciseaux, pour Stéphanie
![]() |
Extraits de journaux censurés trouvés sur le site Gallica, Anastasie est une caricature signée par André Gil |
Du rap, des râpes, et deux rappeurs qui ne "dérapent" pas dans la vraie vie, pour Christian
![]() |
Composition élaborée à partir de la photo d'une collection de vieilles râpes à fromage (sans nom d'auteur) et silhouette de rapeur découpée dans du papier de verre |
JE SUIS par BigFlo et Oli (2015)
Je suis
Enfermé, à l'étroit dans ma cellule
Tous les jours le même café mais c'est le temps qui est soluble
Ces bonnes actions que l'on regrette
Ces erreurs que l'on refait
Au parloir je parle autant à mon fils qu'à mon reflet
Je suis
Gelé, j'enchaîne les verres et les hivers
Pour se rassurer les passants doivent tous penser que l'on hiberne
Bercé par le son des pas et le bruit des pièces dans les poches
Entre ce type et mon chien, je me demande de qui j'suis le plus proche
Je suis
Riche, ils veulent me faire croire que c'est une honte
Comme si j'étais responsable de toute la misère du monde
Moi j'dois rien à personne, même si l'argent vient à manquer
Ils veulent tous goûter au fruit de l'arbre que j'ai planté
Je suis
Malade, mais j'préfère dire "futur soigné"
Mes pupilles fixent l'aiguille de la montre qui brille sur mon poignet
A l'étroit dans mon corps, j'regarde le monde par le trou d'la serrure
Les gens diront que je n'ai fait qu'agrandir celui de la Sécu
Je suis
Croyant, on me reproche souvent de l'être
On me reproche ma barbe pourtant j'ai la même que Jean Jaurès
On me compare à des barbares auxquels je n'ai jamais cru
Les mosquées sont trop petites alors parfois je prie dans la rue
Je suis
Un peu perdu, mes p'tits poumons se remplissent d'air
Nouveau venu sur Terre
Mes premières larmes déclenchent celles de mon père
Une chance, auprès de ma famille je m'sens à ma place
Mais je n'oublie pas que j'aurais pu naître dans la chambre d'en face
Je suis
Seul, au fond d'un couloir, on demande pas mon avis
J'ai pris de l'âge donc voilà j'ai bien plus de rides que d'amis
J'aimerais partager mes erreurs, vous faire part de mes doutes
Parfois j'me parle à moi-même pour être sûr que quelqu'un m'écoute
Je suis
Épuisé, mais plus pour longtemps j'en suis sûr
Les sonneries de téléphone, la pression ont élargi mes blessures
J'me souviens pas d'la date de mon dernier fou rire
Je suis un homme bientôt je serai un souvenir
Je suis
Enfin là, cette terre n'est plus un mirage
Je suis, arrivé par bateau mais surtout par miracle
Une nouvelle vie m'attend ici, bien plus calme et plus stable
Ce matin j'ai écrit "tout va bien" au dos de la carte postale
Je suis
Fier, mais comment vous décrire tout ce que j'ressens
Quand je marche en ville, de moins en moins de gens me ressemblent
Dans l'ascenseur, je parle même plus la langue de ma voisine
A force de planter des arbres, y'aura plus d'places pour nos racines
Je suis
Fatigué, mal au dos et mal aux reins
Les rides sur mon visage me rappellent les montagnes de là où j'viens
On m'a menti, et c'est trop tard que je l'ai compris
On dit qu'ce pays n'est pas le mien alors qu'c'est moi qui l'ai construit
Je suis
Assis, et le destin a fait que j'me relèverai jamais
Dans cet océan j'ai l'impression d'avoir toujours ramé
Un casse-tête pour monter dans le bus
Aller au taff, passer leurs portes
Souvent les gens me regardent et me répondent que c'est pas de leur faut
e
Je suis
Heureux, jeune diplômé
Esprit bétonné, j'ai étonné
Ceux qui rêvaient de me voir abandonner
Ma famille est loin d'ici, j'espère que là-bas ils sont fiers
Je viens de gagner le combat qu'avait commencé ma mère
