16 novembre 2023

MAE - Série les machines à écrire au musée, à l'occasion de la 14e Journée Mondiale du Faux-Timbre d'Artiste

A l'occasion de la 14e JMFTA dont le récipiendaire désigné cette année est le Musée de la Machine à Ecrire de Lausanne, j'ai voulu créer, en plus, une série de mail-arts adressée à nombre de mes correspondants, en hommage à cet objet qui m'est très familier.

Petit souvenir sonore, pour commencer : 

Le métier de sténo-dactylo en images et en musique ! sur l'air très connu de la machine à écrire de Leroy Anderson
Vidéo publiée sur Youtube par les archives de Radio Canada 

Pendant ma scolarité dans un lycée professionnel, j'ai d'abord dû faire l'apprentissage de la dactylographie sur une machine à écrire mécanique, gagner de la dextérité petit-à-petit, puis de la vitesse. Mais lorsque je suis entrée dans le  milieu professionnel je ne l'ai utilisée que brièvement car elle y fut vite remplacée par les machines à écrire électriques à boules, puis à mémoire et pour finir par ce que l'on appelait alors le micro-ordinateur. 

Mais j'ai conservé à mon domicile ma petite Olympia aussi longtemps que possible comme je l'indique dans le post qui lui est dédié. 

*** GENESE DE LA SERIE ***

Voici comment j'ai réfléchi à cette série sur le thème des machines à écrire désormais au musée ou bien encore chez de nombreux collectionneurs, les mécascriptophiles (voir remerciements ci-dessous)

Tout d'abord il me faut élaborer un faux timbre d'artiste, et pour moi évidemment, c'est un timbre textile qui s'impose. Voici en quelques photos, comment j'ai procédé :  je suis partie d'une d'une toile Aïda blanche et d'un modèle au point de croix, je l'ai brodé, et me suis servie de l'original de cette machine à écrire brodée pour mon envoi au Musée de Lausanne.


Puis avec le scan de la broderie, j'ai réduit l'image, l'ait enrichie sous Word, j'ai composé une planche de 40 timbres que j'ai édité sur tissu, puis j'ai effectué la dentelure, timbre par timbre, aux ciseaux.

Ensuite, dans des revues de brocante ou sur internet, comme précisé plus haut, j'ai recherché des photographies de machines à écrire mécaniques anciennes, depuis leur création jusqu'aux modèles les plus récents, avec l'autorisation de leurs auteurs et/ou la référence de la source m'ayant permis de me les procurer.

J'ai terminé mes compositions par une pastille "14e JMFTA" comportant une médaille délivrée aux sténo-dactylographes.

J'ai assemblé le tout sur un fond en papier washi, qui se rapprochait le plus des papiers pelures de couleur que l'on utilisait comme double pour l'archivage de toute la correspondance tapuscrite,  car,  hélas, je n'ai pas pu retrouver ce type de papier. 

Chaque mail-art est décoré avec une frise de rouleaux de rubans encreurs ou une liste de noms de fabricants de machines à écrire, en rouge et noir comme l'encre des rubans de l'époque. 

*** REMERCIEMENTS ***

Sans la passion des amoureux de ces merveilleuses machines cette série n'aurait pu naitre : qu'ils soient ici infiniment remerciés pour leurs publications et les renseignements nourris qu'ils détiennent sur ces "vieilles dames", notamment  : 

- le site canadien antiquetypewriters.com de Martin Howard  
-  le site anglais Portable typewriters de Richard Milton
le site australien The Wonderful world of Typewriters  de Robert Messenger
le site italien FM PressTypewriters  de collection de machines à écrire 
- le site espagnol d' Andréa Typewriters
- le site suisse de The Classic Typewriter Page de Richard Polt 
- les sites de vente en ligne E-bay, Catawiki et Etsy
- des photos publiées sur des revues de brocantes
- des extraits de la revue en couleur  ETCetera :  revue en couleur sur des sujets historiques liés à la machine à écrire, publiée tous les trimestres, avec des traductions en allemand et en espagnol.
- ainsi que des images de certaines pages du livre de Paul Robert ci-dessous, hélas maintenant inaccessible car totalement épuisé et indisponible en occasion.