Je suis
Confiante, j'regarde ma classe un peu trop pleine pour moi
Et j'leur tiendrais la main jusqu'à ce que la réussite leur ouvre les bras
J'ai compris que parfois, les adultes sont paumés
Parce que les plus grandes leçons c'est eux qui me les ont données
Je suis
Énervé, dans mon quartier on s'ennuie loin de la ville
On écrit, on prie, on crie et j'ai des amis qui dealent
Mon grand frère est au chômage, mon pote se fait 5000 par mois
Au collège c'est le bordel, bientôt j'devrai faire un choix
Je suis
Loin, ce qu'il se passe chez moi n'intéresse pas grand monde
Pour les autres on vit un rêve mais pourtant souvent on tourne en rond
Tout est cher, avec le continent y'a comme une latence
La plage, les palmiers, mais moi j'suis pas en vacances
Je suis
Discrète, mon père m'a dit de ne pas faire de vague
Ma religion, un phare guidant mes pas depuis qu'j'ai mis les voiles
C'est drôle qu'il me surveille mais qu'il fasse tout pour
Me donner une leçon en m'empêchant d'aller en cours
Je suis
J'reçois des leçons par des types qui ne font rien pour leur prochain
L'humanité n'a pas plus d'coeur, j'vois le monde qui tourne et qui change
Amoureux, et je vois pas qui ça regarde
A part moi et celui avec qui j'partage mon lit le soir
Je l'aime, on slalome entre les insultes et les blagues
Dire qu'il y a peu de temps je n'avais pas le droit de lui offrir une bague
Je suis
Oublié, mes fins de mois se font sur le fil
C'est devenu rare d'aller au restau ou d'aller voir un film
Je suis qu'un chiffre, qu'un vote, qu'une statistique, un point de plus dans la foule
Moi j'suis juste né ici et j'ai l'impression que tout le monde s'en fout
Je suis
Un rendez-vous, un hasard, un match de foot, un mariage
Une manif', un anniv', une accolade, une bagarre
Une scène de crime, un jugement, un gosse qui rit, une erreur
Une montagne enneigée, je suis la pointe de la plume d'un auteur
Les flemmards, les couche-tard, les lève-tôt
Les râleurs, les regards dans l'métro
Un oncle raciste, un concert vide, la crise, la déprime qui ressert l'étau
Je suis
Ces campagnes dans l'silence, ces grandes villes immenses et denses
Je suis, un peu de moi et beaucoup des autres quand j'y pense
Je suis, la France
Paroliers : Augustin Charnet / Clement Libes / Florian Ordonez / Olivio Laurentino Ordonez
Paroles de Je suis © BMG Rights Management, BMG Rights Management (france), Warner Chappell Music France
Avec JR photographe et réalisateur, l'Art brise les frontières
Artiste engagé, ses photos monumentales en noir et blanc recouvre les murs de Paris à New York en passant par Rio de Janeiro et Shanghaï.
![]() |
JR – Kikito – 2017 |
- De l’art traditionnel mexicain au border-art contemporain, tirons le fil de l’Histoire de l’art à la frontière mexicano-américaine. Frida Kahlo et Diego Rivera y ont déposé leurs empreintes.
- les frontières au défi du 21e siècle
- Document éducatif sur les frontières
![]() |
Migrants, Mayra, Picnic across the border, Quadrichromie, Tecate, Mexico - U.S.A., 2018 - auteur JR |
Etivaz, le fromage du Pays-d'en-Haut, pour Tony
Petite réminiscence pour Tony qui a passé cinq semaines ce dernier été, dans le Pays-d'en-Haut, dans le canton de Vaud.
Tandis que son épouse Stéphanie était en résidence au Musée du Papier Découpé de Suisse, Tony a fait le choix de visiter les éleveur producteurs de fromage dans les alpages, notamment le fromage Etivaz dont je n'avais jamais entendu parler auparavant (et que j'ai goûté, l'étiquette de l'emballage le prouve mais acheté ici, il n'avait sûrement le bon goût original d'un fromage élaboré puis dégusté sur place).
L'Etivaz a reçu son AOP en 2013.L’Etivaz est un fromage d’alpage à pâte dure pressée et cuite, fabriqué exclusivement dans des chaudrons en cuivre chauffés au feu de bois durant l’estive (entre le 10 mai et le 10 octobre). Il est élaboré à partir du lait cru fourni par plus de 2800 vaches, réparties sur 130 alpages situés entre 1000 et 2000 mètres d’altitude.Il n’existe plus qu’environ 70 producteurs familiaux, qui à eux seuls produisent 420 tonnes de fromages par an (soit 16 000 pièces). Dès la mi-mai, les familles rejoignent le chalet, souvent sans électricité ni grand confort et redescendent au fil de la saison. Leur objectif : emmener les bêtes dans les plus beaux pâturages jusqu’à leur retour dans la vallée en octobre.La production est ainsi très artisanale, tout en répondant tout de même à des normes strictes. La fabrication de L’Etivaz demande le respect du savoir-faire avec des gestes traditionnels précis, dont l’apprentissage est transmis de génération en génération dans chaque famille.La zone de production AOP est située sur 10 communes suisses des Alpes vaudoises : Château d’Oex, Rougemont, Rossinière, Villeneuve, Ollon, Ormont-Dessus et Ormont-Dessous, Corbeyrier, Leysin, Bex. Ils se concentrent essentiellement sur le Pays d’Enhaut et la vallée de l’Hongrin. Le massif préalpin est propice à l’élevage et révèle une grande diversité de terroir, avec des herbages variés qui viennent aromatiser le goût du fromage.Comment est produit L’Etivaz ?L’alimentation des vaches est composée uniquement des herbages du pâturage. Le lait servant à la fabrication du fromage provient uniquement de la traite au chalet, transformé dans la même exploitation. Celui du matin est versé dans la grande chaudière en cuivre puis sera complété par celui du soir, naturellement écrémé.La présure, préparée par le fromager et ensemencée de bactéries lactiques naturelles, va faire cailler le lait dans le chaudron. Le caillé est divisé en grains fins (comme du blé) et le mélange caillé et petit-lait sera brassé continuellement puis chauffé dans le foyer.Le producteur (souvent aidé par sa femme) passe un tissu sous les grains d’un geste maîtrisé pour égoutter une première fois. Le tout est introduit dans un moule garni d’une toile en lin. Le fromage est alors mis sous presse et le petit-lait, par pression, s’écoule. Plusieurs retournements sont effectués. Les meules resteront sous presse jusqu’au lendemain matin.Affinage des fromages : Les meules de L’Etivaz sont conservées à l’alpage pendant 7 jours, entre 10 °C et 16 °C sur des tablars d’épicéa.Elles seront apportées aux caves de la coopérative à L’Etivaz le plus tôt possible puis elles seront trempées pendant 24 heures dans la saumure. Le fromage y sera salé et brossé régulièrement, puis stocké sur des planches d’épicéa et retourné tous les 5 jours.L’affinage en cave dure au minimum 5 mois (135 jours).Après 6 mois, certaines meules (environ 800 à 1000 pièces par an) sont choisies et stockées dans un autre grenier pendant 30 mois au minimum. Elles seront démorgées (la croûte sera retirée manuellement) puis frottées avec de l’huile végétale. Au terme de la période de stockage, les meules sont passées au rabot et formeront L’Etivaz à rebibes.
La désalpe en pays vaudois est prévue le 27 septembre cette année. Sur la photo, en 2022, la date avait été avancée car l'herbe devenait insuffisante, à cause de la sécheresse et de la forte chaleur |
Figurines féminines, ex-voto d'Egypte, pour Fabienne
![]() |
Composition en partant du haut d'une carte de l'Egypte ancienne complétée par les quatre poupées du Gebel el Zeit |
Le Gebel Zeit est riche en galène dont les mines ont été exploitées dès le
deuxième millénaire avant J.-C..
C'est à partir de ce minerai - qui est un composé cristallisé de sulfure de
plomb - que l'on obtient le kohl. Son utilisation la plus connue est bien sûr
le maquillage, ce noir, qui souligne de façon si reconnaissable les regards de
l'antiquité égyptienne. Ce qui est plus méconnu c'est qu'il possède également
de grandes vertus guérisseuses des infections oculaires. D'autre part :
"dès l’Ancien Empire, on utilise la galène comme fond pour fixer les
couleurs dans les monuments précisent Francis Janot, Philippe Vézie dans
"Les charmes de la galène".