Couverture avant
Paul-Robert  -  Musée virtuel de la machine à écrire , 2007 - Histoire - 126 pages
Une collection d'articles richement illustrés relatifs aux débuts de l'histoire de la machine à écrire (1870-1920). Avec des biographies de grands inventeurs américains comme James B. Hammond, Frank Lambert et Louis Cantelo.
Chapitres illustrés sur l'histoire du travail de bureau, liée à la mécanisation du XIXe siècle. Le livre offre de nombreuses heures de navigation agréable et une mine d'informations sur les premiers jours de la machine à écrire et l'essor des femmes au bureau. Certains articles ont déjà été publiés dans le Virtual Typewriter Journal (2004-2006). Réédité après retouche et avec plus de photos.
***   
Nostalgie d'un auteur et son histoire de la machine à écrire. 
MACHINES A ECRIRE, MACHINES A REVER ?

J'ai toujours aimé les machines à écrire. Tout jeune, je rêvais d'en posséder une. A l'époque, j'écrivais des petites histoires, des poèmes… et la machine à écrire me semblait être l'antichambre obligée de la publication, une "impression d'impression", en quelque sorte. J'ai fini par convaincre mes parents de m'en offrir une. Oh, modeste, mais déjà assez chère, une petite portable, la "Japy-Message".

Devant son clavier, je me prenais carrément pour Hemingway, ou ces reporters qu'on voyait alors dans les Bandes Dessinées américaines, chapeau rejeté en arrière, pipe à la bouche et qui tapaient leur article à toute vitesse sur le coin d'un bureau. Elle m'accompagnait partout, cette petite machine, et on a fait un bon bout de chemin ensemble. Sur son clavier, j'ai tapé des kilomètres de mots. Pendant quelques numéros, à l'occasion des grandes vacances, j'ai même lancé un journal familial "Le Scribouillard", à raison de 2 exemplaires par numéro (3 livraisons en tout !) :

Ah ! les plaisirs de la machine à écrire ! C'est vrai qu'au rang de ses avantages, on peut mettre son accessibilité et sa facilité de mise en œuvre : pas besoin de courant, toujours prête à servir. On glisse une feuille dans le rouleau et nous voilà à pied d'œuvre, c'est le cas de le dire. Par contre, les fautes de frappe doivent être traitées à la gomme. Les ajouts, déplacements de phrases ou de paragraphes nécessitent patience, colle et ciseaux. Et si l'on désire plusieurs exemplaires, le "papier carbone" est notre ami salissant. Dans ces temps reculés, au bureau, on tapait des factures, des courriers, des notes ou des rapports avec parfois 7 doubles. Le papier utilisé, dit "pelure", était très fin et souvent de différentes couleurs en fonction de la destination de l'exemplaire et de l'organisation du classement. Par exemple :

- l'original, la première feuille, en vrai papier, généralement à en-tête, était réservé au destinataire principal de la lettre, de la note…
- le second exemplaire (1ère pelure) au service rédacteur de la lettre
- le troisième à la comptabilité
- … et le 7ème exemplaire aux archives. Celui-là était si pâle et si brumeux qu'il en était pratiquement illisible.

Inutile de dire qu'avec cette procédure, la moindre erreur de frappe demandait un temps de correction considérable.

Un peu d'histoire...

1714 : premier brevet de machine à écrire déposé par l'anglais Henry Mill
1850 : invention d'une machine avec ruban encreur à Baltimore
1867 : Christopher Latham Sholes met au point l'ancêtre de la machine à écrire moderne. Ce prototype sera ensuite produit en série, à partir de 1873, par la firme Remington.
1872 : Mark Twain devient le premier écrivain à soumettre à son éditeur une œuvre exclusivement "tapée à la machine", le fameux "Tom Sawyer".
1914 : Invention de la première machine électrique.
1935 : Commercialisation de la plus petite machine à écrire portable, l'Hermès-Baby. Elle sera utilisée par de célèbres écrivains (Hemingway, Steinbeck, Ionesco). On la produit jusqu'en 1989.
1961 : Premières machines "à boule" par IBM. Cette nouvelle technique permet de changer rapidement de caractères en cours de frappe, par exemple pour écrire en gras ou en italique.
1986 : Canon met sur le marché la machine à écrire électronique avec écran. Grâce à sa mémoire de 3 lignes, elle permet les corrections et annonce l'ordinateur personnel.
2011 : Fermeture de la dernière usine au monde à fabriquer des machines à écrire (aux Indes). Cette fois, notre bonne vieille machine est définitivement supplantée par l'ordinateur et on ne la rencontre plus que sur les brocantes ou dans les musées.

Si les machines à mémoire ont simplifié le travail, l'ordinateur, lui, apporte une solution globale au problème, allant même jusqu'à la dématérialisation complète des opérations (envoi de courrier électronique). Ce qui, mais c'est une autre histoire, n'empêche pas l'impression sur papier à tous les bouts de la chaîne… et peut-être même davantage qu'avant !