Les missions menées sur le site, de 1982 à 1986, par l'IFAO ont révélé :
"deux vastes secteurs de mines pharaoniques ainsi qu'un habitat et un
sanctuaire… Durant plus de 800 ans des expéditions se sont succédé
régulièrement à Gebel el-Zeit à partir de la ville de Coptos en Haute Égypte
pour ramener le précieux minerai. La fouille de l'Ifao a permis aux
archéologues de mieux connaître les techniques minières de la Haute Antiquité
ainsi que la vie quotidienne et les pratiques religieuses des hommes qui vivaient
sur le site… Les expéditions qui se rendaient à Gebel el-Zeit, région
inhospitalière et sans eau, traversaient le désert oriental en emportant avec
elles le ravitaillement, les outils et le mobilier cultuel nécessaire à la
bonne marche de la mission".
En effet, dans l'Egypte antique, la religion était omniprésente, et des
sanctuaires ou lieux de cultes, étaient installés près de toute communauté.
Au Gebel Zeit, on honorait Horus et Min, mais le temple principal était
dédié à Hathor qui, en ce lieu, vraisemblablement en signe
"d'appropriation" était dénommée "Déesse de la Galène".
Hathor est en effet "érigée" en maîtresse de nombreuses pierres
précieuses ou semi-précieuses, ainsi, près des mines de turquoises, était-elle
adorée sous le titre de "Maîtresse de la turquoise".
Les fouilles mettront au jour de nombreux artefacts, notamment des stèles
et des ex-voto. C'est dans un enclos circulaire situé près du sanctuaire
d'Hathor qu'une découverte, aussi originale qu'extraordinaire sera faite : il
s'agit d'un ensemble de poupées de terre cuite d'une esthétique très
particulière.
"L'offrande la plus représentative du sanctuaire est une figurine
féminine dont les traits du visage sont extrêmement primaires : deux traits
incisés pour les yeux, un trait pour la bouche, un nez en forme de museau, pas
de front mais une chevelure élaborée. Les parties sexuelles, pubis et seins
sont fortement marquées. Des incisions circulaires figurent des ceintures et
des colliers disposés sur les corps nus" précise l'IFAO.
Modelées dans la terre cuite, extrêmement stylisées, elles mesurent de 12 à
18 cm. Elles sont parfois parées de perles et de scarabées et il arrive
également qu'un long tissu de lin les enveloppe.
Leurs jambes sont longues, leurs bras sont droits, tendus le long du corps,
les mains reposant sur les cuisses. La taille est très marquée et une rangée de
petits trous ou pointillés se trouve au niveau de ceinture, visant
vraisemblablement à reproduire la présence de tatouages.
Si le plus étonnant demeure leur visage, leur coiffure est également très
particulière. "Au Gebel Zeit, ces figurines ont deux styles différents de
coiffure : (l) une perruque en céramique, en trois sections, trouvée sur les
figurines antérieures (Moyen Empire, Seconde Période Intermédiaire) ; et (2) un
style plus tardif dans lequel des brins de lin traversent des trous dans le
sommet en forme de disque de la tête et sont attachés à des boules d'argile et
de perles, introduites à la Deuxième Période Intermédiaire et également connues
à la XVIIIe dynastie" indique Kathryn A. Bard dans "Encyclopedia of
the Archaeology of Ancient Egypt".
D'où venaient ces poupées et quel était leur rôle ?
Pour Pascale Ballet ("Potiers et fabricants") : "Les
figurines du Gebel Zeit appartiennent à un large groupe de statuettes façonnées
selon toute vraisemblance en Haute Egypte, et plus particulièrement dans la
région thébaine".
Quant au rôle de ces statuettes votives, il est évident que, représentées
ainsi nues et malgré tout parées, elles exhalent la féminité. "Leur dimension
érotique était indéniable, sans doute destinées à assurer les réjouissances du
défunt dans l'au-delà, mais aussi vouées à stimuler sa fécondité pour lui
assurer symboliquement une descendance nombreuse, souhait fondamental pour un
égyptien, ce qui explique aussi leur présence dans des tombes de femmes".
On ne peut s'empêcher de les rapprocher de la notion de concubines du mort…
Guillemette Andreux apporte cette analyse très intéressante : "La
présence et la fonction de ces statuettes, trouvées en grand nombre dans un
lieu si reculé, intriguent. Cependant, les autres exemples ont presque toujours
été mis au jour dans des lieux désertiques où régnait la déesse Hathor : à
Sérabit el-Khadim au Sinaï, ou à Faras et Mirgissa, en Nubie. On peut en déduire
que les poupées du Gebel Zeit sont un des éléments majeurs du culte local dédié
à Hathor et qu'on a affaire à des offrandes votives présentées à la déesse des
mines et des déserts, mais aussi grande protectrice de la fécondité et de
l’amour".
Le Musée du Caire a conservé une partie du lot de figurines, et, dans le
cadre du partage des fouilles, en 1986, l'autre partie (le site
"Cartel" du musée en référence treize) a été donnée au Musée Louvre.
sources de l'article et illustrations complémentaires sur le blog égyptophile :https://egyptophile.blogspot.com - Autrice : Marie Grillot
18 octobre 2025
Le voyage en littérature : Appel à Mail-Art lancé dans le cadre des "Rencontres de la Baie" de Carantec / DLE : 20-05-2026
Je vous relaie une information de l'Etre Anonyme qui vient de tomber sur Instagram : voici un nouvel appel à mail-art pour le printemps prochain, vous avez donc tout le temps d'y réflechir.
"Les Rencontres de la Baie" c'est une association dont L'Etre anonyme fait partie, et pour leur festival annuel de littérature, ils ont eu pour la première fois l'idée de lancer un appel d'art postal sur le thème de 2026 : le voyage en Littérature..(sur l'impulsion de notre amie correspondante, évidemment).
N'ayez pas peur de vous lancer, l'Etre anonyme compte sur nous, pour cette grande première, qui sera sera suivie d'une exposition du 5 au 7 juin 2026.17 octobre 2025
"Monter à Paris" : l'émouvant récit de vie d'un jeune papa creusois chanteur, à son fiston
Je vous ai déjà parlé de cet artiste que j'apprécie beaucoup. Ce jeune creusois écrit des textes intelligents inscrits dans la vraie vie, qui très souvent mettent le doigt où cela nous fait mal, comme : ici, ou ici, encore ici, ou ici et là.
Gauvain Sers est de retour, après une parenthèse loin de la scène, le temps nécessaire pour se refaire la cerise et pour devenir papa.
Comme cela fait déjà une semaine qu'elle est sortie et que je ne me lasse pas de l'écouter, je partage avec vous le clip et les paroles de cette première chanson "Monter à Paris", prélude de son quatrième album à venir dans les prochains mois.
Il y explique à son petit gars sa trajectoire, avec beaucoup de coeur et d'amour. On y retrouve toutes les valeurs qu'il défend, surtout vis-à-vis de tous les provinciaux comme lui, les "trop loin de Paris" comme il les appelait dans sa célèbre chanson Les oubliés.
Gauvain Sers Clip officiel Monter à Paris - Vidéo sur sa chaine Youtube
MONTER A PARIS de Gauvain Sers
Dans une famille de classe moyenne
Dylan et Souchon dans la chaîne
Et pas lu Shakespeare en anglais
Dans les labyrinthes de Châtelet
On m′disait qu'c′était pas mon monde
Et que mes rêves étaient hors de prix
16 octobre 2025
Faire confiance à la jeunesse, d'Isabelle
Ah voici une enveloppe d'Isabelle, et les premières nouvelles qu'elle donne depuis sa mutation sur Limoges. Je suis contente de les lire même si je me doutais bien que ce ne serait pas simple pour elle de vivre encore un nouveau déménagement, de repartir professionnellement dans une nouvelle ville et de devoir à nouveau chercher des repères.
14 octobre 2025
MO009 - Sortie des ouvriers de l'Arsenal de Toulon, de l'Etre anonyme
![]() |
Sortie des ouvriers de l'Arsenal à Toulon sur une carte postale ancienne par la Porte Castigneau - 1903 |
Merci à l'Etre anonyme d'avoir déniché ce poème de Prévert que je connaissais déjà (mais dont je ne me lasse pas ) et de l'avoir associé à cette carte postale ancienne.
On y voit la sortie des nombreux ouvriers de l'Arsenal de Toulon où l'effectif monta jusqu'à 5000 personnes vers 1860.
Art. 1er – La suppression des entreprises et prix-faits dans l’arsenal, et que dans la fixation des fonds, celui pour le salaire des ouvriers ne donne plus lieu à cette classe précieuse de sujets, à s’expatrier et à porter leurs utiles services à la première puissance qui veuille lui donner du pain : cette émigration devient chaque jour plus frappante et les suites politiques plus à craindre. »
C’est donc dans ce climat de misère et d’effervescence politique qu’éclate l’insurrection du 23 mars 1789.