Moi, je n'avais pas ces soucis. Je réalisais un exemplaire, deux au maximum, avec carbone, mais sur du papier ordinaire. J'avais beau faire mon malin et rêver de littérature, je n'écrivais pas directement à la machine, comme pouvaient le faire les véritables écrivains : je recopiais ce que j'avais écrit, dans un premier temps, à la main.

Pour ceux qui l'ignorent, le manuscrit tapé à la machine s'appelle un "tapuscrit". Car ça tape, non ? Ah, le bruit de la machine à écrire… C'est vrai que pour ceux qui travaillent la nuit, c'est un vrai problème. Je me suis toujours demandé comment les voisins de chambre, à l'hôtel où descendait Hemingway, pouvaient supporter le bruit de sa machine quand, revenant de la tournée des bars, il se mettait à écrire à 4 heures du matin !

Un peu de technique…
La disposition des caractères sur le clavier d'une machine à écrire a été déterminée afin de répartir les lettres les plus fréquemment employées entre les 2 mains et d'assurer une certaine fluidité dans la frappe. C'est donc une disposition qui tient à la fois à des raisons mécaniques et à la langue utilisée. Il en existe plusieurs, nommées par les premières lettres de la première rangée des touches.

On parlera ainsi de clavier "AZERTY" dans les pays francophones, ou de clavier "QWERTY" chez les anglophones. Mais il y a des claviers japonais, russes, arabes…

Il est à noter que l'on a conservé de nos jours cette disposition des lettres dans les claviers d'ordinateur alors que la contrainte mécanique qui la justifiait n'existe plus. Mais revenir à un clavier alphabétique, par exemple, aurait remis trop en cause les habitudes acquises et diminué la vitesse de frappe.

Tiges et caractères de frappe. L'ordre des lettres est différent de celui du clavier et étudié pour éviter les "emmêlements" de tiges : ainsi le "Z" jouxte le "W", par exemple, car il est rare de trouver des mots dans lesquels Z et W se suivent... sauf dans le nom de l'écrivain ZWEIG !

Ma petite Japy, arrivée au bout du rouleau (c'est le cas de le dire), a disparu je ne sais où. Un jour, dans une brocante, j'ai trouvé une Underwood (modèle 319), petite machine portable, tout en rondeur.

Je lui fais prendre l'air de temps en temps, histoire de retrouver la sensation de liberté et de spontanéité de l'écriture mécanique. Mais l'écriture est pâle, le rouleau un peu grippé et mes doigts ont perdu leur force de frappe, car il ne faut pas avoir peur de taper sur ces vieilles touches récalcitrantes, quitte à s'y coincer un doigt !

Faut dire que le clavier de l'ordinateur nous pousse à la paresse et la mollesse de ses touches nous fait perdre du muscle. Mais c'est tout de même bien pratique ! On peut changer l'ordre des mots (comme Monsieur Jourdain), des paragraphes, des pages, sans tout refaire ; modifier aisément le style et la taille des caractères ; imprimer dans une qualité proche de celle de l'imprimerie et en autant d'exemplaires (tous identiques et de qualité) que l'on veut ; Coriger facliment les fauets de frape… Alors, oui, vive l'ordinateur ! Mais cela n'empêche pas d'avoir une pensée émue pour son ancêtre mécanique.

Un peu de réclame…Quelques firmes célèbres se sont illustrées sur le marché des machines à écrire :
Remington, marque américaine (Etat de New York), la mère de toutes, également très connue pour ses fusils et ses revolvers (qui, eux, font "tac-tac-tac"). 
Japy, marque française, à Beaucourt, Territoire de Belfort. Il existe un Musée Japy. 
Olivetti, italien, devient leader mondial avant de se consacrer à l'informatique.
Underwood, américain, a la particularité d'avoir commencé par fabriquer des rubans encreurs pour la concurrence avant de se lancer dans la réalisation de ses propres machines (de 1895 à 1933). L'entreprise (et les modèles qu'elle commercialisait) seront repris par Olivetti en 1963.
-Triumph-Adler (allemand). Est d'abord racheté par Grundig puis revendu à un américain pour finir dans le giron d'Olivetti. C'est cette société qui lancera les premiers ordinateurs en couleur portables.
Olympia (allemand), va commercialiser le modèle "Mignon", une des plus petites machines à écrire du monde, utilisant la technique dite "à levier", sans clavier.
Hermès. Contrairement aux autres marques citées, celle-ci ne porte pas le nom de l'entreprise qui l'a créée. En effet, nous la devons à l'établissement suisse Paillard. L'Hermes-Baby est la plus célèbre des machines à écrire portatives, car utilisée par nombre d'écrivains, reporters, journalistes et politiques de ces années-là.
Typo (français) : c'était le nom de marque choisi pour ses machines à écrire par la Manufacture d'Armes et Cycles de Saint-Etienne (Manufrance). Ci-dessous, la page du catalogue de Manufrance de 1931.