Dans le domaine politique, « les classes inférieures ont été pendant de très longues périodes des classes silencieuses ». Ce silence relatif n’a pourtant pas évité aux classes inférieures d’apparaître menaçantes aux yeux des élites, si bien que la prise de parole par le peuple est déjà une subversion historique. La Révolution française représente un moment privilégié pour scruter les ouvriers de l’arsenal. À la fin de l’Ancien Régime, le peuple est sujet et non citoyen, il forme un peuple, et même un bas peuple, sans droits politiques. Or, à partir de 1789, nous assistons à la conquête de la politique par les ouvriers de l’arsenal de Toulon : ils s’emparent des droits politiques dans les assemblées primaires, ils travaillent pour la Nation et la défense de la Patrie, ils ont conscience d’appartenir aux couches populaires. Reprenons l’exemple des événements de mars 1789. Le 23 du mois, les délégués des corporations se réunissent à l’Hôtel de Ville afin de rédiger les cahiers de doléances. Le « bas peuple » de Toulon se regroupe dans « la salle basse de l’Hôtel de Ville » mais suite à un incident à propos de l’interprétation du code électoral, les assemblées tournent à l’émeute. Les maisons des archivistes sont pillées et le piquet pour un temps suspendu. L’aspect anti-municipal est également présent : la maison du maire est saccagée, et c’est à cause de l’interprétation du règlement électoral que les catégories populaires, massivement exclues des assemblées, se soulèvent. L’émeute constitue alors un moyen de se faire représenter. La particularité de Toulon vient de ses ouvriers de la Marine qui se mobilisent avec « la plus basse classe » et profitent de l’appui des artisans, des commerçants et de leurs employés que le chômage à l’arsenal pénalise. Ils prolongent la lutte en adoptant la grève comme moyen de pression sur les institutions. « Le 25 mars les ouvriers de l’arsenal s’attroupèrent, la cloche les appela vainement au travail, ils refusèrent d’aller à l’ouvrage se plaignant avec aigreur de l’inexactitude de leur payement ». Le commandant de la Marine ne doit sa survie qu’au don de 60.000 livres versé par un imprimeur toulonnais pour le règlement de la solde des ouvriers. Et c’est en autorisant les ouvriers de l’arsenal à élire leurs propres députés que les autorités municipales désamorcent une crise profonde.
Conscience politique et conscience de classe
Revenons à la question posée dès l’introduction : comment se forme une classe ouvrière à la fin de l’Ancien Régime et au début du XIXe siècle ? Nous pensons qu’elle se forme en partie par la politisation des ouvriers.
Le premier élément fédérateur parmi ces ouvriers, nous l’avons dit, c’est le travail. Celui-ci influence les comportements au-delà des problèmes de salaires. Il touche au corps et aux mentalités par les pratiques et les techniques qu’il met en œuvre et que les ouvriers adoptent selon des normes édictées par la hiérarchie et selon un ensemble de routines destinées à s’approprier leurs moyens de productions. Il est vrai que l’arrivée des ouvriers du fer, aux dépends des ouvriers du bois, a modifié la structure de la population ouvrière toulonnaise, qu’elle a changé bon nombre de traditions, notamment en brisant les « dynasties » familiales de charpentiers et en faisant appel à des entreprises civiles possédant le savoir-faire métallurgique (un savoir-faire qui dépasse celui des chaudronniers et des fondeurs de l’Ancien Régime). Comme en témoigne l’amiral Jurien de La Gravière dans ses mémoires, « la vapeur est venue apporter dans les conditions de notre métier plus qu’un changement radical : elle a produit une révolution ; elle a bouleversé de fond en comble nos traditions, nos plaisirs, nos usages et jusqu’à nos mœurs ». Jusqu’au premier tiers du XIXe siècle, les ouvriers mécaniciens et chauffeurs de l’arsenal sont des étrangers issus de l’industrie privée et bien payés – en tout cas, mieux que leurs collègues des métiers traditionnels. Ils défendent leur savoir-faire en interdisant d’approcher des machines qu’ils conduisent, même si apparemment la plupart d’entre eux possèdent une expérience et une habileté moindres que les ouvriers anglais.
Mais le changement de mentalités est-il si mécanique et si radical ? Sewell avance que « la solidarité de classe, lorsqu’elle apparut pour la première fois au début des années 1830, fut la généralisation, la projection à un niveau supérieur de la solidarité corporative. La fraternité plus large de tous les ouvriers ne devient concevable qu’à partir du moment où les corporations ouvrières se perçurent comme de libres associations de citoyens au travail productif et non comme un corps distinct, voué au perfectionnement d’un art particulier. ». Or, pour le cas de l’arsenal de Toulon, nous peinons à trouver cette solidarité corporative dans le sens où nous avons affaire à un monde déjà industriel. Les corporations toulonnaises semblent intégrer les maîtres des arsenaux, mais seulement eux. Ces instances sont trop étroites pour embrasser les mouvements de 1789 ; les ouvriers de l’arsenal ont participé à d’autres formes de sociabilité au premier rang desquelles le club des Jacobins et le Comité central des ouvriers, syndicat avant la lettre pourrait-on dire. Leur sociabilité sous l’Ancien Régime et la Révolution est toutefois moins difficile à trouver que celle sous l’Empire. D’une part, parce que les confréries ou les clubs ont des buts publiquement présentés ; d’autre part, parce que le caractère policier du système napoléonien a atomisé le mouvement ouvrier. Par exemple, en 1807, le Préfet maritime de Toulon déclare qu’il « est défendu à tous officiers civils et militaires, officiers de santé, sous-officiers, officiers-mariniers, matelots et soldats, maîtres, contre-maîtres et ouvriers de l’arsenal, novices et mousses et autres employés tenant au service de la marine, de se trouver dans les maisons ci-après désignées. (...) Tout employé de la marine, sans distinction de grade, qui sera trouvé dans ces maisons, sera arrêté et puni avec la dernier sévérité ». Mais à ce moment-là, sous l’Empire, apparaissent les sociétés de secours mutuels. Sewell écrit à leur propos qu’elles étaient des « versions postrévolutionnaires des confréries d’Ancien Régime » : elles se chargent des funérailles, portent le nom d’un saint patron qu’elles fêtent. Outre ces activités, la société organise parfois des sorties dominicales pour les ouvriers, leurs familles et leurs amis. Ainsi, sous leur forme publique apparente, malgré leurs petits effectifs apparents, les sociétés de secours mutuel comprennent, toujours d’après Sewell, l’ensemble des membres d’un même métier. Et quand bien même la société ne regrouperait qu’une minorité, elle fournirait le symbole d’une organisation œuvrant tant d’un point de vue moral que pratique pour tous les ouvriers. Nous tentons d’appréhender ce mouvement de société mais il est très difficile d’en saisir la composition et la vie intérieure (débats, discussions). Les archives départementales et municipales sont peu nombreuses sur ce thème et durant ces années.
Nous avons vu que l’identité maritime de ces ouvriers est indéniable mais elle se nourrit d’influences diverses qui lui donnent son originalité. Les ouvriers font bien partie du peuple mais là encore, il n’y a pas unanimité : la diversité des métiers et des statuts professionnels, la contingence des carrières et le milieu familial incitent l’historien à appréhender le monde ouvrier toulonnais comme un monde pluriel. Enfin, les ouvriers de l’arsenal de Toulon possèdent une conscience politique, souvent confuse car soumise au poids de la tradition, de la hiérarchie et surtout des événements. Ils forment bien la base de la classe ouvrière chère à Flora Tristan, mais une classe en gestation et qui ne bénéficie pas encore des apports théoriques et politiques du XIXe siècle.
Source : Auteur Julien Saint-Roman, professeur certifié du secondaire, actuellement ATER à l’Université de Provence, poursuit une thèse sur Les ouvriers de l’arsenal de Toulon (1760-1820) sous la direction de Mme Christine PEYRARD au sein du laboratoire TELEMME. Intégré au groupe de recherche « Lumières et Révolution française : processus de civilisation » ainsi qu’au séminaire d’histoire moderne, Julien Saint-Roman a participé à diverses manifestations d’histoire sociale et d’histoire de la Révolution française.
Référence électronique Julien Saint-Roman, « Les ouvriers de l’Arsenal de Toulon, 1760-1820 », Rives méditerranéennes [En ligne], Varia, mis en ligne le 15 octobre 2012, consulté le 13 octobre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rives/4460 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rives.4460