Vous me direz : "Oui, c'est beau la nostalgie, mais à quoi peut bien encore servir, de nos jours, une vieille machine complètement dépassée ?" Mais à tout ce que les technologies nouvelles ont justement du mal à réaliser facilement ou pour tout ce qui ne justifie pas leur emploi. On citera :

- les étiquettes diverses et variées ("Confiture de Cerise")
- les petits mots doux ("La confiture est au frigo")
- les mémos ("Ne pas oublier la confiture de cerise")
- les listes de choses à faire ou à acheter ("Pots de confitures – Cerises")

Certes, rien de bien littéraire dans tout cela, mais pratique ! C'est dans ce genre d'utilisation que l'on comprend qu'une machine à écrire est comme un stylo : directement de la pensée au papier, sans préparation, sans mise en œuvre compliquée, immédiatement. En fait, un véritable travail artisanal, comme le menuisier avec le bois, le peintre avec la couleur, le jardinier avec la terre.

Un peu de spectacle …Où la machine à écrire fait sa star. 
Elle est en effet l'accessoire vedette des polars et films noirs, qu'elle soit aux mains d'un inspecteur de police, d'un journaliste d'investigation, d'un escroc, d'un romancier raté. Et toujours la séquence frisson, quand l'enquêteur, après un examen scientifique des caractères, retrouve la machine sur laquelle la lettre de rançon a été tapée. Exploit improbable avec les ordinateurs et imprimantes, trop parfaits et sans personnalité, que nous connaissons maintenant.

Quelques petites citations :
"Misery" : dans le film tiré du roman de Stephen King, la machine à écrire utilisée par l'écrivain prisonnier est une Royale 10. D'occasion. Car elle perd ses lettres une par une, obligeant le héros à de fastidieuses corrections au crayon. Sur la fin, elle servira d'arme lourde, cette machine étant tout sauf portative (et mortelle à l'occasion).
"The Typewriter" : le compositeur Leroy-Anderson a écrit une célèbre musique pour machine à écrire et orchestre. Jerry Lewis en a immortalisé une version filmée. En concert, c'est une véritable machine à écrire qui est utilisée.

La dactylographie étant l'art de taper à la machine, il a existé des concours de dactylographie, alliant vitesse et précision, le but de la performance étant de taper dans un minimum de temps le maximum de mots avec le moins de fautes possible. Un film ("Populaire" en 2012) retrace les coulisses d'un tel exploit. Ce type de performance existe encore de nos jours mais s'effectue sur clavier d'ordinateur et a changé son appellation en "concours de production de texte". Actuellement, le champion du monde est un italien, avec un score de 969 caractères à la minute et zéro faute !

Après avoir soustrait la feuille à l'étreinte de la machine, retournez-la et passez votre doigt au verso. Vous sentez ? Les mots y sont inscrits, en relief, comme sculptés dans le papier. Et ça, vous ne l'obtiendrez jamais avec les outils aseptisés, silencieux et propres de nos nouvelles technologies.

Alors de ce pas, je vais retranscrire tout cela sur ma vieille bécane :"Tap – tap – tap – tap…"

Source : Texte de Guy Robert - Wikipédia pour l'historique et les référence des anciens modèles de machine à écrire – Copyright Linutil septembre 2020.

2 commentaires:

Miss_Yves a dit…

Quel travail !!!Le timbre est une vraie merveille.

Plus que jamais, tu t'es déchaînée dans tes recherches et tes envois!
Espérons qu'ils seront bien distribués.

MissYves

Dentellebleue a dit…

Oui, cela représente au bas mot un bon mois et demi de "travail", mais surtout de plaisir, dans le partage.
J'espère que ces MA seront distribués, car je ne voudrai pas revivre l'expérience malheureuse de la 12e édition. Pour multiplier mes chances, j'ai distribué mes 45 MA dans les boites des Postes Principales des 6 communes avoisinantes de la mienne, car jamais je ne sollicite le personnel de la Poste en direct, lors de cette occasion pour ne pas les mettre en porte-à-faux.
Croisons les doigts, espérons que la semaine prochaine sera prolifique en distribution de courriers avec Faux-Timbre d'Artiste pour tous les participants.